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En
grève depuis maintenant cinq mois, les médecins résidents ont annoncé lundi, à
la fin d'une réunion avec le ministre de la Santé Mokhtar Hasbellaoui,
qu'ils vont durcir leur mouvement de grève, après l'échec de cette troisième
rencontre en moins de deux semaines.
Les deux parties, le ministre et le Collectif autonome des médecins résidents algériens (Camra), se sont en effet séparées sans parvenir à un accord global pour la résolution définitive de cette crise. Le principal point d'achoppement de ces discussions porte sur le service civil que le Camra veut réaménager sans toucher à son caractère obligatoire. A l'issue de la réunion de lundi, les représentants du Camra ont rejeté les propositions du ministère sur la modulation du service civil. Celui-ci avait proposé trois à quatre ans pour les régions du Nord et 1 à 2 ans pour les Hauts-Plateaux et le Sud, avec un montant pour la prime d'incitation allant de 20.000 DA à 60.000 DA en fonction des régions. Le ministère avait accédé à plusieurs revendications, lors de la réunion de la semaine dernière. Le Camra a cependant réitéré son attachement à la poursuite de la grève et insiste sur «la réduction de la durée du service civil à une année ou deux ans pour l'ensemble des régions». En outre, selon l'inspecteur général au ministère et membre du comité de dialogue, Omar Beredjouane, le service civil à une ou deux années «a été élargi à 80% des régions contre 40% seulement auparavant». «Une généralisation à l'ensemble des régions du pays écartera le service civil de son objectif fondamental, à savoir la répartition équitable des compétences et la garantie d'une couverture sanitaire globale à tous les citoyens à travers l'ensemble du territoire national», a-t-il estimé. Il a également indiqué, concernant la prime d'incitation proposée par le ministère, que les délégués du Camra l'ont jugée «insignifiante», qualifiant cette revendication de «rédhibitoire». Le Camra a estimé que ces propositions ne correspondent pas à ses revendications, selon un de ses membres, le Dr Boutaleb, dans des déclarations à la presse. La réunion avec le ministre n'a apporté «rien de nouveau», a-t-il indiqué, ajoutant que «même le procès-verbal de réunion n'a pas été rédigé, tellement la réunion était semblable à la précédente pendant laquelle nous avons remis nos contre-propositions au ministre». Lundi dernier, en effet, le Camra avait présenté au ministre ses contre-propositions après la réunion du dimanche 1er avril, au cours de laquelle le ministre avait soumis aux délégués des médecins résidents ses «propositions». Dont celle portant sur la réduction de la période du service civil par rapport à celle passée pour l'accomplissement du service national, alors que le Camra appelle à ce que les médecins résidents, âgés de 30 ans et plus, bénéficient des mêmes dispositions que les autres citoyens en matière de dispense du service national. Il y a aussi l'aide au logement et une prime d'installation pour les médecins affectés dans les Hauts-Plateaux ou dans le sud du pays, le regroupement familial pour les couples de médecins étant également assuré, selon le procès-verbal de la réunion. L'existence d'un «plateau technique» sera, comme le logement, une condition préalable à l'affectation du médecin spécialiste dans un hôpital du sud du pays. En outre, les affectations des spécialistes se feront en fonction du plateau technique propre à chaque spécialité. Le ministre a également accepté la revendication du Camra relative à un statut pour les médecins résidents. Mais, après trois réunions en moins de 15 jours, c'est toujours l'impasse et le Camra a même annoncé, lundi en fin de journée, un durcissement du mouvement. «Nous allons durcir la grève, nous ne savons pas encore comment, parce que nous n'avons pas encore consulté les résidents», explique le Dr Boutaleb. Des réunions devraient se tenir dans les prochaines 48 heures au niveau des centres hospitalo-universitaires du pays pour décider des suites à donner aux nouvelles propositions du ministère, qui n'ont pas «satisfait» le Collectif. Samedi dernier lors d'une conférence de presse, le Premier ministre, Ahmed Ouyahia, avait indiqué que «le gouvernement n'acceptera jamais une désertification médicale en Algérie», stigmatisant ainsi la principale revendication des médecins résidents. Le Premier ministre avait également souligné, concernant la revendication du Camra relative au service national, qu'«il (le service national) est un devoir national». Dans une mise au point aux propos du Premier ministre, le Camra a notamment indiqué sur son site que «la désertification médicale du sud du pays est le résultat de la politique sanitaire suivie jusque-là», et que «si les conditions de travail étaient réunies dans le sud du pays, les médecins résidents ne refuseront pas d'aller y accomplir leur service civil». Bref, le bras de fer se durcit et une solution à la crise n'est pas pour demain. La grève des examens du DEMS se poursuit toujours. |
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