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Venant à contre-courant des déclarations
faites dernièrement par des responsables d'officines pharmaceutiques qui
avaient imputé aux services du ministère de la Santé la rareté de certains
médicaments indispensables au traitement des maladies chroniques, de nombreux
pharmaciens constantinois que nous avons rencontrés jeudi dernier, ont plutôt
pointé du doigt les grossistes qui activent dans le secteur de la distribution
du médicament.
Nos interlocuteurs ont clairement fait porter le chapeau aux gros distributeurs en les accusant de faire de la rétention de médicaments pour faire de la vente concomitante et écouler leurs stocks de médicaments invendus. « Les crises cycliques qui se produisent dans ce secteur ne sont pas entièrement imputables aux lourdeurs bureaucratiques des services de la tutelle, ont affirmé nos interlocuteurs, mais elles sont surtout le fait de grossistes qui sont assoiffés de gain et pour qui la santé du consommateur n'est pas leur préoccupation ». « Autant que les malades, nous avons constaté que les pharmaciens d'officine sont fatigués et assez mécontents de la persistance de la tension qui règne sur certains médicaments indispensables au traitement des maladies chroniques », relève-t-on dans ce sillage. Et pour M. Bouherid Abdelkrim, pharmacien et porte-parole du bureau de wilaya du syndicat national des pharmaciens d'officine (SNAPO), le phénomène s'explique par les pratiques commerciales des grossistes. « Manifestement, explique-t-il, ces derniers ont plutôt le souci d'écouler leurs stocks de médicaments à faible rotation. Aussi, lorsqu'il y a une rupture d'approvisionnements en médicaments à forte rotation, à l'exemple de ceux utilisés par les malades chroniques, les grossistes n'hésitent pas à mettre à profit la situation de pénurie pour procéder à la rétention de ces médicaments sous tension pour faire de la vente concomitante et écouler leurs stocks de médicaments invendus ou à faible rotation. Le phénomène a tendance à se généraliser et se poser en règle incontournable pour les pharmaciens », a souligné le représentant du SNAPO. Ainsi, a-t-il poursuivi, « pour se procureur une petite quantité de ces médicaments indispensables qui sont en rupture, le pharmacien est obligé de passer une commande de plusieurs millions pour les autres médicaments dont il n'a vraiment pas besoin, sur le moment du moins ». La valeur des commandes exigées par les grossistes vont de 15 millions jusqu'à 80 millions de centimes, estime notre interlocuteur. Et plus la commande est grande et plus grande sera la quantité de médicaments en rupture qu'on peut obtenir. Exemple, pour 15 millions, vous aurez une dizaine de boites de médicaments en rupture, pour une commande de 80 millions vous pourrez avoir une cinquantaine de boites de ce médicament. « Donc, on comprend bien, a ajouté M. Bouherid, que la rupture est sciemment provoquée, que les médicaments sont disponibles en réalité et qu'il y a donc une rétention au niveau des fournisseurs ». Le représentant du SNAPO a déclaré dans la foulée que la corporation des pharmaciens d'officine réunie dans un forum d'échanges établi au niveau des réseaux sociaux (Facebook), écœurée par ces pratiques, a protesté et a décidé, dans un premier temps, de boycotter les fournisseurs en procédant à la diminution du rythme des commandes. Et cela va fatalement retomber sur les malades. « Nous ne pouvons pas déposer plainte parce que les transactions se font d'un commun accord ou ne se font pas », argue notre vis-à-vis, ajoutant que « nous avons décidé d'agir sur deux niveaux : faire un rapport dans ce sens afin d'attirer l'attention des autorités au niveau local et saisir la direction nationale du SNAPO en lui demandant de saisir à son niveau la tutelle et d'agir pour faire cesser ce genre de pratiques qui mettent en péril la santé des malades ». |
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