De
nouvelles manifestations sont attendues hier samedi à la frontière entre la
bande de Ghaza et Israël au lendemain d'une journée
parmi les plus meurtrières, lors de laquelle 16 Palestiniens ont été tués par
des tirs de soldats israéliens. Les manifestants ont commencé à retourner près de
la frontière avec Israël pour reprendre ce mouvement de protestation, qui doit
durer six semaines pour exiger le «droit au retour» des réfugiés palestiniens
et dénoncer le strict blocus de Ghaza. Des milliers
de personnes ont participé aux funérailles des manifestants tués, certains
portant des drapeaux palestiniens et scandant des slogans de «vengeance». Une
grève générale est également en cours dans la bande de Ghaza
et en Cisjordanie occupée. Vendredi, l'armée israélienne a ouvert le feu sur
des Palestiniens qui s'étaient approchés à quelques centaines de mètres d'une
barrière ultra-sécurisée séparant Israël de la bande de Ghaza,
régulièrement le théâtre de heurts sanglants. L'armée a affirmé avoir ouvert le
feu par nécessité contre les manifestants qui lançaient des pierres et des
cocktails Molotov contre les soldats. Selon elle, certains ont également tenté
d'endommager la clôture et d'infiltrer Israël, et essayé d'attaquer des soldats
le long de la frontière, sans faire de blessé. Mais les Palestiniens accusent
Israël d'usage disproportionné de la force et des organisations de défense des
droits de l'Homme s'interrogent sur l'utilisation de tirs à balles réelles. Le
secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, a
demandé une «enquête indépendante et transparente» sur ces affrontements. Selon
le ministère de la Santé dans la bande de Ghaza, 16
Palestiniens ont été tués et plus de 1.400 blessés dans les violences. Aucun
blessé n'a été signalé côté israélien. Le président palestinien Mahmoud Abbas a
décrété samedi jour de deuil national et tenu Israël pour seul responsable de
ces morts. «Le grand nombre de martyrs et de personnes blessées dans ces
manifestations populaires pacifiques prouve que la communauté internationale
doit intervenir pour assurer la protection de notre peuple palestinien», a-t-il déclaré dans un discours.
Un
porte-parole de l'armée israélienne a estimé à 30.000 le nombre de manifestants
vendredi. Les Etats-Unis, dont le président Donald Trump
a régulièrement critiqué les Palestiniens, se sont dits «profondément
attristés» par ces affrontements, appelant à «des mesures pour faire diminuer
les tensions». Des organisations de défense des droits de l'Homme se sont pour
leur part interrogées sur les actions israéliennes. «Les allégations israéliennes
de violences par certains manifestants ne changent rien au fait que
l'utilisation de la force meurtrière est interdite par le droit international,
sauf pour faire face à une menace imminente», a affirmé l'ONG Human Rights Watch, jugeant le
nombre de morts et de blessés «choquant». La «grande marche du retour» a été
lancée à l'occasion de la «Journée de la Terre», qui marque chaque 30 mars la
mort en 1976 de six Arabes israéliens lors de manifestations contre la
confiscation de terrains par Israël. Les Arabes israéliens sont les descendants
de Palestiniens restés sur place à la création de l'Etat d'Israël en 1948.
L'armée a indiqué avoir déployé d'importants renforts à la frontière pour
empêcher des infiltrations notamment durant la célébration de Pessah, la Pâque
juive, à partir de vendredi soir. L'une des préoccupations israéliennes face au
mouvement de protestation est une tentative, spontanée ou non, de forcer la
barrière frontalière, peut-être à l'occasion d'une marche massive avec des femmes
et des enfants.