Faisant l'objet de tirs croisés, depuis quelques mois, à propos de la prise
en charge du dossier de la migration clandestine, l'Algérie a toujours tenté de
se disculper des accusations provenant d'ONG et d'organismes onusiens, en
insistant sur les mots et les chiffres, remis à leur juste place, mais au bout
de ces efforts qui semblent ne pas convaincre trop de monde, les autorités
algériennes font ressortir un argument massue, en l'occurrence le «droit
souverain de l'Etat», visant la préservation de la sécurité des citoyens et du
pays. La législation nationale «garantit la
protection aux étrangers qui entrent de manière régulière en Algérie et un
traitement spécial aux catégories vulnérables de migrants clandestins lors des
opérations de rapatriement vers leurs pays d'origine (mineurs, femmes
enceintes...)», a expliqué le ministre de l'Intérieur, des Collectivités
locales et de l'Aménagement du territoire, Noureddine Bedoui,
jeudi dernier, devant le Conseil de la nation. Ajoutant que la loi «interdit
tout déplacement ou séjour d'étranger sur le territoire national de manière
illégale». «Il s'agit là d'un droit souverain de l'Etat», a-t-il
soutenu. M. Bedoui a indiqué que «sur instruction du
président de la République, Abdelaziz Bouteflika, les pouvoirs publics veillent
à traiter les différents aspects inhérents à ce dossier, notamment la sécurité
des citoyens et du pays», estimant qu»'il s'agit là
d'un droit souverain, légitime et non négociable». «Les différentes
institutions de l'Etat réservent un traitement humain aux migrants clandestins,
lors de leur prise en charge», a-t-il rappelé.
»L'Algérie croit profondément que plusieurs migrants clandestins étaient
contraints de venir dans notre pays en quête de sécurité», a-t-il
affirmé, précisant que «des groupes et des réseaux criminels organisés, dont
plusieurs ont été démantelés, exploitent leur situation vulnérable et activent
dans la clandestinité en vue de faciliter l'arrivée d'autres migrants pour les
exploiter». Tout en révélant que «quelque 500 tentatives d'entrée illégale sur
le territoire national sont enregistrées quotidiennement aux frontières sud du
pays». Un chiffre qui donne franchement le tournis. M. Bedoui
a indiqué que l'Algérie était consciente de ces dangers, saluant dans ce sens
«les efforts consentis par l'Etat pour endiguer ce phénomène». «Il s'agit d'un
droit légitime, celui de préserver sa sécurité», a-t-il
soutenu.
Pour
mémoire, M. Bedoui a déclaré, ces derniers jours, que
l'Algérie a rapatrié durant les trois dernières années 27.000 migrants
clandestins vers leurs pays d'origine. Sans manquer de rappeler que l'approche
de l'Algérie en matière de traitement du dossier de la migration clandestine
reposait sur le «respect rigoureux» des droits de l'homme, conformément aux
traités internationaux et à la législation nationale. Dans le cadre des mesures
initiées pour la prise en charge du dossier de la migration clandestine, M. Bedoui a avoué que «l'opération de recensement des migrants
clandestins est très complexe, car n'étant pas soumise à une déclaration des
concernés (migrants clandestins), mais plutôt aux enquêtes menées par les
services concernés». «Les pouvoirs publics, en collaboration avec les corps de
sécurité combinés, notamment les forces de l'Armée nationale populaire (ANP),
stationnaires sur les frontières, font face à ce phénomène, ce qui a permis de
réduire le flux de migrants clandestins en Algérie, en tant que mesure
préventive, a-t-il dit. M. Bedoui a réaffirmé que l'approche de l'Algérie en matière
de traitement du phénomène de la migration clandestine reposait sur le «respect
rigoureux des droits de l'homme, conformément aux traités internationaux ratifiés
par l'Algérie et à la législation nationale, en l'occurrence la loi N°08-11,
relative aux conditions d'entrée, de résidence et de déplacement des étrangers
en Algérie», ajoutant que cette loi «constitue le cadre général de la question
de déplacement et de résidence des étrangers en Algérie, aussi bien ceux qui se
trouvent dans le pays de manière régulière que ceux qui s'y sont introduits
illégalement». Il a affirmé, d'autre part, que le phénomène de la
migration clandestine «exige la conjugaison des efforts internationaux pour
traiter cette question», d'autant que «les rapports internationaux, notamment
celui de l'ONU, font état d'une crise alimentaire au Sahel, ce qui aggravera
davantage la situation, d'où l'importance de remédier en urgence à cette situation,
à travers la conjugaison des efforts internationaux et la mobilisation des
ressources pour aider les zones affectées». Cette dernière précision à
l'endroit de l'ONU devrait pousser le Comité onusien des travailleurs migrants
à mettre en sourdine son questionnaire transmis, en 2017, à l'Algérie, lui
demandant des clarifications sur sa politique migratoire et le cadre législatif
en relation avec la prise en charge et la protection des travailleurs migrants
et leurs familles. Notons que l'Algérie est tenue de répondre à ces questions
au courant de l'année 2018, selon la note accompagnant le document portant sur
ces questions. D'ailleurs, toutes ces dernières sorties du ministre de
l'Intérieur constituent autant de réponses qui clarifient la position de l'Algérie
face au phénomène de la migration clandestine.