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Nouvelle
tension sur le lait en sachet, avec une pénurie inexpliquée, qui touche, depuis
plusieurs semaines, toutes les régions du pays.
En dépit des tours de vis et les dispositions draconiennes prises par l'Office national interprofessionnel du lait (ONIL), les ministères du Commerce et de l'Agriculture, la filière n'est toujours pas contrôlée, avec d'importantes quantités de poudre de lait, qui sont détournées par certaines des 119 laiteries, à d'autres usages, dont la fabrication de yaourts et autres fromages. Résultat : la production du lait en sachet, subventionné par l'Etat, ne répond plus aux besoins de la demande, alors que la filière de la distribution est, également, pointée du doigt. Pour mettre de l'ordre dans la filière, le ministère de l'Agriculture a décidé, en collaboration avec les professionnels et le ministère du Commerce et de l'ONIL, l'introduction d'une « nouvelle clause » dans la convention liant l'Office aux propriétaires des laiteries. Cette clause leur fait obligation de présenter un document détaillant les quantités produites et distribuées sur lequel figureront les cachés apposés par les distributeurs, dans le but de définir le circuit réel du lait subventionné. Le directeur général adjoint de l'ONIL, Khaled Soualmia, a expliqué que la convention liant l'Office aux laiteries avait fait l'objet d'une actualisation par l'introduction d'une « nouvelle clause » obligeant les transformateurs à présenter, chaque fin de mois, un document détaillé sur les quantités produites et les quotas des distributeurs, un document, a-t-il précisé, sur lequel seront apposés les cachets des commerçants en détail du lait pasteurisé. Dès lors, les laiteries qui ne respecteront pas les dispositions de la convention, signée avec l'office, seront exclues, définitivement, du programme d'approvisionnement en poudre de lait. Cette démarche, selon lui, a pour objectif «la traçabilité de la poudre de lait, à partir de l'étape d'approvisionnement jusqu'à l'arrivée du produit fini aux commerçants en détail». De leur côté, les transformateurs doivent faire remplir par les distributeurs un formulaire sur lequel seront apposés les cachets des commerçants, en détail du lait pasteurisé et qui sera joint au document remis par l'Office aux propriétaires des laiteries pour définir la destination du produit, a-t-il expliqué. «Pour la traçabilité de l'activité des transformateurs, il a été convenu de la mise en place de commissions mixtes comprenant des agents de l'ONIL et des ministères de l'Agriculture et du Commerce pour s'assurer de la véracité des informations fournies par les propriétaires des laiteries», a ajouté le même responsable. Cette procédure s'inscrit dans le cadre de l'application du décret exécutif, publié en décembre dernier, dans le Journal Officiel, qui réserve la distribution du lait subventionné, exclusivement, aux ménages. Le décret exécutif 17-362, du 25 décembre 2017, signé par le Premier ministre Ahmed Ouyahia et publié, le même jour au JO, a réservé «strictement aux ménages» le lait subventionné, vendu à 25 DA/litre. La clause spécifiant cette nouvelle obligation, introduite dans les conventions laiteries-ONIL, devrait permettre une meilleure traçabilité de la poudre de lait distribuée aux laiteries. Pour le DG-adjoint de l'ONIL, «cette action des pouvoirs publics vise à contenir les perturbations enregistrées, depuis plusieurs mois, sur le marché du lait en sachet subventionné», estimant en outre qu'il est «inconcevable que le marché demeure sujet à ces perturbations, au moment où l'ONIL double les quantités de poudre destinées aux transformateurs». Selon lui, «le volume des approvisionnements des laiteries en poudre de lait a augmenté de près de 30%, de 2009 à fin 2017, pour arriver début 2018 à 175.000 tonnes». «Ce volume est suffisant pour satisfaire, largement, la demande des transformateurs pour peu que la poudre de lait ne soit pas détournée à d'autres fins», a-t-il dit. L'Office est conventionné avec 118 laiteries réparties sur l'ensemble du territoire national, dont 15 complexes publics, et dispose d'un stock stratégique de poudre de lait de 3 mois. Pour autant, un autre « son de cloche » est avancé par la Fédération des distributeurs de lait, selon laquelle la réduction du quota de poudre de lait des transformateurs est à l'origine des perturbations sur le marché. Le président de cette Fédération, M. Farid Oulmi, a imputé la responsabilité de la perturbation du marché du lait en sachet à la réduction, au cours des derniers mois, des quotas de poudre attribués aux transformateurs par l'ONIL. « Le taux de couverture des besoins en lait pasteurisé des wilayas du Centre (Alger, Blida et Tipaza) a reculé de 80%, en 2015, à 30 et 40% début de 2018, d'où les perturbations enregistrées dans la distribution », a-t-il précisé. La demande globale de ces trois wilayas est estimée entre 500.000 et 550.000 litres/jour, alors que la production actuelle est de 400.000 litres/jour seulement. Mieux, la laiterie de Birkhadem (Alger), relevant du groupe public ?Giplait', qui produisait 600.000 litres/jour en 2016, soit un excédent de plus de 50.000 litres/jour, par rapport à la demande, accuse aujourd'hui un déficit de plus de 150.000 litres/jour. Le groupe public ?Giplait', qui compte 16 filiales au niveau national, produit entre 50 et 60% des besoins nationaux en lait pasteurisé conditionné en sachets dont le prix est administré à 25 DA/litre. Quant au montant de la facture des importations de poudre de lait, elle est en moyenne annuelle d'un milliard de dollars. Le ministre du Commerce, Mohamed Benmeradi, qui a reconnu, récemment, l'existence d'un problème en matière de distribution du lait pasteurisé, en dépit des approvisionnements réguliers par l'ONIL, a imputé la crise actuelle, sur le marché du lait, au détournement, par certaines laiteries, de la poudre de lait pour la production de produits laitiers dérivés, annonçant la fermeture de trois laiteries pour non respect du cahier des charges. Selon le ministre de l'Agriculture Abdelkader Bouazghi, d'autres laiteries pourraient être sanctionnées si elles ne respectaient pas le cahier des charges, alors que des comités permanents, installés par les ministères de l'Agriculture et du Commerce, assurent le suivi et le contrôle de la production des laiteries. Une étude, publiée en 2017, par l'Association des producteurs algériens de boissons (APEB) avait révélé que la moyenne de consommation par personne en lait pasteurisé en sachets est de 66,1 litres/an. |
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