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L'Algérie
semble décidée à opérer un rééquilibrage dans ses relations avec les pays du
Golfe, principalement l'Arabie saoudite et avec l'Iran.
«C'est la réaction la plus forte que l'Arabie saoudite a enregistré» a lâché un responsable saoudien à Djeddah dès que l'Algérie a rendu public un communiqué par lequel elle a condamné fermement les tirs des 7 missiles balistiques à partir du Yémen par les Houthis sur la capitale du royaume wahhabite dans la nuit du dimanche à lundi. Par un communiqué signé par son ministère des Affaires étrangères, Alger a en effet affirmé qu'elle dénonçait et condamnait fortement ces tirs. Elle a exprimé sa forte inquiétude vis-à-vis de tels actes « qui poussent à accentuer la crise et les tensions dans la région ». L'Algérie a renouvelé par la même occasion son soutien aux efforts déployés par les Nations unies pour le règlement de la crise yéménite. Cependant, elle ne se détache pas de ses principes diplomatiques cardinaux et a appelé au dialogue et à la réconciliation entre les antagonistes yéménites. Son appel est encore une fois en faveur d'une solution politique globale de la crise yéménite. Si les responsables saoudiens que nous avons rencontrés lundi à Djeddah, ont tout de suite relevé que l'Algérie a fait usage « d'un ton ferme et tranchant » au sujet des attaques balistiques houthis sur Riyad, c'est certainement parce qu'ils ont comparé entre son dernier communiqué et celui qu'elle a rendu public, il y a quelque temps, après l'exécution par les autorités saoudiennes du cheikh chiite El Nimr et de ses compagnons et la crise diplomatique que cet acte a provoqué entre Riyad et Téhéran. A cette époque, Alger avait montré qu'elle condamnait et Riyad pour être passé à l'exécution d'hommes de culte chiite et Téhéran pour ingérence dans les affaires internes des Etats. Elle avait donc choisi de mettre les deux pays dos à dos face à leurs responsabilités. Aujourd'hui, les choses semblent prendre de nouvelles tournures au sujet des crises qui minent le monde arabe en premier celle du Yémen et de la Syrie. Réputée pour ses positions de «juste mesure» et pour sa politique d'«équidistance» quand il s'agit de conflits entre les Etats, l'Algérie refuse de fait que les Houthis aidés à accaparer le Yémen qui jouxte des pays dont les velléités d'hégémonisme sont bien réelles mais surtout dangereuses pour la sécurité et la stabilité de la région et par conséquent sur l'ensemble du monde arabe et musulman. Premier recoupement possible à faire est qu'Alger a bien permis au ministre saoudien de l'Intérieur de pointer du doigt l'Iran et de l'accuser d'entretenir et de financer le terrorisme et ce à partir d'une tribune bien à elle, celle de la 35ème session du Conseil des ministres arabes de l'Intérieur qui s'est tenue au début du mois de mars au CIC de Club des Pins d'Alger. Le séjour de deux jours du ministre saoudien à Alger juste avant la tenue de la réunion a dû répondre à des impératifs de rééquilibrage (de rapprochement) des positions et des intérêts respectifs algériens et saoudiens face à un bouleversement extrême du monde arabe. La nouveauté -parce qu'il y en a bien une - est que l'Algérie se met ainsi clairement du côté de la victime des tirs qu'est l'Arabie saoudite tout en lui affirmant son soutien total pour tout ce qu'elle décidera d'entreprendre en vue de préserver sa sécurité et sa stabilité. L'Iran continue d'être interpellé par Alger - la manière reste implicite - pour lui reprocher de s'ingérer dans les affaires internes des Etats. Les autorités algériennes savent que les preuves de l'ingérence iraniennes sont flagrantes. L'appel incessant de l'Algérie au dialogue et à la réconciliation entre les antagonistes yéménites est cependant pour signifier aux monarchies du Golfe qui ont constitué l'alliance militaire arabe pour régler la crise yéménite, qu'ils se sont précipités d'avoir opté pour l'option militaire alors que ce sont des Yéménites entre eux qui s'affrontent et qu'il faille par conséquent résoudre par eux-mêmes leurs différends. Ceci étant, l'Algérie ne peut se départir de l'Iran d'une manière aussi tranchante et aussi ferme que le ton qu'elle a employé pour condamner les Houthis. D'ailleurs, elle se garde toujours de ne pas les nommer puisqu'elle considère que c'est une milice qui doit être amenée à se mettre autour de la table du dialogue avec les autorités yéménites pour peu que les monarchies du Golfe mesurent, voire révisent leur stratégie d'intervention militaire sur les terres du Yémen. Dirigée par des responsables saoudiens et activant sur la base d'une stratégie entièrement saoudienne, l'alliance militaire pourrait être appelée à revoir «ses positions» à propos du Yémen. L'Arabie saoudite justifie cette prise en main de la crise par «la faiblesse des capacités yéménites à tous les niveaux.» L'Algérie l'appelle «ingérence dans les affaires internes des Etats». |
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