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Chaque année: 10 milliards de dollars pour l'éducation et la formation

par Z. Mehdaoui

L'Algérie, à l'instar des pays d'Afrique du Nord et du Moyen Orient, est devant un défi majeur. Ce défi consiste dans la transformation de son économie en utilisant les nouvelles technologies pour en faire des moteurs de croissance. Comment en effet, l'Algérie et la région MENA peuvent-elles parvenir à exploiter des potentialités humaines, jeunes et de plus en plus formées, pour créer des entreprises et des emplois ?

C'est la question à laquelle ont tenté de répondre hier de nombreux spécialistes, à l'occasion d'une rencontre organisée au Centre international des conférences (CIC) d'Alger, autour de la thématique: «La nouvelle économie pour les pays d'Afrique du Nord et du Moyen Orient, jeunesse, technologie et finance ».

La conférence, qui s'étale sur deux jours, sous le haut patronage du président de la République, se penchera également sur la disponibilité des infrastructures techniques nécessaires à l'émergence de l'économie numérique, tels que l'accès à l'internet haut débit et le e-paiement.

La conférence est organisée par le ministère des Finances en collaboration avec la BM et le FMA (Fonds monétaire arabe) dans le but de mettre en évidence les éléments fondamentaux d'une nouvelle économie, ainsi que le rôle des systèmes éducatifs dans le changement de l'état d'esprit des jeunes générations vis-à-vis de l'innovation dans la région MENA.

Cet évènement revêt une telle importance pour les autorités que c'est le Premier ministre Ahmed Ouyahia qui a pris part à l'ouverture des travaux en soulignant lors de son allocution que le gouvernement algérien étudiera avec un grand intérêt les résolutions issues de la conférence.

Ouyahia a affirmé en effet que la prise en charge de la jeunesse constituait un «défi contemporain majeur » mais aussi un « investissement précieux» pour l'Algérie de demain.

«Nos défis en Algérie restent importants, notamment pour répondre aux besoins d'une population qui totalise 40 millions d'Algériens, dont 60% sont des jeunes », a déclaré le Premier ministre qui a mis en exergue les efforts et les montants astronomiques consacrés par les autorités publiques dans l'éducation et la formation de tous ces jeunes.

Il précisera à ce sujet que l'Etat algérien débourse un peu plus de 10 milliards de dollars chaque année, pour l'éducation et la formation de 11 millions de personnes.

Comment justement tirer profit de l'économie numérique ?

Pour le Premier ministre, l'Algérie s'est déjà engagée sur cette voie en vulgarisant l'enseignement de l'informatique à l'école mais aussi en développant un réseau de fibre optique qui dépasse les 120 000 km. «Les mutations vers la société de l'information ont également été engagées dans le domaine bancaire, commercial, et d'une manière générale, dans tout ce qui concerne l'environnement des affaires », dira M. Ouyahia qui avoue toutefois que pour ce qui est du domaine économique et financier, « nous avons encore beaucoup de progrès à accomplir pour se mettre à niveau et moderniser ainsi notre environnement des affaires ».

Dans un message enregistré et diffusé lors de la conférence, le président de la Banque mondiale, Jim Yong Kim, a déclaré pour sa part que la région Mena doit créer durant les 10 prochaines années 10 millions d'emplois dont 700 000 en Algérie. Qualifiant la rencontre d'Alger de « très importante », le responsable de la Banque mondiale dira que le développement de l'entreprenariat digital représente une grande opportunité pour créer tous ces emplois, à condition, dit-il, de mettre fin au « clientélisme » dans les pays de la région Mena. Même s'il ne le dit pas clairement, Jim Yong Kim critiquera à demi-mots la gouvernance de certains pays arabes qui, en dépit de tous les moyens à leur disposition n'arrivent pas à mettre sur pied des économies diversifiées.

S'exprimant à son tour, Hafez Ghanem, le vice-président de la Banque mondiale pour la région Mena, a affirmé pour sa part que les « modèles étatiques» utilisés jusqu'ici par les pays arabes notamment sont dépassés.

La mise en place d'un nouveau modèle de croissance est impérative, explique Hafez Ghanem, qui regrette le fait que dans les pays arabes ce sont les universitaires qui souffrent le plus du chômage.

Pour y remédier, il préconise de lever les «obstacles bureaucratiques» pour asseoir une nouvelle économie de service grâce à l'économie numérique. Enfin, le directeur général, président du Conseil du Fonds monétaire arabe (FMA), Abderrahmane El-Hamidi, a déclaré pour sa part que le fonds qu'il dirige était prêt à aider l'Algérie pour développer son économie, en particulier le secteur financier.