Avec 11 000 vaches laitières recensées en 2017, on
peut dire que le territoire de la wilaya d'Aïn Temouchent est bien servi dans le domaine de la production
de lait. Aucune pénurie n'a été enregistrée au cours de ces trois dernières
années et pour cause, en plus des cinq (05) laiteries que compte la localité,
d'autres opérateurs tels que GIPLAIT Sidi Bel Abbès
et Tlemcen, les usines privées de Sebdou, Maghnia, Sidi Lahcène ou d'Oran
représentée par les SARL Badra ou Maghreb,
interviennent sur le marché de la commercialisation des produits laitiers dans
la région. Mais tout ne baigne pas dans l'huile puisque l'association des producteurs
de lait est montée au créneau pour réclamer des aides financières et un
meilleur suivi du cheptel bovin au plan sanitaire. Il faut savoir que sur les
cinq laiteries en activité, deux d'entre elles à savoir Bouchouareb
à Oued Sebbah et Milki à Tamazoura, n'écoulent que le lait de vache sans ajout de
lait en poudre. Les acteurs de la filière sont tenus de disposer d'un agrément
sanitaire pour prétendre au soutien de l'Etat qui se monte à 14 dinars le litre
produit. Le collecteur, lui, a droit à une aide de 05 dinars le litre. Les
propriétaires de vaches laitières estiment cependant que le son (dérivé des
céréales) leur revient cher. Acheté chez la C.C.L.S. et les minoteries du coin
au prix de 2500 à 3000 D.A. le quintal, ce complément alimentaire fait l'objet
de spéculations à telle enseigne que les délégués de la filière ont dû recourir
à l'arbitrage du ministère de l'Agriculture pour baisser le prix, actuellement
fixé à 1500 D.A. Au-delà de ces ajustements, il est admis que dans le monde de
la production du lait les enjeux commerciaux prennent souvent le pas sur
l'éthique professionnelle. En effet le lait en vente est sujet à caution selon
la majorité des consommateurs, notamment en ce qui concerne le dosage du lait
en poudre lequel ne répond pas aux normes réglementaires. Le lait mélangé payé
à 30 D.A. au lieu de 25 D.A., son prix officiel, contient une forte
concentration d'eau qui le rend souvent imbuvable. Tout un chacun sait que les
quantités de lait en poudre sont en partie détournées au profit de la
fabrication de dérivés comme le fromage, le yaourt ou le camembert, à priori
plus rentables. Par ailleurs, certains laitiers ne se gênent pas pour gruger la
clientèle en proposant le sachet de lait 100% vache à 40 dinars, soit une
réduction de 20 DA par rapport au prix courant. En fait le faux - vrai produit,
contrairement à l'affichage sur l'emballage qui indique 28% de M.G., est un
lait écrémé dépourvu de valeur calorique. L'arnaque consiste à récupérer
uniquement la crème pour les besoins de la fabrication des pâtisseries et du
beurre et à écouler le reste. Sachant que le litre de lait entier renferme en
principe 35 g de protéines, 1200 mg de calcium, 50g de glucides et une moyenne
de 36g de lipides (M.G.) comparativement aux formes de lait écrémé ou demi
écrémé qui, elles, renferment des pourcentages de molécules différents.
En somme, il est indiscutable que les profits générés
par la filière ont suscité de subites vocations à l'endroit de la filière Lait
au point que l'implantation de tels projets dans la région est devenue plus
contraignante vu la sérieuse concurrence qui y sévit.