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Face
au malaise dans plusieurs secteurs de l'Enseignement supérieur, les pouvoirs
publics semblent bloqués, et n'ont pas trouvé d'autres réponses à donner aux
étudiants en grève, ouverte depuis plusieurs mois, que des menaces de «recours
à la loi». C'est du moins la réaction du ministère de l'Enseignement supérieur
et de la Recherche scientifique (MESRS) face à deux gros conflits qu'il a sur
les bras, depuis plusieurs mois, en fait depuis novembre dernier. Il s'agit
d'abord de la grève des médecins résidents, largement médiatisée, et celle, qui
l'a été, beaucoup moins, des étudiants des Ecoles normales supérieures des
Enseignants (ENS). Hier samedi, le ministre de l'Enseignement supérieur Tahar Hadjar, ex-recteur de l'Université d'Alger, n'a pas hésité
à menacer les étudiants grévistes s'ils ne reprennent pas les cours ou les examens.
Il a soutenu, en marge de la conférence nationale sur les Universités, qu' «il
n'y aura pas d'année blanche» dans les ENS. Il a, dans la foulée, qualifié la
grève, qui dure depuis novembre dernier et reconduite fin février, d'
«illégale». Pour lui, «ceux qui n'ont pas réussi à leurs examens ne pouvaient
pas prétendre au recrutement dans l'Education».
Il a, en outre, menacé les étudiants grévistes des ENS d' «appliquer la loi», avant de préciser que «ceux qui échouent à leurs examens ne seront pas recrutés dans le secteur de l'Education nationale». Le ministre vise notamment, ceux qui ont boycotté les examens ou qui ont eu des résultats négatifs. M. Hadjar a ajouté, devant un parterre de chefs d'établissements universitaires, d'enseignants et de membres de la société civile, qu'«il n'y aura pas d'année blanche» pour les étudiants des ENS. «Une grève ouverte» «Il y a, a t-il dit, des étudiants, qui suivent régulièrement leurs cours et à cet effet les examens se tiendront normalement, ainsi que la poursuite des études». Le ministre a, en outre, vivement critiqué les étudiants qui «observent une grève ouverte» dans les ENS depuis plusieurs mois, estimant qu'«il n'existe pas dans les lois algériennes une grève ouverte», et a menacé d'«appliquer la loi» contre ces étudiants dans le cas où ils s'obstinent à poursuivre leur grève. «Il y a eu une décision de justice (déclarant la grève illégale, Ndlr), et je leur demande d'être raisonnables, car cette démarche ne peut aboutir à des résultats», a prévenu le ministre, qui a ajouté que «nous respectons les étudiants, mais nous serons obligés d'appliquer la loi». «Ceux qui poursuivent leurs études sont les bienvenus, les autres n'ont qu'à prendre leurs responsabilités», a encore, prévenu M. Hadjar. Les revendications des étudiants des ENS, en grève depuis novembre 2017, portent sur l'engagement du ministère de l'Education nationale de procéder à leur recrutement directement, après la fin de leur formation, conformément à l'article 4 du contrat qui les lie au MESRS et au ministère de l'Education nationale. Cet article 4 de leur contrat leur donne la priorité dans le recrutement dans leur lieu de résidence. Devant la non satisfaction de leurs revendications, les étudiants des ENS avaient, le 22 février dernier, décidé de poursuivre leur mouvement de grève sur l'ensemble du territoire national, après une réunion avec des responsables du MESRS, et à l'issue de laquelle aucun progrès n'a été enregistré concernant leurs revendications. De son côté, le MESRS avait rendu public un communiqué, dans la même journée du 22 février, déclarant l'absence des étudiants dans les salles de cours «irrégulière». «Au regard de ce qui reste de l'année universitaire 2017/2018, et conformément au règlement intérieur des écoles, les participants à la rencontre ont estimé que les étudiants n'ayant pas rejoint les bancs de l'école sont considérés en absence irrégulière et injustifiée et des mesures légales seront prises à leur encontre», précise le communiqué. Par ailleurs, le ministre Tahar Hadjar, sur le dossier des médecins résidents, a également été très critique, et affirmé que l'examen du DEMS (examen de passage au grade de médecins spécialiste) ne sera pas annulé et se tiendra comme prévu à partir de ce dimanche 18 mars. Il a expliqué, au sujet de la rencontre, la semaine dernière, avec les représentants des médecins résidents, que cette dernière s'est tenue suite «à leur demande et non une initiative du ministre». Il a ainsi confirmé qu'il a été décidé que la date de l'examen du DEMS ne sera pas reportée, et qu'elle «se tiendra comme prévue demain (ce dimanche)». «Celui qui viendra sera le bienvenu, les autres devront prendre leurs responsabilités», a-t-il dit. Là aussi, le conflit entre les médecins résidents et le ministère de la Santé perdure depuis des mois. Aucune avancée n'a été possible dans le règlement du conflit, qui porte en particulier sur l'abrogation du caractère obligatoire du service civil et un statut pour les médecins résidents. La semaine dernière, une source proche du Collectif des médecins résidents (CAMRA) avait annoncé au «Le Quotidien d'Oran» que la seconde session du DEMS sera boycottée, tout comme la première session. Au cours de ces derniers jours, le CAMRA, devant le silence des pouvoirs publics, a menacé d'une démission collective des médecins résidents, alors qu'un délégué de Blida nous a affirmé que «nous envisageons, également, de ne plus observer le service minimum». Ceci dit, la situation dans le secteur de l'Enseignement supérieur reste tendue et, au vu de la position des uns et des autres, une solution négociée n'est pas à attendre dans les prochains jours. A moins que... |
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