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L'Office du Tourisme d'Oran sabordé au profit d'une Association: Les professionnels du secteur interpellent le wali

par F. H.

A l'instar de tous les pôles historiques du Tourisme qui se respectent, Oran disposera t'elle, enfin, d'un Office du Tourisme ? Plus le temps s'égrène, plus les opérateurs locaux de l'industrie du voyage sombrent dans le désagréable sentiment qu'un sabordage de l'Office bat le pavé.

Le bureau exécutif de cet office, statutairement, élu par la corporation n'est toujours pas récipiendaire des clés du siège de l'enseigne chargée de la promotion et de l'image du produit touristique «Oran». Et pourtant, les Jeux méditerranéens 2021 frappent déjà aux portes de la capitale de l'ouest algérien. Un événement planétaire, dans lequel l'Office du Tourisme détient un rôle stratégique d'accueil et d'accompagnement auprès de nos hôtes internationaux. Abdelkader Medjadji, président de l'Office du Tourisme d'Oran a beau se démener pour démêler cet écheveau, l'Administration locale fait la sourde oreille.

Professionnel né dans le secteur de l'Hôtellerie, il dénonce ce qu'il appelle «un détournement des locaux de l'office au profit d'une autre entité que la direction de wilaya du Tourisme et de l'Artisanat a mis en place».

Explications dans cet entretien que nous livre le président de l'Office du Tourisme d'Oran.



- M. Abdelkader Medjadji, l'Office du Tourisme d'Oran, né fin 2014 et agréé le 12 février 2015 mais n'active toujours pas. Pourquoi ?



«Si vous permettez, avant de répondre à cette question, j'aimerai revenir sur l'historique et les méandres qu'a connus cet Office. A l'origine, cette entité s'appelait Syndicat d'Initiative du Tourisme, le SIT. Il a activé jusqu'au début de l'année 2006. Pendant cet exercice, une tentative de détournement de ses locaux, sis au 4 rue Mohamed Khémisti s'était mis en branle. A l'époque, le responsable du SIT, feu M. Berri venait de l'Agence commerciale d'Air Algérie. Sous l'insistance de toute la corporation du Tourisme, nous avons contacté et alerté le wali en poste de l'époque, Tahar Sekrane. Il a été surpris de cette démarche qui prenait forme et a aussitôt bloqué la transaction et ordonné aux services des domaines de bloquer cette transaction irrégulière. Parallèlement, M. Sekrane a ordonné à la direction de wilaya du Tourisme de déposer plainte.

Le dossier enclenché, la justice s'est accordée de longues années pour traiter cette affaire. Il faut savoir que tous les frais de justice ont été soutenus et financés par les opérateurs du Tourisme de la wilaya d'Oran. Les procédures avaient été suivies par M. Moulfera Djelloul, l'ancien sous-directeur de la direction du Tourisme. La Cour suprême a, donc, statué en faveur de la récupération du local de la rue Khémisti. Entre temps, feu M. Berri décédait, Rabbi yerahmou, et son fils s'était chargé de remettre les clés à la direction du Tourisme, alors assurée par feu Yahia Sebbih, paix à son âme».



- Que s'est-il passé une fois le local de l'office rendu à sa fonction originale?



«Pendant le procès intenté pour la récupération des clés de l'office, les opérateurs du Tourisme se sont organisés en association, et c'est ainsi que l'Office du Tourisme d'Oran est né. C'était le 12 octobre 2014, avec l'approbation du directeur de wilaya du Tourisme et de l'Artisanat, M. Belabbès Kaim Benamar. J'ai été élu à la présidence de cette structure à l'unanimité, avec un bureau exécutif, composé des représentants d'hôteliers, des agences de voyages, des restaurateurs et d'un journaliste spécialisé dans le tourisme. J'insiste pour préciser que l'agrément portant création de l'Office du Tourisme d'Oran nous a été transmis, le 12 février 2015».



- Une fois, officiellement et statutairement, opérationnel, quelle avait été votre toute première priorité ?



«En premier chef, récupérer le siège historique de la vitrine du tourisme pour Oran. Ce qui s'est traduit par la remise des clés du local, lors d'une cérémonie protocolaire et d'un échange entre moi-même, des professionnels du secteur et le directeur du Tourisme, M. Belabbès Kaim Benamar. Ce dernier avait requis, pour les besoins de la cause, la présence d'un huissier de justice, M. Kheddim Belkacem».



- Une fois retrouvés, les locaux de l'office, vous avez découvert un local totalement délabré, présentant de fortes menaces d'affaissement ?



«Absolument. Nous étions tous choqués par le tableau qui se présentait à nous, tellement les lieux affichaient un haut niveau de dégradation. On s'est rendu compte de la complexité de la situation, particulièrement de l'ampleur des moyens financiers pour restaurer ce siège et lui conférer des apparences plus convenables, plus accueillantes et conformes aux critères d'un Office de Tourisme international qui se veut la vitrine de la destination Oran. Nous avons, immédiatement, informé le wali, ainsi du reste que le ministre de tutelle, M. Nouri, lors d'une visite, à Oran, pour une conférence de presse au Palais des Expositions, en 2015. A ces deux hauts fonctionnaires concernés, j'ai remis un dossier révélateur de l'état des murs et des lieux en ruine. Le premier magistrat de la wilaya s'était, alors, engagé envers les membres de l'Office pour prendre en charge les travaux de réhabilitation et de rénovation du siège. Effectivement, 10 jours plus tard, le directeur du Tourisme et de l'Artisanat de la wilaya me contactait afin de lui remettre les clés du siège en question afin d'entamer les travaux. Selon M. Belabbès, ce serait un investisseur d'Oran qui a financé les travaux de réfection et de confortement du siège de l'office. Je précise à ce sujet, qu'aucun membre de notre institution n'a été associé ou consulté sur, par exemple, l'architecture, les tons intérieurs ou les décorations à donner pour ces locaux spécifiques».



- Mais finalement, vous avez hérité d'un siège officiel pour entamer votre travail ?



«Pas le moins du monde. Les travaux achevés, nous n'avons pas reçu les clés pour activer. Et Dieu sait qu'il y a beaucoup à faire pour nous impliquer dans le contexte des Jeux méditerranéens 2021. Pourtant, au détour de la réouverture de la Grande Poste d'Oran, l'ex wali Abdelghani Zaalane m'annonçait «l'ouverture de l'Office du Tourisme, dans deux mois». A ce jour, rien ne s'est passé. Le siège de l'Office du Tourisme d'Oran affiche portes closes, et le statut quo persiste».



- Selon vous, pourquoi ?



«Les événements se sont bousculés, mais tout en tenant à l'écart la composante officielle de l'Office du Tourisme d'Oran. D'abord, en dépit de nos nombreuses tentatives, le directeur local du Tourisme ne nous a pas reçus. Après rénovation, le siège de l'office est fermé depuis 10 mois. La direction du Tourisme le confine dans un cul-de-sac. Par contre, je sais que la direction du Tourisme de la wilaya d'Oran a initié la création d'une association dénommée «Bureau du Tourisme de la wilaya d'Oran». Elle a vu le jour dans les bureaux de la direction du Tourisme et de l'Artisanat sous la présidence d'un inspecteur de cette administration, lequel est devenu président de cette dite association, Si j'en parle, c'est parce que cette nouvelle entité active, déjà, sur le terrain, au lieu et place de l'Office du Tourisme d'Oran. Il y a un mois, ce «Bureau du Tourisme» a accompagné une délégation de sénateurs, en visite d'inspection, au Complexe olympique de Bir El Djir».



- En définitive, vous craignez que cette association, née sous la tutelle de la wilaya d'Oran, aille assurer les missions et les responsabilités dévolues à l'historique Office du Tourisme, ainsi qu'aux professionnels de cette activité ?



«En tous les cas, tout est préparé en conséquence pour éliminer les authentiques et expérimentés acteurs du tourisme à Oran, dans leur rôle naturel de pionniers du développement de la destination «Oran», de sa promotion et de l'accompagnement des visiteurs nationaux et étrangers. Je respecte tout mouvement associatif, versé dans le tourisme, mais je suis désolé, dans toute la planète ?Tourisme', ce travail incombe d'abord aux vrais professionnels de l'industrie touristique, organisés sous l'enseigne mondiale de l'Office local. Il n'y a qu'à Oran que notre office est dédaigné.

En ce qui nous concerne, nous, Office du Tourisme d'Oran, avons alerté toutes les autorités locales, à leur tête le wali, de ce qui se trame. Nous lançons, donc, un appel au premier magistrat de la wilaya d'Oran, pour qu'il remette l'Office du Tourisme d'Oran dans ses prérogatives et droits légitimes».