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L'envoyé spécial du secrétaire général de l'ONU pour
le Sahara occidental, l'ex-président allemand Horst Köhler, qui procède à des
consultations sur les voies et modes d'une reprise du processus de négociations
bilatérales directes entre le Maroc et le Front Polisario n'a pas dû être dupe
de la signification de la présence de prétendus « représentants » de la
population du Sahara occidental dans la délégation conduite par le ministre
marocain des Affaires étrangères Nasser Bourita qu'il
a reçu hier à Lisbonne au Portugal. Par ce
subterfuge, la partie marocaine a manifestement cherché à lui faire admettre
que le Front Polisario ne serait pas l'unique représentant des Sahraouis et que
par conséquent il ne devrait pas préconiser au Conseil de sécurité la relance
des négociations sur le Sahara occidental dans le format qui a été le leur
quand elles ont été organisées sous l'égide de l'ONU.
Cette «disqualification» du Front Polisario, Rabat en a fait son objectif diplomatique partout où la question du Sahara occidental se débat et se discute. Quant elle ne met pas en avant dans cette opération des pantins sahraouis tels ceux qu'elle a expédiés à Lisbonne, elle use d'un autre artifice qui est de soutenir que l'autre partie prenante à des négociations sur le conflit sahraoui est l'Algérie que la thèse marocaine présente comme étant celle qui a donné naissance à ce dernier et l'entretient derrière le paravent du Front Polisario. C'est pourtant avec ce même Front Polisario que les autorités marocaines ont conclu dans les années 90 sous l'égide des Nations unies un accord de cessez-le-feu prévoyant qu'il s'ensuivrait des négociations entre les deux parties dont les résultats seraient soumis à un référendum par lequel le peuple sahraoui s'exprimerait sur eux. Malgré les rétractations marocaines et le projet dilatoire élaboré par le Palais royal et le Makhzen basé sur l'octroi au territoire du Sahara occidental d'un statut d' « autonomie » dans le cadre de son appartenance reconnue au Royaume, les Nations unies n'ont pas dévié dans leur attitude qui est que la résolution du conflit passe par des négociations bilatérales directes entre les deux parties prenantes clairement et nettement identifiées et désignées par elles et sont le Maroc et le Front Polisario. La diplomatie marocaine a de nouveau sorti du placard et exhibé des fantoches sahraouis qui n'ont de représentativité que celle que leur octroie l'occupant du territoire de leur patrie. Si le Maroc croit lui-même que le Front Polisario ne représente nullement la population du Sahara occidental et que les véritables représentants de celle-ci sont ces « notables » que sa diplomatie met en avant dans les rencontres, conférences et autres forums voués à la question du Sahara occidental, pourquoi le Palais royal et le Makhzen opposent-ils leur hystérique rejet à la consultation référendaire du peuple de ce territoire ? La réponse coule de source et elle est qu'ils savent parfaitement que les Sahraouis n'acceptent pas la marocanité comme étant leur identité et de faire allégeance à la monarchie et au trône alaouites. Cette vérité finira cependant par s'imposer et les autorités marocaines en ressentent l'inéluctabilité à travers les camouflets répétés et de plus en plus sévères qu'elles essuient en cherchant à « disqualifier » le Front Polisario de la représentation avérée et exclusive que le peuple sahraoui lui a conférée et dont il soutient les revendications. |
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