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Une
plainte pour corruption et blanchiment d'argent, au Canada, a été déposée par
l'avocat et président de l'Association anti-corruption «Sherpa», William
Bourdon contre une vingtaine de politiciens, de hauts gradés et de
personnalités proches des centres de décision et de responsables, en Afrique.
Selon l'Association ?Sherpa', les personnalités désignées dans cette plainte
auraient investi plus de 30 millions de dollars, dans le secteur immobilier au
Québec. Parmi les personnes et responsables de 6 pays africains, cités dans
cette plainte, l'Association ?Sherpa' pointe du doigt, pour le cas de
l'Algérie, les neveux de l'ex-ministre des Affaires étrangères Mohamed Bedjaoui, et cite nommément, son neveu, Farid Bedjaoui, ayant la double nationalité algérienne et
canadienne. Selon le ?Journal de Montréal', qui a rapporté, jeudi, cette
information, l'Association ?Sherpa' a appelé la gendarmerie royale du Canada
«d'enquêter sur les neveux de l'ancien ministre des Affaires étrangères
algérien, Mohammed Bedjaoui».
«L'un d'eux, Farid Bedjaoui, est recherché par Interpol pour corruption massive, en Algérie et en Italie», précise l'association, qui ajoute que «les trois frères ont transigé pour plus de 17 millions de dollars, en propriétés de luxe, au Québec''. Selon William Bourdon, «les autorités ont maintenant, assez d'informations pour enquêter sur la façon dont ces investisseurs ont financé leurs achats. Elles ont même l'obligation de le faire, en vertu des conventions anti-corruption qu'a signées Ottawa», écrit-il, dans sa plainte. Pour lui, «il est incontestable que la valeur de ces patrimoines immobilier et mobilier, parfois de l'ordre de plusieurs millions de dollars, est sans commune mesure avec les salaires dont bénéficient leurs propriétaires», écrit William Bourdon dans sa plainte, qui estime que «ce déséquilibre conduit nécessairement, à s'interroger sur l'origine des fonds et constitue un motif raisonnable de croire que les avoirs sont le fruit d'actes illégaux.» Selon William Bourdon, la GRC devrait, aussi, enquêter sur les notaires et avocats québécois ayant aidé ces investisseurs, à mettre la main sur leurs propriétés, la plupart du temps, sans hypothèque. «Tout suggère que ces opérations constituent du blanchiment d'argent», écrit-il, encore, dans cette lettre, qui vise plusieurs dignitaires africains, leurs familles, ainsi que, pour le cas de l'Algérie, les frères Bedjaoui. Mais, pour l'heure, il ne s'agit que d'une plainte déposée à la GRC, qui avait, en juin 2013, mis en place une unité spécialisée dans la lutte contre la corruption et le blanchiment d'argent. Au Canada, ce n'est pas la police mais la gendarmerie royale qui a autorité pour enquêter sur la corruption, le blanchiment d'argent et plus, globalement, contre le crime organisé. Le ?Journal de Montréal' avait, en juin dernier, révélé que les biens immobiliers des frères Bedjaoui, à Québec, sont estimés à plusieurs dizaines de millions de dollars. En mai 2015, un des trois frères Bedjaoui, Réda, avait, selon le même journal, acquis un grand appartement de type condominium (un condo) d'une valeur de près de 1,9 million de dollars, à Montréal. En février de la même année, il devient actionnaire des ?Appartements Acadia inc.', également à Montréal. La valeur d'un appartement, dans ce luxueux immeuble, est estimée à 3,5 millions de dollars, avec des frais d'habitation évalués chaque année, à près de 50.000 dollars. En 2004, le même Réda Bedjaoui avait conclu de multiples transactions avec ses parents et son ancienne femme, à Westmount et à L'Île-des-Sœurs à Montréal, pour une valeur totale de 4,7 millions de dollars US, et également, croit savoir ?Le journal de Montréal', une adresse au sein du ?Burj Khalifa' de Dubaï. Ryad, le troisième des frères Bedjaoui, aurait, quant à lui, transigé pour près de 6,8 millions de dollars, en immeubles dans la région de Montréal, entre 2000 et 2014, selon le même journal. La plainte pour blanchiment d'argent de l'avocat William Bourdon contre les frères Bedjaoui intervient, moins d'une semaine, après le réquisitoire du procureur du Tribunal de Milan, qui requis 8 ans de prison contre Farid Bedjaoui dans l'affaire Saipem-ENI. L'enquête de la justice italienne dans ce dossier porte, en particulier, sur le versement présumé de 197 millions d'euros de pots-de-vin, en Algérie, entre 2007 et 2010. Des «pots de vin» qui auraient permis à Saipem d'obtenir des contrats d'un montant total de 8 milliards d'euros, et à son principal actionnaire, le groupe pétrolier italien ENI, d'obtenir un accord afin d'acquérir, en 2008, la société canadienne ?First Calgary Petroleum', détentrice des droits d'exploitation du gisement de gaz Menzel Ledjmet. Plus, globalement, l'un des frères Bedjaoui, Farid, est soupçonné d'avoir servi d'intermédiaire dans les transactions douteuses de versements de pots-de-vin pour ces contrats de Saipem en Algérie. Selon le procureur de Milan, ces pots-de-vin auraient été versés, sous forme, de «paiement de services» assurés par des sociétés fictives basées à Hong Kong, dont Pearl Partners, créée par Farid Bedjaoui. En novembre 2015, déjà, le Tribunal de Milan avait demandé la saisie de 8 propriétés à New York, dont 7 à Manhattan et 1 dans la 5ème Avenue, près de Times Square, de Farid Bedjaoui. Le parquet milanais a, en outre, requis la saisie d'un peu plus de 37 millions de dollars, dans les comptes bancaires, en Suisse et en Asie de Bedjaoui, ainsi que 9 comptes au Luxembourg. Un mandat d'arrêt international a été lancé par Interpol, contre Farid Bedjaoui, personnage central de cette affaire. |
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