Des
syndicats autonomes ont exigé, à travers des communiqués rendus public, le gel
« immédiat » des décisions de radiation des enseignants grévistes, affiliés au
syndicat du Cnapeste, en grève « illimitée » depuis
un mois, au niveau national. Et depuis plus de trois mois, dans trois wilayas
du pays (Tizi Ouzou, Bejaia
et Blida).
L'Intersyndicale
de la Fonction publique, regroupant cinq syndicats du secteur de l'Education :
le Snapest, le CELA, l'UNPEF, le SNTE, le SATEF, ont
réclamé l'arrêt immédiat de l'application des mesures de licenciement de leurs
confrères. Ils ont, également, dénoncé à travers un communiqué rendu public, le
recours à ces scénarios répétitifs, déjà vécus dans le passé (en 2003, 2006,
2010,2012 et 2014), et ce, en violation des lois régissant l'exercice syndical
et le droit à la grève. Les cinq formations syndicales ont exprimé leur «
inquiétude » sur « ce marasme qui menace la crédibilité de l'Ecole algérienne »
et de « cette tourmente qui secoue le secteur et qui se complique davantage ».
Ils ont, ainsi, exprimé leur soutien absolu à leurs confrères. Et de préciser
qu'ils seront toujours au côté des enseignants radiés jusqu'à leur retour à
leurs postes. Le Syndicat autonome des retraités de l'Education nationale
(SAREN), a estimé pour sa part, que « l'instrumentalisation de la justice,
déclarant la grève illégale, les ponctions sur salaires, le licenciement des
grévistes et le remplacement des grévistes par des vacataires ou retraités ou
inspecteurs, est une méthode révolue ». Un procédé qui avait montré ses
limites, dans le passé puisqu'il a déjà été expérimenté, en 2003, par l'équipe
du ministère de l'Education nationale, lit-on dans le communiqué. Pour les
membres du SAREN, « le pourrissement a atteint son summum et la sortie des
élèves pour soutenir leurs enseignants suspendus était prévisible ». Les
retraités de l'Education ont estimé que les responsables du ministère de
l'Education ont été mal conseillés. Car, précisent-ils, «le licenciement
général des fonctionnaires ne sert pas le métier d'enseignant ni celui d'une
Ecole publique de qualité». Ils argumentent, en affirmant, que chaque
professeur licencié traîne, derrière lui, des années d'expérience et la
confiance de centaines d'élèves qui refuseront qu'il soit remplacé par un autre
parce qu'il a demandé un droit. Et d'affirmer qu'aucun syndicat n'acceptera le
licenciement de grévistes. Le Syndicat des retraités de l'Education condamne
toutes les décisions de licenciement et appelle à l'ouverture d'un vrai
dialogue. Il a, également, réclamé l'annulation, pure et simple, de toutes les
décisions de licenciement ou de mises en demeure. Le syndicat propose la mise
en place d'une structure juridique unique pour parapher tout procès-verbal en
attendant le retour à la confiance entre le ministère de l'Education et les
syndicats. Il demande que cette nouvelle structure soit le moyen de donner les
garanties sociales aux personnels assurant la représentativité des
travailleurs, lors des réunions ministère-syndicat. Le syndicat des retraités
de l'Education a plaidé, en outre, pour la création d'un véritable conseil de
dialogue et de gestion, permettant aux différents acteurs de participer aux
décisions concernant la gestion, les investissements. Tout en refusant « toute
récupération politique à travers les droits des travailleurs » le syndicat
SAREN appelle le CNAPESTE et les responsables du ministère de discuter, le plus
tôt possible, pour ne pas prendre encore plus les élèves en otages. Et pour
barrer la route à ceux qui utilisent ces grèves pour chercher le pourrissement
dans le secteur pour d'un côté détruire l'Ecole publique et d'un autre attaquer
tous les acquis du travailleur comme le droit à la grève. Le Bureau national de
la CGATA (SNAPAP-SNATEG- SESS) a, de son coté, exprimé son soutien aux
grévistes qui suivent le mot d'ordre du CNAPESTE. Le Bureau national s'est dit
convaincu que le fond du conflit que l'on veut couvrir et occulter « est
l'attaque frontale contre le droit de grève ». Les membres du bureau expliquent
que «cela avait commencé par la soi-disant charte qu'ont paraphée certains
syndicats avec le ministère de l'Education, charte dont le but était de
préparer cette attaque, en faisant accepter par les syndicats l'abandon de ce
droit qu'est la grève ». Le Bureau national de la CGATA a dénoncé, le recours
des autorités aux arguments religieux contre l'activité syndicale. Pour la
CGATA, la modernité consiste à prendre en charge, sérieusement, les conditions
sociales des enseignants. Les syndicats autonomes estiment que seule la
négociation sérieuse, entre les autorités et les organisations syndicales, peut
conduire à stabiliser le secteur de l'Education et à permettre aux élèves de
retrouver leurs classes et aux enseignants et enseignantes leurs élèves. Pour
rappel, près de 600 enseignants grévistes ont été radiés, sur les 19.000
enseignants ayant reçu de mises en demeure, comme dernier avertissement de
l'Administration, avant la révocation. Après les enseignants, des élèves,
notamment les lycéens, ont exprimé leur soutien aux enseignants grévistes, à
travers plusieurs wilayas du pays. Des sit-in ont été observés devant les
lycées et au sein des établissements pour exiger le retour de leurs enseignants
licenciés, refusant ainsi les « remplaçants ».