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Une odeur de présidentielle

par Mahdi Boukhalfa

La prochaine élection présidentielle est revenue cette semaine. Du côté de l'UGTA et du FLN, en particulier. De plus en plus contesté au sein de la centrale syndicale qu'il dirige depuis pratiquement «une éternité», Abdelmadjid Sidi Saïd, qui a superbement ignoré les syndicats autonomes, a focalisé son discours sur le président Bouteflika. Une occasion pour le patron de l'UGTA de réaffirmer son attachement au président et à son programme politique. S'il n'a pas parlé de 5ème mandat, même si ses troupes sont prêtes à se jeter dans la bataille, le SG de l'UGTA a montré, tout comme le SG du FLN, qu'il reste un allié et un soutien au président Bouteflika. En particulier par rapport à une éventuelle candidature en vue de la prochaine élection présidentielle d'avril 2019.

Si Sidi Saïd et l'UGTA s'accrochent à une possible candidature du président Bouteflika à un 5ème mandat, le FLN de Djamel Ould Abbès reste discret sur cette question. Jusqu'à se demander s'il n'aurait pas reçu des instructions fermes pour laisser le dossier au concerné lui-même et son entourage pour se prononcer. C'est ce qu'il a fait samedi à Mila en rappelant à ses militants que le sujet reste pour le moment «fermé» et que l'évocation de l'éventualité «d'un 5ème, d'un 6ème ou d'un 7ème mandat est interdite pour nous». Le SG du FLN a, cette fois-ci encore, explicitement interdit à ses militants de parler de 5ème mandat de Bouteflika, rappelant que le président est seul habilité à annoncer sa candidature ou pas pour l'élection présidentielle de 2019. Mais, en ressortant à chaque rencontre avec ses militants l'échéance du mois d'avril 2019 et que seul M. Bouteflika doit se prononcer sur un 5ème mandat, est une manœuvre explicite du chef du FLN de se placer au-devant du carrousel des soutiens institutionnels et des partisans à un 5ème mandat qu'une partie de l'opinion publique et des partis d'opposition ne souhaiteraient évidemment pas.

Car si pour le FLN, tout comme d'ailleurs la coalition parlementaire (RND, MPA et TAJ) la cause est entendue si le président postule à un 5ème mandat, pour les partis politiques d'opposition, c'est plutôt un air nouveau, une alternance au pouvoir qui sont aujourd'hui revendiqués. Les partisans de l'article 102 étant nombreux et toujours actifs, il serait dès lors très intéressant de voir comment le sort de la prochaine présidentielle va se jouer et les luttes de sérail se dénouer. D'autant que même au sein des proches du président Bouteflika rien n'a été annoncé, ni dans un sens ni dans l'autre, laissant la porte ouverte à toutes les hypothèses. Et que le discours de samedi à l'occasion des festivités du 24 Février a cependant laissé miroiter cette indéfinissable volonté du chef de l'Etat de peser, d'une manière ou d'une autre, sur cette prochaine présidentielle.

Pour beaucoup, le moment n'est pas encore venu. Mais, au sein de la société civile, il y a comme un sentiment d'exaspération devant l'amoncellement des dossiers, la fronde, la colère sociale, la hausse du coût de la vie, le chômage, et que l'annonce des positions des uns et des autres par rapport à la présidentielle prochaine pourrait plus ou moins mettre fin à un climat de sinistrose. L'annonce de candidats à cette prochaine élection donnerait ainsi une direction claire autant à l'action des partis que de l'administration et le gouvernement. Tout le monde aura pour ainsi dire son objectif. C'est en quelque sorte un plan de charge politique sur lequel vont travailler autant les partis politiques, la société civile que le gouvernement pour préparer cette élection qui pourrait ouvrir la voie à des horizons politiques nouveaux. Et pas forcément ceux défendus par les partis au pouvoir, à commencer par le FLN.