Envoyer à un ami | Version à imprimer | Version en PDF

Congrès du syndicat d'entreprise Groupe Sonatrach: Les réponses de Sidi Saïd

par Ghania Oukazi

Le secrétaire général de l'UGTA a répondu hier à «ceux qui nous insultent et veulent qu'on devienne des agitateurs(?), mais personne ne peut ébranler notre conviction pour notre attachement à la paix et à la stabilité du pays», a-t-il affirmé.

Abdelmadjid Sidi Saïd ne pouvait pas espérer plus belle tribune que celle qu'il a eue hier à Oran à l'occasion de la tenue du congrès du syndicat d'entreprise Groupe Sonatrach qui s'est tenu à l'hôtel Le Méridien, pour répondre à ses détracteurs et à ceux, a-t-il noté, «qui manœuvrent pour déstabiliser l'UGTA». Il l'a fait, en effet, en présence de 350 délégués syndicaux représentant l'ensemble des filiales du groupe énergétique. Plus encore, il y avait le ministre de l'Energie, les PDG de Sonatrach, de Sonelgaz et les responsables de l'ensemble des filiales du secteur. Il y avait aussi le secrétaire général de l'OUSA et les membres de son secrétariat exécutif. Le syndicat d'entreprise Groupe Sonatrach organisait sa 10ème conférence de renouvellement de la composante de ses instances. Sidi Saïd lui recommande cependant «de ne plus parler de conférence mais de congrès» parce que, a-t-il dit, «le congrès a plus de force que la conférence».

Son discours aux «Hommes du groupe Sonatrach» a été empreint de grandes allusions mais qui n'ont laissé aucun doute sur leur sens et à qui elles étaient destinées. Il rendra hommage aux managers du secteur, le ministre de l'Energie, Mustapha Guitouni, au PDG de Sonatrach, «Abdou» Ould Kaddour et aux autres responsables bien connus dans le secteur de l'énergie dans son ensemble. «Vous avez choisi la voie du dialogue pour régler un dossier des plus épineux, vous avez réussi à prendre des décisions historiques au profit des retraités», a déclaré Sidi Saïd. Pour lui, «le syndicat doit être fraternel et solidaire, c'est l'historique même de l'UGTA qui l'atteste». Sa conviction de «servir les autres» en tant que syndicaliste repose, indique-t-il, sur «trois fondamentaux, la solidarité, l'humanisme et le militantisme nationaliste, celui qui ne défend pas son pays, ne peut prétendre être un syndicaliste». L'unité, la paix et la stabilité ce, sont selon lui, des termes que «les incultes rejettent, ils préfèrent provoquer des troubles et recourir à la violence(?)».

«La paix et la stabilité font peur»

Il convoquera l'histoire pour étayer ses propos. «Il est vrai que la mémoire nous fait parfois défaut mais le passé n'est pas loin, durant les années 90, la violence, les larmes et le sang étaient notre quotidien, le taux d'absentéisme avait atteint 75%, ce qui a causé au secteur économique 20 milliards de dollars de pertes et mis plus de 200.000 salariés au chômage, il faut donc interpeller notre mémoire pour parler de paix et de stabilité, au temps où la mort naturelle nous laissait respirer parce qu'on n'admettait pas la mort par balle ou par égorgement», a-t-il rappelé. «J'ai gros sur le cœur, ceux qui nous insultent pour qu'on devienne des agitateurs n'ont pas connu Bentalha en 97, les femmes et les enfants égorgés, il ne faut pas qu'on oublie, on veut nous créer des problèmes mais personne ne peut ébranler notre conviction, que nous avons dans nos tripes et dans le sang, pour notre attachement à la paix et à la stabilité, nous savons ce que c'est parce que nous en avons payé un lourd tribut».

Il estime que «la paix et la stabilité font peur, et les stratégies de déstabilisation sont bien ficelées, en janvier 2011 au moment de la grande offensive de déstabilisation des pays arabes l'Algérie comprise, l'UGTA a été à l'avant-garde de la protection du pays(?), elle a même résisté aux agressivités internationales(?)». Sidi Saïd tient à souligner qu' «on a fait des grèves ! Certes, mais les temps nous ont obligés à reconsidérer notre stratégie syndicale, nous avons opté pour le dialogue et la concertation, nous tenons à rassembler et non à désunir, la culture du dialogue a bien pris et a bien donné, le Groupe Sonatrach l'a fait (?).» L'IEP !, lâche une voix de la salle. «Oui, nous sommes là (?)», rétorque le patron de l'UGTA? Sidi Saïd n'a pas raté l'occasion pour réaffirmer son engagement «indéfectible» aux côtés de Bouteflika. «Je rappelle les deux grandes décisions du président, la réconciliation nationale et le paiement de la dette extérieure du pays, pour cela, nous devons le remercier quotidiennement, le respecter et le soutenir».

Sidi Saïd a reçu le soutien de toute l'assemblée syndicale. En proie à des campagnes médiatiques féroces (contre sa personne et contre l'organisation), il a eu hier tous les honneurs des syndicalistes qui lui ont réitéré leur soutien et leur respect. Le secrétaire général du syndicat Groupe Sonatrach lui a succédé pour faire savoir que «les managers du secteur et le partenaire social ont réussi à prendre deux mesures historiques, instaurer le tiers payant dont la mise en œuvre fait bénéficier le travailleur du secteur d'une prise en charge médicale de qualité». Khelaf Djeroud a noté qu' «il s'agit d'une des revendications principales du syndicat national Sonatrach, c'est une avancée plus que notable dans la protection de la santé(?).»

Khelaf Djeroud plébiscité pour un 2ème mandat

Le SG fait part du second dossier résolu, «celui de la PCR», une mesure qui fait bénéficier travailleurs et retraités du secteur des œuvres sociales dans un régime mutualiste. Djeroud reconnaît qu' «il est vrai que l'UGTA a été amenée à faire des choix souvent difficiles, mais des choix qui n'obéissaient qu'à l'intérêt suprême du pays et qui incluaient indéniablement ceux des travailleurs». Il conforte Sidi Saïd pour dire qu' «il s'agissait d'un double sacrifice que nous avons toujours consenti, c'est pour cela que nul ne peut s'élever en donneur de leçons quand il s'agit de parler de l'UGTA, c'est dire que son silence stratégique sur certains dossiers ne peut être considéré comme un chèque en blanc délivré à ceux qui doivent les traiter, le seul chèque que nous connaissons est le chèque de cautionnement, il nous a été remis en main propre par les travailleurs en guise de leur totale confiance qu'ils ont placée en nous car ils savent pertinemment que nous avons toujours défendu leurs intérêts». Les travailleurs syndiqués du Groupe Sonatrach le lui ont en effet bien rendu en plébiscitant hier «à l'unanimité» sa reconduction en tant que SG du syndicat d'entreprise pour un deuxième mandat.

Le secrétaire général de la fédération nationale des travailleurs pétrole-gaz-chimie a fait l'annonce hier de l'ouverture d'un site électronique. «Le site en ligne permet aux travailleurs du secteur de poser directement leurs doléances pour que la fédération les traite et leur répond sans attendre», a affirmé Hamou Touahria. Tous les intervenants syndicalistes ont appelé «à l'unité des rangs des travailleurs, au dialogue, au soutien au secrétaire général et à la mobilisation de l'UGTA contre les manœuvres de sa déstabilisation».