
L'intérêt particulier porté
pour la désignation des arbitres dénote de l'état avancé de pourrissement et de
corruption dans lequel baigne le football algérien. La désignation des arbitres
a toujours été une priorité et une préoccupation majeure pour l'ensemble des
dirigeants qui se sont succédé à la tête de la FAF, mais aussi pour les
présidents des clubs. En ce sens, la fédération a toujours délégué ses
pouvoirs, en matière de gestion des compétions, à la Ligue de football professionnel,
à l'exception de l'arbitrage qu'elle garde jalousement et étrangement sous sa
tutelle. Et, comme chaque saison, l'arbitrage fait parler de lui, notamment à
partir de la phase retour du championnat quand chaque point glané devient très
important pour les clubs, que ce soit pour le titre ou le maintien. Pour ne
parler que de l'actuelle FAF, dirigée par Kheireddine
Zetchi depuis le mois de mars 2017, on se rend compte
que la commission fédérale d'arbitrage (CFA) demeure la commission ayant connu
le plus de remous. Dans un premier temps, c'est Koussa,
membre élu du bureau fédéral et ancien arbitre international, qui a été désigné
pour diriger cette commission. Toutefois, le président de la FAF lui avait
retiré la prérogative de désigner les arbitres, ce qui avait amené Koussa à sortir de sa réserve et à faire des déclarations
incendiaires. Koussa a été alors suspendu par le
président de la FAF avant d'être réhabilité, sans pour autant lui confier la
désignation des arbitres, alors qu'il est connu pour sa probité et son
expérience. La FAF a préféré confier la désignation des arbitres à Mokhtar Amalou, qui est certes un ancien arbitre, mais qui ne jouit
pas du statut d'élu. Il est plutôt désigné par la FAF et touche une
rémunération en contrepartie. Les présidents de clubs qui s'intéressent, eux
aussi, à l'arbitrage ont toujours influé sur les décisions et les choix des
responsables chargés de la désignation. Il faut relever que les présidents de
la commission fédérale d'arbitrage sont instables et la FAF procède, à chaque
fois, à leur changement.
A titre d'illustration,
l'actuel président de la CFA, Ghouti, avait annoncé
vendredi dernier que les arbitres Helalchi et Sakhraoui sont suspendus jusqu'à la fin de la saison. Il a
fait cette annonce, alors que les deux referees devaient être d'abord
auditionnés lundi dernier. Par la suite, Ghouti s'est
rétracté pour dire que le règlement ne permet pas à la CFA de suspendre les
arbitres plus d'un mois, et soumet donc la proposition de la suspension jusqu'à
la fin de la saison au bureau fédéral. Ces errements dénotent de la manière
avec laquelle est géré le football et l'arbitrage en Algérie et laisse supposer
qu'il y a des pressions quelque part sur la CFA. Cette situation de suspicion
est une preuve irréfutable que l'arbitrage souffre d'un mal profond en Algérie,
à savoir la corruption. Chaque fin de saison, des présidents de clubs accusent
les arbitres d'avoir faussé des matches ou d'être à la solde de certains clubs,
sans que la FAF ne déclenche des poursuites judiciaires à l'encontre des
auteurs de ces graves déclarations. C'est ainsi que la corruption dans
l'arbitrage et par conséquent dans le football algérien a été banalisée. Sinon,
comment expliquer l'intérêt exagéré accordé à la désignation des arbitres, alors
que l'on ignore l'aspect formation et développement de l'arbitrage en Algérie ?
Une triste situation qui n'honore ni les arbitres ni les présidents de clubs,
encore moins les dirigeants de la FAF et de la Ligue qui contribuent à
l'ancrage de la corruption et des mauvaises pratiques devenues des règles dans
le football algérien.