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Le
groupe pétrolier et gazier algérien Sonatrach compte
investir pour les cinq prochaines années près de 56 milliards de dollars pour
augmenter la production, autant pour satisfaire le marché national qu'améliorer
le niveau des exportations d'hydrocarbures. C'est ce qu'a souligné hier lundi à
la radio nationale M. Salah Mekmouche, vice-président
exploration et production. Le groupe compte, a-t-il expliqué, mettre en place
les «priorités fixées par le gouvernement». «Ce plan d'investissements permet à
Sonatrach de satisfaire le marché national en besoins
énergétiques et ramener les devises pour le développement du pays», a-t-il dit.
«Le plan approuvé par les organes sociaux tourne autour de 56 milliards de
dollars, dont les 2/3 vont à l'exploration et la production».
L'exploration est basée sur les nouvelles technologies, «avec l'acquisition sismique pour couvrir tout le territoire national, la réalisation chaque année d'une centaine de puits d'exploration et 250 puits de développement», précise t-il. En fait, le vice-président de Sonatrach pour l'exploration et la production estime que «l'exploration est nécessaire pour renouveler les réserves et ce qui a été consommé. Ensuite il faut maintenir la production, car les gisements s'épuisent. Il faut également réduire les coûts. C'est un programme très ambitieux qui a besoin de célérité dans la mise en œuvre des projets qui vont ramener de la production et un apport substantiel en énergie». M. Mekmouche a expliqué en outre que sur le plan de l'exploration, Sonatrach travaille en effort propre depuis cinq années pour l'exploration, car depuis le dernier appel d'offres, «il n'y a pas eu de partenaire en exploration. On reste sur deux contrats avec un partenaire, un contrat au nord et le second au sud-». Pour le financement de son plan d'exploration production, il a indiqué que Sonatrach supportera «tout l'investissement consenti, et 25 à 30% en investissement propre soutenu par des partenaires sur des projets déjà en vigueur, car les plans de développement doivent être honorés». Révision de la loi sur les hydrocarbures inévitable M. Mekmouche estime par ailleurs que la révision de la loi sur les hydrocarbures s'imposait, car «beaucoup de pays ont modifié leur loi pour attirer les investisseurs et l'Algérie n'est pas en reste. Cette loi est un peu restrictive pour les partenaires», a-t-il relevé. «On fera une loi gagnant-gagnant avec les partenaires qui touchera tous les domaines en amont, et la fiscalité». Il a également indiqué que des groupes sont intéressés par des investissements dans le secteur pétrolier en Algérie, «mais posent des critères pour venir, et on peut négocier des cessions de parts de Sonatrach ou carrément un changement de contrôle de certaines entités ici en Algérie». Par ailleurs, M. Mekmouch, sur le niveau des réserves pétrolières et gazières du pays, a affirmé que «nous connaissons très bien nos réserves et les ressources qui ne sont pas exploitées. On doit faire le mieux pour optimiser ce qu'on a sous la main et mettre en œuvre de nouveaux services pour augmenter la production et le taux de production». Selon M. Mekmouche, les réserves d'hydrocarbures sont les mêmes depuis 10 ans. Depuis 2005, on est sur le même niveau de réserves, soit 4 milliards de TEP. Cela s'explique parce qu'on a maintenu le niveau des réserves de manière constante et que l'exploration a fait une trentaine de découvertes par an. Il y a aussi des ressources pas encore exploitées et dont on connaît parfaitement l'emplacement, soit 300 milliards de barils à extraire et plus de 450 tcf (trillion cubic feet) de gaz (1 tcf équivaut à 28 md de m3). Ces réserves sont, selon M. Mekouchd, «toutes conventionnelles, classées en trois catégories: prouvées, probables et possibles. Pour nous à Sonatrach, le volet réserves c'est prouvées et probables. Nous pouvons aller en termes de production au-delà de 1 mb/j par rapport au quota de l'Opep, alors qu'en gaz, on a une capacité de hausse de 3 à 4% par an». Il a rappelé que la production algérienne d'hydrocarbures est constituée à 65% par le gaz et à 35% par le pétrole équivalent. L'«Algérie est un pays plus gazier que pétrolier», et «chaque Algérien consomme près de 700.000 m3/ an de gaz, et en 2030, la population algérienne serait de 50 millions d'habitants. Donc si la hausse du niveau de vie se poursuit, on consommerait 50 md de m3 par an, soit un peu moins que ce qu'on exporte aujourd'hui. On est dans l'obligation d'augmenter la production et aller vers d'autres sources d'énergies, dont le renouvelable». Le vice-président de Sonatrach explique ainsi qu'«on n'exportera pas les mêmes quantités si on reste au même niveau de production. Les réserves de gaz sont énormes, et ont doit travailler en même temps sur le renouvellement des réserves et sur l'économie d'énergie, dont un autre modèle national de consommation, avec le renouvelable». D'autre part, «l'objectif, a-t-il précisé, est de réduire le coût du baril, et des synergies avec la construction d'usines sur plusieurs gisements. On pourrait faire des usines modulaires ; cela permet de ramener de la production et avoir un gain de temps, alors que la maintenance des installations doit être également faite dans les délais fixés». Raffinage, GNL, Hassi R'mel, priorités absolues Sur le raffinage des carburants de Sonatrach récemment par un partenaire en Italie, il a expliqué que c'est moins cher que d'importer directement ces carburants, en attendant la livraison des raffineries programmées en construction ou en réhabilitation. «Le processing ou raffinage à l'extérieur, est une ancienne idée réactualisée, et un appel d'offres a été lancé. Moyennant des frais de location de l'usine, on aura l'équivalent de ce que pourra donner une tonne de pétrole brut saharien», a t-il expliqué. «Le programme de raffinage qui a été lancé a subi des retards, dont la raffinerie de Hassi Messaoud. L'appel d'offre est en cours, et elle ne sera prête qu'en 2021, et donc le processing va s'arrêter. Avec la livraison des autres raffineries (Tiaret, Alger), le raffinage sera couvert, car importer du carburant est plus cher que le processing». Selon M. Mekmouche, il y a actuellement en carburants un gap de 3,5 millions de TEP. Avec le processing et la raffinerie de H. Messaoud, on pourra combler ce gap. Le coût de la réhabilitation des raffineries tournera autour de 500 millions de dollars, dont celle d'Alger. Par ailleurs, sur les contrats avec des partenaires étrangers, dont ceux européens, il a expliqué que ce sont des contrats qui arrivent à terme, et «donc un nouveau contrat se met en place, pas nécessairement le même. On est à l'écoute de nos partenaires lors des négociations. L'Algérie est un pays fiable, et tous les partenaires veulent renouveler les contrats et profiter de la conjoncture internationale. Sonatrach va défendre ses droits». Pour lui, «il faut avoir une diversification des livraisons, ce qui permet une compétitivité, et s'ouvrir au marché international». Il n'y a pas de problème avec les partenaires européens, a-t-il assuré, «l'Algérie a une vision à long terme pour garder sa part de marché en Europe. Il y a le GNL pour aller, avec des méthaniers de gros tonnage, vers l'Asie, l'Afrique, la Chine, le Pakistan, l'Inde, qui est un gros consommateur de GNL, et aussi l'Amérique latine». «C'est une compétition du GNL qui va commencer dans quelques années, et elle a déjà commencé pour l'Algérie, qui doit être présente un peu partout». Pour autant, le vice-président de Sonatrach chargé de l'exploration et la production, assure qu'«on reste sur l'Europe. On a de gros clients en Europe, à l'est de la Méditerranée sur lesquels les gazoducs n'arrivent pas et donc on doit asseoir notre place à ce niveau-là». Enfin, il a démenti les rumeurs faisant état d'une baisse de la production du gisement gazier de Hassi R'mel. Ce gisement, «depuis 1979, a un plan directeur respecté par tous les directeurs qui se sont succédé. Il y a un suivi d'une manière scrupuleuse, on arrive à des phases cruciales, c'est la mise en place d'un projet. Ce projet c'est le boosting Hassi R'mel, qui va permettre à des puits de produire plus longtemps. Ils seront opérationnels entre fin 2019 et début 2020, et réalisés par une groupe d'ingénierie japonais, et permettra dix ans de production de plus. Et, à l'orée de 2030, on verra ce qu'il va produire encore. Il y a un modèle pour Hassi R'mel qui tiendra la route au-delà de 2030». M. Mekmouch affirme que «Sonatrach a une vision pour l'avenir, mais elle a besoin de stabilité». |
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