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Grève des médecins résidents: Le conflit s'enlise

par Yazid Alilat

Le bras de fer entre les médecins résidents, pratiquement en débrayage ouvert depuis tout le mois de janvier à l'appui de revendications socioprofessionnelles, s'est encore compliqué, hier mardi, après le retrait de la délégation du Camra de la table des discussions avec les représentants du ministère de la Santé.

La colère était en fait perceptible au CHU Mustapha-Pacha, où les médecins résidents, venus de plusieurs wilayas du pays, s'étaient rassemblés pour exprimer autant leur colère que leur déception devant la lenteur des négociations autour de leurs revendications, dont la suppression du service civil. Jusqu'à présent, aucune des revendications, dont la suppression du service civil, le service militaire ou la mise en place d'un statut spécifique à cette catégorie socioprofessionnelle, n'a été satisfaite. Le bras de fer devait trouver un début de règlement hier lors d'une énième rencontre avec les représentants du ministère, mais l'absence du ministre à cette réunion semble avoir provoqué la colère, et autant la déception des représentants des médecins résidents. Le rassemblement au CHU Mustapha d'Alger a dénoncé, une fois encore, les atermoiements du ministère à trouver une issue consensuelle au conflit, indiquent des sources proches des contestataires. Dans un communiqué rendu public juste après la suspension de cette réunion, le Collectif autonome des médecins résidents algériens (Camra) a exprimé sa ?'colère'' et sa ?'déception devant la tournure qu'ont prise les événements''. Le Collectif a également déploré ?'l'absence du ministre à la table des négociations du fait de son déplacement en dehors du pays en cette période de crise''. ?'Aucune contre-proposition n'a été soumise'', ajoute le communiqué. De plus, le Camra a regretté ?'de se retrouver à la table des négociations avec un comité de réflexion sans aucun pouvoir décisionnel'', et dénoncé ?'la publication de comptes rendus non conformes à ce qui se passe et se dit durant les réunions''.

Par ailleurs, devant l'urgence de la situation, qui doit vite déboucher sur des solutions qui ouvriraient la voie à un règlement durable des revendications des médecins résidents, le Camra a, en outre, déploré dans son communiqué ?'la lenteur des négociations, ce qui se répercute malheureusement sur le malade en premier''. Le blocage des discussions avec la tutelle a été d'autre part exacerbé par des notes des établissements hospitaliers, qui avaient appelé les grévistes à rejoindre leurs postes de travail. Des notes avaient été affichées lundi, qui appelaient les grévistes à reprendre ?'immédiatement et sans condition'' le travail. Devant une telle situation, le ton est ainsi monté de plusieurs crans parmi des médecins résidents, qui ont menacé de ne pas assurer le service minimum, selon un représentant du Camra du CHU Mustapha-Bacha. De son côté, le secrétaire général du ministère de la Santé avait adressé, lundi, une instruction aux directeurs de la santé de wilaya et aux directeurs des établissements publics de santé dans laquelle il rappelle une précédente note leur demandant de ?'prendre les dispositions réglementaires qui s'imposent et ce, conformément à la législation et à la réglementation en vigueur, à savoir notamment la ponction sur les rémunérations au prorata des journées non travaillées''. Dans les rangs du Camra, la grogne reste encore forte. Cité par la presse, le Dr Yassine Balhi estime que ?'nous sommes les seuls à faire un service civil obligatoire. Partout dans le monde, le service civil est une alternative au service militaire. En Algérie, les spécialistes -uniquement les hommes- doivent faire les deux. Le service militaire dure douze mois. Quand on est envoyé dans le Sud, il faut attendre longtemps pour avoir un logement, qui n'est pas toujours à la hauteur de notre fonction''. Il y a encore la revendication d'un statut pour les médecins résidents, et sur lequel le ministère de la Santé reste évasif. Dimanche, le SG du FLN, le Dr Djamel Ould Abbès, avait affiché sa sympathie pour les revendications des médecins résidents, mais a déploré la méthode de leurs revendications. Dans des déclarations à la presse, il avait indiqué avoir eu des échanges avec le professeur Hasbellaoui, ministre de la Santé. M. Ould Abbès, qui n'a pas détaillé ces discussions, a souligné son soutien aux revendications des médecins résidents. Mais, il leur reproche la méthode adoptée, leur suggérant de reprendre le travail tout en protestant, en portant un brassard sur lequel est inscrit ?'en grève''. ?'J'ai lancé un appel à mes collègues médecins pour revoir leur méthode de revendication. Il faut préserver l'intérêt du malade. Qu'ils se remettent au travail en affichant par exemple qu'ils sont en grève, en mettant un brassard et je serai à leurs côtés pour les soutenir'', a-t-il dit. Enfin, cette grève a été déclarée illégale par la justice.