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La
gestion et l'élimination du phénomène de l'émigration clandestine, qui a pris
des proportions inquiétantes en 2017 avec plus de 3100 tentatives, nécessitent
un large débat national. Autant au sein du gouvernement, entre le gouvernement
et le mouvement associatif, avec la participation des jeunes et même des potentiels
«harraga». C'est ce qu'ont préconisé hier des acteurs
associatifs, député et cadre au ministère des affaires religieuses lors du
«Forum» de la radio chaîne 1. Le dossier des «harraga»,
ou de l'émigration clandestine, appelle également une meilleure appréhension du
phénomène par l'ensemble de la classe politique, estiment les participants à
cette émission, car pour eux, «il faut combattre ce phénomène de l'émigration
clandestine, qui porte un coup sévère à l'image de marque du pays».
Selon M. Nouredine Mohamedi, directeur de l'orientation au ministère des Affaires religieuses, le département de M. Mohamed Aissa appuie «la décision du Conseil supérieur islamique de décréter, par une fetwa, «haram» l'émigration clandestine.» Le Haut Conseil islamique avait décrété jeudi dernier une fetwa qualifiant de «haram» l'émigration clandestine, qui a été soutenue par le ministère des Affaires religieuses et des Wakfs. A son tour, le département de M. Mohamed Aïssa avait suggéré aux imams d'en parler dans les prêches de vendredi dernier. Pour Nouredine Benbraham, ancien scout et président de l'association «Adhoua Rights», «El harga» a été exacerbée et stimulée par les discours négationnistes et nihilistes de la classe politique, et même parfois par le gouvernement. «L'exacerbation de l'émigration clandestine a été le résultat du discours négatif et pessimiste, voire du climat de sinistrose, autant des partis politiques que du gouvernement depuis le début de la crise financière, en 2014''. «Ce qui a provoqué une panique au sein des jeunes par rapport aux difficiles perspectives d'avenir, alors que le phénomène avait baissé dans les années précédant la crise économique, avec les projets mis en place par l'Etat au profit des jeunes», a-t-il ajouté. «Une situation qui a fait que les jeunes avaient oublié le rêve européen, et s'étaient concentrés sur la réalisation de projets d'avenir, offert par plusieurs mécanismes étatiques» de prise en charge des jeunes. Le syndicaliste et parlementaire Ferhat Chibah a, de son côté, estimé que ce phénomène de l'émigration clandestine «n'honore pas la classe politique, puisque des familles entières, selon lui, ont préféré partir». Un des éléments explicatifs de ce phénomène auprès des jeunes est l'absence d'opportunités d'emplois, a-t-il souligné. Pour autant, même «haram», «el harga» continue d'avoir des adeptes, ce qui, selon les participants à cette émission, appelle à un large débat public sur cette question, avec la participation des «harraga» eux-mêmes. Certes, comme le souligne le député Ferhat Chebah, l'état «a fait en sorte de prendre en charge les jeunes, leurs projets à travers les financements bancaires», mais le problème, a-t-il dit, «en dépit des moyens importants donnés par l'Etat, c'est qu'il n'y a pas de dialogue avec les jeunes, pas d'associations de prise en charge de leurs attentes.» «Il faut que les ministères de la Jeunesse et du Tourisme offrent des potentialités aux jeunes», et «au niveau du parlement, il y a beaucoup de choses qui se font et que les citoyens ignorent», affirme-t-il, indiquant qu»'il y a des critiques du gouvernement, des ministres sur la gestion de certains dossiers sensibles, et que des solutions et des propositions sont faites par les commissions parlementaires que le citoyen ne connaît pas, et qui ne sont pas rapportées par les médias». Il ajoute: «pour nous, il y a l'absence de dialogue avec les jeunes, on ne parle pas beaucoup avec les jeunes sur leurs désirs, leurs attentes, ce qu'ils veulent, leurs projets, leur manière de voire les choses.» En outre, s'accordent à dire les intervenants à cette émission, «le gouvernement doit ouvrir un dialogue sur ce dossier et mettre en place une commission nationale multisectorielle pour examiner ce problème de l'émigration clandestine et le gérer, car il y beaucoup de jeunes qui meurent en mer. «On n'acceptera pas que des jeunes meurent en mer», souligne le député Ferhat Chebah. Le rôle des associations dans la gestion du phénomène est là également souligné, alors que le Parlement, estiment les participants à cette émission, «doit ouvrir un dialogue et un débat sur ce phénomène, qui doit faire partie des politiques publiques». En fait, ont-ils constaté, «il n'y a pas eu jusqu'à présent un débat sur ce phénomène de la Harga. Maintenant, on veut qu'il y ait un large débat, même avec les harraga, sur ce phénomène social», ont-ils préconisé, avant de relever que « toutes les promesses électorales n'ont pas été honorées sur ce dossier». Mieux, ils ont préconisé l'organisation d'une conférence nationale sur ce phénomène, et mettre en place des politiques publiques, qui «puissent être déployées pour enrayer ce phénomène.» Plus globalement, «il faut élargir le dialogue avec les jeunes», estime Nouredine Mohamedi, le représentant du ministère des Affaires religieuses. En 2017, les tentatives d'émigration clandestine avaient explosé, avec une prédilection pour la traversée vers l'Espagne et l'Italie, via l'île de Lampedusa. Plusieurs pays européens, dont l'Allemagne, l'Italie et l'Espagne avaient appelé les autorités algériennes à mieux contrôler les frontières du pays, et ont pris des mesures draconiennes pour arrêter et expulser systématiquement tous les «harraga», dont ceux algériens. Selon la Ligue algérienne de défense des droits de l'homme (LADDH), il y aurait eu entre le 1 janvier et le 31 décembre 2017 plus de 3 109 tentatives d'émigration clandestine, pour celles documentées seulement et rapportées par les gardes côtes algériens. Ces chiffres ne reflètent pas la réalité, selon la LADDH, qui estime qu'il s'agit uniquement des «harraga qui ont été arrêtés, sans tenir compte de ceux qui sont morts noyés en mer, et qui n'ont jamais été repêchés à ce jour». La ligue souligne d'autre part, qu'on ne connaît pas aussi les chiffres de ceux qui ont pu atteindre leur objectif en arrivant sur les côtes espagnoles ou italiennes. «Aucune information officielle, ni encore un chiffre ne sont, pour le moment, disponibles à propos de ces harraga», précise la Ligue dans un communiqué. Il y aurait, enfin, toujours selon la LADDH, plus de 17.500 Algériens détenus en Europe, autant dans les prisons que dans les centres de rétention administrative. |
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