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Pénibilité indéfinie? indéfiniment

par Abdelkrim Zerzouri

Franchement, le traitement du dossier des métiers pénibles traîne péniblement la patte. Plus d'une année après la promulgation de la loi 16-15 du 31 décembre 2016, qui a supprimé la retraite sans condition d'âge et la retraite proportionnelle, rien de sérieux n'a été entrepris dans le sens de la définition et la classification de ces métiers afin de permettre aux travailleurs concernés de bénéficier de la retraite anticipée. Parce que la loi en question stipule clairement dans son article ?7' que les travailleurs occupant des postes de travail présentant une haute pénibilité peuvent bénéficier de la pension de retraite avant l'âge de 60 ans, après une durée minimale passée à ce poste. Tout en soulignant que la liste des postes de travail et les âges correspondants ainsi que la durée minimale passée dans ces postes sont fixés par voie réglementaire. Hélas, cette «voie réglementaire» qui devait fixer la fameuse liste des postes ouvrant droit à la retraite sans condition d'âge, reste encore dans un état de piste impraticable. C'est à peine si on vient d'installer, le 20 janvier dernier, une commission d'experts chargée de définir la liste des postes de travail présentant une haute pénibilité et durées d'expositions minimales ouvrant droit à l'abattement de l'âge de retraite. On ne trouverait pas meilleure façon d'envoyer aux calendes grecques la définition et la notification pour adoption réglementaire de la fameuse liste des métiers pénibles. Aussi, ce coup de vent va temporairement clouer le bec aux travailleurs et leurs représentants syndicaux qui revendiquent la libération de la liste en question. D'ailleurs, lors de la cérémonie d'installation de cette commission d'experts, coprésidée par deux ministres (Travail et Santé), on n'a pas manqué de préciser, sans gêne aucune, que «la commission disposera de tout le temps nécessaire pour finir son travail convenablement» (dixit M. Mourad Zemali). Entendre qu'il n'y a aucun délai pour la remise des conclusions de la commission qui s'apprête à expertiser les métiers pénibles. Le hic, c'est que d'autres experts ont été à l'œuvre sur ce dossier pénible, sans qu'on fasse référence à leurs conclusions, au moins pour s'en inspirer. Le SG de l'UGTA a mis en place une commission, immédiatement au lendemain de l'annulation du départ à la retraite sans condition d'âge et la retraite proportionnelle, et son sort reste encore inconnu. Les syndicats de plusieurs entreprises qui comptent en leur sein, indiscutablement, de nombreux postes pénibles, ont remis des dossiers ficelés à cette commission UGTA chargée d'élaborer les listes des métiers pénibles, croyant ainsi que le travail sur ce chapitre est presque clos, et qu'il ne reste à attendre que le quitus officiel pour ouvrir la voie réglementaire des départs à la retraite anticipée devant ces travailleurs qui courent d'énormes risques de maladies graves en continuant leurs activités dans des postes à haute pénibilité. Ce bal d'experts qui n'arrive pas à sortir la tête de l'eau finira bien par noyer tous les espoirs nourris par les travailleurs, empêchés de faire valoir leurs droits à la retraite anticipée sous le fallacieux argument de l'absence d'une liste des métiers pénibles, qui existaient bien avant l'ordonnance de 1997 qui a ouvert la voie au départ à la retraite anticipée, et qu'il fallait tout juste actualiser. En attendant, les enseignants, les policiers, les personnels roulant de la SNTF, les travailleurs sur les chantiers du Sud, les travailleurs du complexe sidérurgique d'El Hadjar et d'autres encore, doivent prendre leur mal en patience et prier Dieu pour que cette commission d'experts aille vite en besogne.