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Energies renouvelables: «2017 a été une année blanche»

par M. Aziza

Des appels d'offres vont être lancés «très prochainement» pour le programme adopté en 2011 et mis à jour en 2015 par les pouvoirs publics, portant sur la réalisation d'une capacité globale de 22.000 MW issue du renouvelable, selon le ministre de l'Energie, Mustapha Guitouni. La construction de centrales photovoltaïques en Algérie progresse à pas de tortue. On est seulement à 400 MG sur les 22.000MW prévus d'ici 2030. C'est d'ailleurs le constat des experts et certains opérateurs dans le domaine des renouvelables, débattu jeudi dernier à la deuxième journée de la rencontre organisée conjointement par Sonatrach, Sonelgaz et le forum des chefs d'entreprises (FCE) sur la transition énergétique, à la Safex. Si le ministre de l'Energie, Mustapha Guitouni, et l'ex- PDG de Sonalgaz, M. Noureddine Bouterfa, ont parlé de «bon démarrage» pour les énergies renouvelables dans notre pays, l'ancien ministre, Abdelmadjid Attar, a été plutôt critique en affirmant qu'on a «un bon retard» dans la promotion des énergies renouvelables.

En se référant aux chiffres, Abdelmadjid Attar a expliqué qu'on a réalisé seulement 400MG de produits renouvelables en l'espace de 7 ans. C'est «insignifiant», dira-t-il, «sachant que nos voisins avancent beaucoup plus que nous». Et de conclure en affirmant qu'«il faut y aller plus vite, car à ce rythme on n'atteindra jamais les 22.000 MW d'ici 2030», présage-t-il. L'ex-ministre et ex-PDG de la Sonatrach enfonce le clou en affirmant que «j'ai appris hier que 2017 a été une année blanche en matière de réalisation des énergies renouvelables. Il me semble qu'en 2017, il n'y a pas eu un seul MW d'énergie renouvelable qui a été installé». «Nous sommes très en retard ; nous n'avons même pas lancé la première tranche des 22.000 MW, c'est-à-dire, les 4500 MW qui ont été déjà annoncés».

Le conférencier a plaidé pour la conception d'une loi spéciale pour les énergies renouvelles, la création d'un réseau de transport capable de répondre au besoin à long terme, la conception d'une carte énergétique pour les énergies renouvelables et une bonne gouvernance basée sur la communication et sur la coordination entre les institutions.

L'intervention de l'ancien ministre Abdelmadjid Attar a suscité la réaction du ministre de l'Energie qui a pris la parole pour affirmer que «nous avons tout de même assuré un bon démarrage avec les projets qui sont déjà en cours». Il reconnaîtra qu'il y a véritablement un problème de communication sur la question des énergies renouvelables. Il a expliqué devant l'assistance «qui fait quoi» dans le domaine des énergies renouvelables. M. Guitouni a orienté les opérateurs vers la commission de régulation de l'électricité et de gaz (la CREG), en insistant que le PDG de la CREG va désormais recevoir tous les jours les opérateurs désemparés pour les orienter. Il a affirmé en réponse aux critiques de M. Attar que la Sonelgaz fait 50 MW par an en énergie solaire, dans le cadre des centrales hybrides, et ce pour diminuer la consommation du diesel. «C'est un programme annuel qui avance tout doucement, cela veut dire qu'on ne s'est pas arrêté», précise-t-il. Il a également affirmé que des expériences de production de l'électricité à partir du solaire, menées par la Sonelgaz dans des régions du sud et des Hauts-Plateaux ainsi que du nord du pays «avaient donné des résultats satisfaisants».

Pour ce qui est du futur, le ministre a annoncé le lancement «très prochainement» d'un appel d'offres aux investisseurs nationaux et étrangers pour la réalisation de grandes capacités de production d'électricité renouvelable. Et le lancement d'un appel d'offres national, par voix de mise aux enchères, par le biais de la CREG, pour des offres de fourniture de quantités annuelles d'électricité d'origine renouvelable comprises entre 10 à 20 DWh par site. Et des offres de capacités de moins de 12 MW pas site pour les installations de cogénération.

Vers la création d'un Conseil pour les énergies renouvelables

Le ministre de l'Energie a évoqué la création d'un conseil pour les énergies renouvelables pour ne pas avancer en rang dispersé. L'idée de créer ce conseil repose sur le regroupement, notamment des institutions, des industriels nationaux et étrangers, des chercheurs et des experts, pour la concrétisation du programme national des énergies renouvelables en toute pérennité. Le ministre s'est beaucoup focalisé sur l'apport industriel. Pour le ministre, «il faut produire des panneaux photovoltaïques en Algérie, car leur importation n'est ni rentable, ni capable d'apporter une valeur ajoutée». Il dira qu'«à l'heure actuelle, nous n'avons que cinq entreprises qui travaillent dans le domaine des panneaux». Il précisera que «les cinq entreprises réunies font seulement 150 MW seulement», et que l'enjeu industriel pour pouvoir réaliser les 22.000 MW d'ici 2030.

Le partenariat international est incontournable, selon Bouterfa

L'ex-ministre de l'Energie et ex- PDG de la Sonelgaz a affirmé en réponse à M. Attar qu'on n'a pas besoin d'une nouvelle loi pour les énergies renouvelables. «Nous avons un modèle réglementaire largement suffisant pour développer les énergies renouvelables». Il insiste que «le cadre juridique régissant le développement des énergies renouvelables est favorable à l'investissement national et étranger». La grande question selon Bouterfa est le «financement» car, dit-il, pour financer un GW par an et l'assurer, l'investisseur a besoin de visibilité et il faut que la taille de la centrale soit importante en matière de capacité pour la maîtrise des coûts. Pour Bouterfa, il faut viser loin. «On opte pour quelle stratégie pour jouer dans la cour des grands». Il ne s'agit pas de faire uniquement le programme national, il s'agit d'attaquer le marché international à terme. Il conclut : «La technologie va très vite, la raison pour laquelle il faut travailler avec ceux qui ont la technologie, dans le cadre du partenariat international, pour qu'on soit au niveau de la Chine, pour qu'on soit les premiers à pénétrer sur le marché africain».