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Bedoui réunit les maires et présidents d'APW: Une absence et des supputations

par Ghania Oukazi

Nouredine Bedoui a réuni jeudi dernier les 1.541 présidents des assemblées populaires communales et 32 présidents des assemblées de wilaya, en présence des membres du gouvernement mais en l'absence du 1er ministre.

La salle du CIC Abdelatif Rahal de Club des pins était ce jour-là comble en comptant en plus des PAPC et PAPW, de nombreux responsables et cadres d'institutions comme le DGSN Abdelghani Hamel, le DG de la Protection civile Mustapha El Hebiri ou le wali d'Alger, Abdelkader Zoukh. La présence du secrétaire général du ministère de la Formation professionnelle, Nacer Bouteflika, n'est pas passée inaperçue. Elle a même suscité des commentaires jusqu'à la stupidité. Parrainée par le président de la République et organisée sur son instruction, la rencontre du ministre de l'Intérieur, des Collectivités locales et de l'Aménagement du territoire (MICLAT) a chevauché sur celle du Conseil national du RND qui se tenait au même moment à la mutuelle de Zéralda. Ahmed Ouyahia est ainsi apparu à ce niveau en tant que secrétaire général du parti mais a laissé son siège de 1er ministre vide à la réunion des collectivités locales au CIC.

Observation évidente, le télescopage des dates des deux événements est un fait du hasard, ce qui serait inadmissible pour des organisateurs, hommes du pouvoir qu'ils sont et qui calculent l'infime détail dans leurs perspectives. Ou alors, le but recherché est qu'Ouyahia manque au rendez-vous de la consécration de la journée nationale de la commune, ce qui ouvre grandement les portes de 2018 à toutes les supputations. Ce qui est sûr, c'est que Nouredine Bedoui a régné en maître sur une rencontre que Bouteflika a saisie pour instruire les nouveaux élus des communes et des wilayas sur la lutte contre la bureaucratie, la nécessité de la décentralisation, la modernisation du service public par sa numérisation, une gouvernance pragmatique et rationnelle de la finance publique, le renflouement de la fiscalité locale, l'encouragement de l'investissement et autre, le travail de proximité et l'association du citoyen dans la décision, le tout en vue d'un développement local durable.

Qualifiés de premiers responsables de la cellule de base de l'Etat qu'est la commune, les PAPC bombent le torse et réclament alors des prérogatives plus larges en tête? l'immunité et un salaire avoisinant celui des ministres. Ils l'ont fait savoir à toute la presse. Dans la longue lettre du président de la République lue pour l'occasion par son secrétaire général, El Okbi Habba, le chef de l'Etat met encore une fois en exergue son exigence de permettre à tamazight de se déployer dans les institutions de l'Etat en tant que langage d'échange entre l'administration publique et le citoyen. L'on se demande ce qui pousse Bouteflika à plonger le pays dans une frénésie subite pour lui inculquer un langage que seuls 25% (chiffre ONU) du peuple algérien maîtrise. Par une décision somme toute banale (l'institutionnalisation du nouvel an berbère), le chef de l'Etat a confondu origines, traditions et moyens de communication d'un pays immense qu'est l'Algérie. Il doit certainement savoir que le nouvel an berbère est célébré depuis la nuit des temps par de nombreuses régions du pays sans qu'aucune administration ne le leur demande.

Ballotés entre la langue arabe et le français (butin de guerre par excellence) et blasés par des pratiques bureaucratiques qui se fichent de la transcription juste de leurs affiliations, les Algériens vont devoir être forcés à déchiffrer des inscriptions dont l'alphabet diffère de région berbère à une autre?

Enivrés par le pouvoir jusqu'à perdre le sens de la nécessité impérieuse de l'unité nationale, les décideurs semblent ne point se soucier de l'impact d'un discours verbeux et de recommandations aventureuses qui veulent balayer d'un revers de la main une cohésion sociale déjà bien fragilisée par des intrigues régionalistes qui tirent leurs origines d'empoignades serrées tout au début du déclenchement de la guerre de libération nationale. Qui plus est, cette agitation est provoquée dans une conjoncture difficile et complexe où l'école algérienne se cherche une position moderne pour s'ouvrir au savoir et à la connaissance du monde.