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Les désillusions au sujet des
Investissements directs étrangers-IDE (hors hydrocarbures) en Algérie se sont
avérées, à présent, chose réelle.
Dans le cas du secteur privé national, en dépit des avancées remarquables enregistrées, des signes de décélération de la dynamique d'avancement sont source de soucis : amalgame dans les concepts d'envergure, faiblesse de sous-traitance d'intégration, prééminence du richissime et perspectives brumeuses. Quant au secteur public marchand, autant la feuille de route tracée en 1999 est bien lisible, autant sa mise en œuvre semble connaitre, en dépit d'indéniables grandes réalisations, des lenteurs incompréhensibles. L'un et l'autre des secteurs appellent évaluation et ressaisissement. Au-delà de l'apparence La panoplie de définitions de la Petite et Moyenne Entreprise (PME) n'autorise pas une lecture comparative à l'universel. L'Algérie qui a adopté la charte de Boulogne sur la PME, lui apporta des modifications dans le cadre de la loi d'orientation sur le développement de la PME N° 01-17 du 10 janvier 2017. Il s'agit d'un autre plan concret d'une démarche globale et cohérente, venant en complément du traitement du dossier «Secteur Public Marchand (SPM)». Ce Plan supplémentaire semble traduire, comme le plan de restructuration/privatisation du SPM arrêté en 2004,, plus que de la bonne fois, pour rattraper la diversification de l'économie nationale avortée en 1979. Trois raisons majeures, au moins, s'attachent à cette pétition de principe. Parce qu'il s'agit d'un secteur presque à 100% privé; la PME publique ne représentant plus, à fin 2016, que 0,04% (390 EPE) du total des PME algériennes, tous types et statuts confondus, y compris les «Très Petites Entreprises (TPE)». Et, parce que tous les spécialistes s'accordent, théoriquement du moins, sur le rôle déterminant de la PME dans l'industrialisation, dans la sous-traitance intégratrice de l'industrie et de l'économie et dans les exportations, dans un monde qui s'est, profondément, mondialisé. Les partisans de la fermeture et, jadis, de l'autarcie, sont, aujourd'hui, les plus fervents de l'ouverture et du libre échange. Les champions du libéralisme d'hier, tirent, en effet maintenant vers eux, la couverture du protectionnisme, renonçant à beaucoup de leurs engagements en matière de liberté des échanges commerciaux entre pays et entre régions du monde. L'arrangement trouvé lors de la conférence du G20 du 7-8 juillet 2017, tenue à Hambourg en Allemagne, a, plutôt, confirmé ces renoncements. Tout en confirmant la liberté des échanges commerciaux, cet arrangement prévoit, en même temps, sa remise en cause, en «cas de menaces sur les économies des pays membres » ; prévoyant la chose et son contraire, consacrant, en réalité, l'hégémonisme et la loi de la jungle. Quant à la troisième raison, elle a, globalement, trait à la faible structure du secteur (privé) et à ses faibles potentialités en croissance auto-entretenue, en dépit de sa constante progression numérique que reproduit, globalement, le tableau suivant, établi à fin décembre 2016: Secteur privé en Algérie à fin 2016 Ce secteur est constitué, à fin 2016, de 1 022 231 PME privées, tous types confondus, en progression de 10,20% environ, par rapport à l'année 2015 (934 037). La part des personnes morales n'y représente que 56,30%. Les personnes physiques y représentent 43,65% dont 20,64% de professions libérales et 23,00% d'activités artisanales. Une structure, on ne peut plus, très fragile, peu porteuse de potentialités productives de richesses, d'emplois, de réceptivité technologique, de capacités d'innovation et sans espoirs sérieux à l'exportation. Il est, par ailleurs, structuré en nombre de PME privées, tous types confondus, et par secteur d'activité, de façon aussi profondément déséquilibrée, comme suit : A titre comparatif, au niveau des 390 PME/ EPE (publiques) résiduelles à la même échéance (fin 2016), la structure, est, par contre, très diversifiée et mieux équilibrée comme le montre la tableau suivant: Le secteur des PME privées souffre, en outre, d'une très forte proportion de « Très Petite Entreprises (TPE) ou micro-entreprises qui représente, à fin 2016, un taux de 97,12% du nombre total des PME privées, de 2, 57% de petites entreprises et de 0,31% de moyennes entreprises, si l'on négligeait le poids des 390 PME/EPE (publiques) représentant un epsilon dans le poids total des PME et une fraction infime dans celui des petites PME et même dans celui des moyennes PME. Ces types de PME privées n'emploient, en moyenne, que 2,46 salariés-employeurs par entreprise, en stagnation par rapport aux années 2014 et 2015, contre 74,4 salariés par PME/EPE-publique. a- A titre de comparaison, la part des TPE dans l'Union Européenne, est de l'ordre de 92%. Le nombre de salariés par TPE y est d'une moyenne de l'ordre de 7 salariés, mais, par contre, avec un environnement économique relationnel, de loin, bien meilleur et sans commune mesure avec celui dans lequel se meuvent les PME privées en Algérie, que nous décrirons plus loin. Devant employer, théoriquement, en vertu de la Charte de Boulogne, rappelée plus haut, entre 1 et 9 salariés, mais qui n'emploie, en réalité, que, tout juste, 2,46 salariés-employeurs/entreprise en moyenne; mais, contrairement à ce qui est faussement répandu, il ne s'agit pas de vraies petites ou moyennes entreprises PME, qui, elles, emploient, selon les normes de la même Charte, respectivement, de 10 à 49 et de 50 à 249 salariés en moyenne par entreprise. Tromperie ou confusion à lever, par honnêteté. Ces TPE sont des micro-entreprises de statut familial, essentiellement, ne faisant pas appel, de ce fait, aux emprunts bancaires pour financer leurs affaires, par crainte de ne pas pouvoir les rembourser à leurs échéances; ou par croyance religieuse d'apparence opposée aux taux d'intérêts qu'elles jugent usuraires, dans une certaine mesure. Elles font recours, par contre, aux avances non rémunérées, auprès de proches et d'amis. A cet effet, quelques 88,2% de ces entreprises (TPE), tous secteurs confondus, déclarent s'autofinancer, selon une étude économique réalisée par l'ONS (1). Les entreprises créées dans le cadre de l'Agence Nationale de Soutien à l'Emploi des Jeunes (ANSEJ) se contentent du premier prêt bancaire à leur création, dans la majorité des cas. Ce sont, à vrai dire, des entreprises, plutôt artisanales, loin de pouvoir créer la richesse, ou de contribuer à l'induction d'une croissance autoentretenue, ou d'ambitionner l'accès aux nouvelles technologies et, encore moins, de les reproduire, ou de s'insérer à une quelconque sous-traitance d'intégration industrielle, ou de participer à l'absorption du chômage ou, en fin, de pénétrer les marchés extérieurs. Les quelques similitudes ou proximités avec les indices de l'Union Européenne ne devraient pas tromper. Car, elles ne sont que de façade. A leur statut familial, de plus en plus en personnes physiques, et à leur déconnexion du système bancaire, vient s'ajouter une raison de taille: Ces TPE (algériennes) sont de caractère individuel, esseulées et ne s'insèrent pas dans un quelconque réseau stable de sous-traitance industriel ou de services. C'est un caractère qui traduit une évolution en «solo» et ce, en l'absence de centres de production industrielle (usines), viables et assurant la permanence et la pérennité des activités ainsi que la proximité des affaires. C'est une différence fondamentale avec l'environnement industriel et de services liés, dont jouissent les TPE dans l'espace européen. b- A la même date (fin 2016), les quelques 26 281 «Petites Entreprises» privées algériennes, employant, théoriquement, entre 10 et 49 salariés (selon la charte adoptée par l'Algérie), ne représentent que (2,57%) du total des PME, tous types confondus (TPE, petites et moyennes entreprises,). Elles ne peuvent, de ce fait, compenser le grand déficit en production, en apport de croissance et en emplois économiques. Elles sont, en outre, handicapées par leur concentration autour de deux secteurs d'activités, seulement: les services avec 50,63% et les BTPH avec 32,15%. L'industrie, de faible élaboration de surcroit, n'y représente que 15,72% ; les BTPH étant trop dépendants des dépenses publiques qui sont, de plus en plus, jugées vulnérables dans la logique budgétaire en finances publiques. Les autres secteurs ne présentent pas encore de compétitivités distinctives ; à quelques rares exceptions près. c- Pour les entreprises privées dites «moyennes» selon la même Charte, visée ci-dessus, qui ne sont numériquement, à la même date, que 2 780 entreprises, employant, en moyenne, entre 50 et 249 salariés par entreprise et qui ne représentent que (0,31%) du total des PME privées, tous types confondus, comme déjà signalé, ne constituent qu'une part négligeable dans les emplois réellement créés. d- Quant au nombre d'entreprises privées de dimensions supérieures, employant en moyenne, plus de 250 salariés chacune et se situant en dehors de la même charte de la PME, il est, par déduction, numériquement insignifiant. C'est une petite dizaine avec leurs filiales (2). Elles activent dans tous les secteurs d'activités et sont faiblement capitalistiques, à l'exception de quelques unités de matériaux de construction et liants dont des briqueteries et des usines de revêtement de sols et de céramiques sanitaire, de raffineries alimentaires d'huile et de sucre, d'unités agro-alimentaires dont celles des dérivées de céréales et des dérivées des laits, de mise en boîte d'eau de source et d'une industrie naissante en médicaments, en montage électrique, électronique, électroménager et mécanique de petits équipements et outillages, en tréfileries de fer à béton, en câblerie électrique, en industrie du verre, en textile, en prêt à porter, en bois, en peaux et cuirs, en menuiserie aluminium, et dans la grande distribution de produits, majoritairement importés, ou de services liés ou complémentaires. Les BTPH y figurent, également, mais en chantiers éclatés, de dimensions très variables, d'emplois précaires et à durée limitée, en raison de la vulnérabilité propre à ce type d'activités, trop liées, encore en Algérie, à la dépense publique, comme déjà souligné. Les percées distinctives dans les domaines de l'assemblage des produits électroménagers et électroniques dont les téléphones intelligents, semblent, malheureusement, se contenter, chez les opérateurs privés, d'un très faible niveau d'intégration et de démarches, encore timides, à s'exporter. La baisse, depuis 2014, des recettes fiscales pétrolières, corrélativement avec la chute des cours de pétrole, a impacté directement le rythme des travaux de chantiers de BTPH voire remis en cause le lancement des chantiers qui étaient programmés avant cette dépression. Au moment où furent maintenues, en parallèle, avec aberration, des importations, sans utilités sociales notables, sur les réserves de change du pays dont le niveau chuta de presque 50% en trois ans (juin 2014-septembre 2017). Alors que, dans les pays de hautes ambitions, les grands projets stratégiques ne sont jamais remis en cause, quelque soit la conjoncture économique. Ils pourraient être, au plus, tout juste, plus étalés dans le temps. L'Algérie a bien le droit d'ambitionner la grandeur. Heureusement, les mesures prises, en septembre 2017, par les plus hautes autorités du pays, par la promulgation rapide de l'amendement de la loi sur la monnaie et le crédit, instaurant le recours au financement» conjoncturel»dit «non conventionnel», sont venues, à point nommé, soulager, sérieusement, encore une fois, les BTPH, par la levée du gel qui les frappe depuis 2015, en levant, dans la foulée, le gel qui frappait, également, les projets de grands travaux, stratégiques ou socialement indispensables. De même que par les mesures prises pour une meilleure régulation des importations effrénées, qui permettraient, si elles sont bien conduites, de conforter les effets positifs du léger redressement des cours de pétrole et de mieux rationaliser nos dépenses à l'importation, à court, moyen et long terme. Le repli du déficit commercial des huit premiers mois de l'année 2017, en constitue, à cet effet, un signe autorisant de sérieux espoirs de redressement. Nous demeurons, toutefois, et pour longtemps, assurément, devant un tissu privé industriel ou de services qui lui sont liés ou complémentaires, sans envergure, fortement dominé par des entreprises ne présentant pas de caractères à assurer la forte valeur ajoutée (sauf spéculative). Les quelques entreprises viables, mais de poids marginal dans le total, n'offrent, malheureusement pas, le contrepoids nécessaire. C'est un tissu qui ne peut, dans son état actuel, assurer la diversification économique recherchée. Les PME existantes, considérées, par exagération de certains auteurs et industriels privés, comme la colonne vertébrale de la croissance économique, sont numériquement et spécifiquement inexistantes dans des tailles viables pour porter cette invraisemblable affirmation qui est de nature à induire, en erreur, les décideurs dans leurs analyses et dans les mesures rectificatives à prendre, par conséquent. Quel bilan, alors, devrait-on faire de tous les programmes initiés par les pouvoirs publics pour promouvoir la PME ? A suivre Note Tableaux : Voir journal version papier (1) R.Tou. Thèse de doctorat en marketing des produits financiers et bancaires. 2015. P. 264. (2).G de la PME au ministère de l'industrie et des mines. Site web. Ministère de l'industrie. *Economiste, ancien ministre |
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