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La privatisation n'est pas une
initiative personnelle de M. Ahmed Ouyahia, mais une
décision du président Abdelaziz Bouteflika. Celui-ci n'a pas «recadré» le
Premier ministre, il l'a conforté.
La charte sur le partenariat public-privé, signée lors de la tripartite de fin décembre, change de parrain. Elle aura vécu deux semaines dans sa première version. Elle comportait tant de difficultés (Le Quotidien d'Oran de mardi 26 décembre 2017) que son application s'avérait difficile, sinon impossible. Elle vient d'être relancée, de manière aussi ambiguë qu'elle avait été adoptée. Le texte, qui ouvrait la possibilité de revenir aux privatisations d'entreprises publiques, conformément à des lois encore en vigueur, avait été adopté lors d'une rencontre entre le Premier ministre Ahmed Ouyahia, le patron de l'UGTA Abdelmadjid Sidi-Saïd, et le président du Forum des chefs d'entreprises (FCE), Ali Haddad. D'autre dirigeants d'organisations patronales avaient émis des réserves, ou s'étaient abstenus de l'avaliser. Le document est un fourre-tout comprenant des déclarations de principe, des mesures à prendre ne relevant pas de la tripartite, le rappel de dispositions législatives et les conditions à réunir pour recourir aux privatisations comme au partenariat public-privé. Il a été décrié dans la forme et dans le fond. Il a été accueilli par de nombreuses critiques, qui le remettaient en cause. Ce qui a amené le président Abdelaziz Bouteflika à se réapproprier le texte, pour lui donner plus de vigueur. La «décision finale» revient au chef de l'Etat La plupart des commentateurs ont vu dans la circulaire adressée au gouvernement au sujet des privatisations un recadrage du Premier ministre, voire un désaveu. Ce qui n'est pas le cas. Le président Bouteflika n'a pas abrogé la charte sur le PPP. Il a simplement rappelé que la décision lui revient en dernier ressort. C'est ce qu'a dit le ministre de l'Energie, Youcef Yousfi. «Aucune entreprise publique ne peut ouvrir son capital sans l'aval du président de la République ou du gouvernement», a déclaré M. Yousfi. Une correspondance en ce sens, signée par le secrétaire général de la présidence de la République, M. Habba El-Okbi, a été adressée au Premier ministre au moment où celui-ci réunissait, jeudi dernier, le conseil des participations de l'Etat pour évoquer les privatisations. Le message de M. El-Okbi ne remet pas en cause le choix des privatisations, mais en conditionne la décision à un accord du chef de l'Etat. «L'instruction présidentielle subordonne désormais tout projet d'ouverture de capital ou de cession d'actifs de l'entreprise publique économique à l'accord, préalable, de Monsieur le Président de la République», souligne M. El-Okbi. Il confirme ainsi ce qu'a dit M. Yousfi : «La décision finale revient au chef de l'Etat». Choix de conjoncture En endossant la décision de recourir aux privatisations, le chef de l'Etat lui donne plus de poids, abstraction faite de son contenu. Il souligne que ce n'est pas un choix du Premier ministre, ni de la tripartite, mais une option du président de la République lui-même. Il était du reste difficile d'envisager la chose autrement. En homme discipliné, sachant où se situent les limites de son terrain, M. Ouyahia ne pouvait tenter une telle aventure tout seul. Encore moins sur un terrain aussi miné, alors qu'il risque d'être soupçonné de la jouer perso, en vue de s'attirer les faveurs du patronat et de l'UGTA à la veille d'une échéance politique majeure. M. Yousfi, lui aussi issu de la grande bureaucratie d'Etat, ne pouvait sortir des clous pour tacler le Premier ministre. Il a simplement apporté une précision qui replace la décision d'ouvrir le processus des privatisations en la faisant endosser par le gouvernement. Erreur d'appréciation Ceci donne une tout autre idée du remue-ménage provoqué par les décisions de la tripartite concernant la charte sur le PPP et les privatisations. Il ne s'agit pas d'une initiative personnelle de M. Ouyahia, soucieux de plaire à ses amis en vue de se placer dans la perspective de la présidentielle, mais d'un choix politique du gouvernement, dans lequel l'exécutif espère trouver des solutions à la crise. Même si, au passage, M. Ouyahia peut se réjouir de trouver une occasion de corriger son image auprès des milieux d'affaires, en leur prouvant qu'il n'est pas leur ennemi. Il n'y a donc pas de fracture au sein du pouvoir sur la question. Au pire, l'impact de la symbolique de la privatisation a été sous-estimé. L'image du trio qui l'a portée, Ouyahia - Haddad - Sidi-Saïd, manquait de consistance pour prendre en charge un dossier aussi lourd. Il fallait donc rectifier le tir pour donner plus de légitimité à un choix aussi contesté. C'est désormais chose faite. Reste à passer à l'acte, ce qui se ferait dans le pire des conditions : l'Algérie n'a ni les institutions, ni l'expertise, ni le climat politique, ni la confiance requise pour mener une action aussi délicate. Dans les conditions actuelles, cela se traduira inévitablement par une immense gabegie et n'apportera aucun plus à l'économie du pays. |
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