Les délégués
des médecins résidents, en grève ouverte depuis fin décembre dernier,
multiplient les contacts à Alger pour faire pression sur les pouvoirs publics.
Jeudi, les représentants du collectif autonome des médecins résidents algériens
(CAMRA) ont eu une journée «marathonienne». «Nos représentants ont fait un
marathon aujourd'hui (jeudi) entre APN et Sénat. Ils ont fait aussi une petite
visite au Conseil national des droits de l'homme. Ils ont ainsi réussi à
obtenir une séance au ministère de la Santé qui se tiendra ce samedi 13
janvier», confie un délégué des résidents. Les spécialistes en formation
veulent profiter au maximum de l'élan de solidarité suscité par la répression
policière de la marche de l'hôpital Mustapha Pacha. Le forcing des blouses
blanches semble porter ses fruits. Les pouvoirs publics, qui avaient essayé
dans une première étape de contenir le mouvement de contestation des médecins
résidents en brandissant la menace des poursuites judiciaires et des sanctions
administratives, renouent avec le dialogue et optent désormais pour
l'apaisement. C'est le ministre de la Santé qui a été chargé par le
gouvernement de déminer le dossier. Le ministre de la Santé, Mokhtar Hasbellaoui, qui était intransigeant lors de la dernière
rencontre avec les délégués des médecins résidents, revient à de meilleurs
sentiments. Le ministre a ainsi multiplié dans ses dernières déclarations les
signes d'apaisement. Hasebllaoui, qui avait déclaré
lors de la dernière réunion avec les délégués de la CAMRA que certaines
revendications des résidents ne concernaient pas son ministère, s'est rétracté
pour annoncer mercredi sur Canal Algérie une rencontre avec le vice-ministre de
la Défense et chef d'état major de l'ANP le général
de corps d'armée, Ahmed Gaid Salah, pour «discuter de
la protestation des médecins grévistes contre leur exclusion des dispenses du
service national». Le ministre de la Santé a révélé, le lendemain, la tenue
d'une réunion avec les représentants des résidents en sciences médicales «dans
le cadre de la prise en charge des doléances des résidents en sciences
médicales». «Dans le cadre de la mise en œuvre effective et du suivi de la
prise en charge des doléances formulées par les résidents en sciences
médicales, le ministère de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière
a programmé pour ce samedi 13 janvier 2018 une séance de travail au siège du
ministère avec les représentants dument mandatés des résidents en sciences
médicales», précise le communiqué du ministère de la Santé. Autre signe
révélateur, qui montre que les pouvoirs publics optent pour la stratégie de
l'apaisement, les récentes déclarations du ministre de l'Intérieur, des
Collectivités locales et de l'Aménagement du territoire, Noureddine Bedoui, qui a annoncé mercredi des enquêtes en cours sur
«l'agression» de médecins résidents lors de leur mouvement de protestation dans
l'enceinte du Centre hospitalo-universitaire Mustapha Bacha. Dans une
déclaration à la presse à l'issue de la présentation d'un exposé sur le
règlement budgétaire de son secteur pour l'exercice 2015 devant la commission
des finances et du budget de l'Assemblée populaire nationale (APN), le ministre
affirmé que des enquêtes sont en cours pour mettre la lumière sur toute cette
affaire. «Tous les médecins algériens y compris les médecins résidents sont des
enfants de l'Algérie ayant bénéficié de tous les moyens nécessaires pour
devenir médecins», a affirmé le ministre, insistant sur l'importance «de suivre
la voie du dialogue et de la concertation pour exprimer les revendications et
préoccupations des citoyens et des différentes catégories professionnelles»,
rapporte l'APS. Il a rappelé également «les fermes instructions du président de
la République, Abdelaziz Bouteflika pour que les portes des institutions
constitutionnelles demeurent ouvertes devant tous les citoyens pour exprimer
leurs préoccupations et propositions dans le respect des lois de ces
dernières».