T. Djamila,
femme de ménage d'une quarantaine d'années, a été condamnée, jeudi dernier, à
la réclusion à perpétuité, pour enlèvement et mise en danger, d'une mineure, en
l'occurrence une fillette de six ans. Selon les éléments du dossier jugé par le
tribunal criminel près la cour d'Oran, la femme de ménage, employée dans une
maison à douar Boudjemaa, avait profité de l'absence
de son employeuse, un jour de juillet 2016, pour emmener la fillette de
celle-ci et mendier sur les plages de Mers El Hadjadj.
Lorsqu'elle rentrera chez elle et constatera l'absence de son enfant, la mère
se rendra à Arzew, lieu de résidence de T. Djamila, pour porter plainte, auprès
des services de police. Elle y retrouvera une connaissance de la femme de
ménage, qui venait de faire une étrange déposition:
elle avait rencontré Djamila, en compagnie d'une enfant qu'elle lui avait
présentée comme étant sa propre fille. Sachant que la femme de ménage n'avait
qu'une fille, vivant dans le quartier «Plateau», et prise de sérieux doutes sur
ses intentions réelles, la femme s'est rendue aux services de police pour
alerter sur un possible enlèvement. Des policiers se déplaceront à Plateau pour
tenter de localiser Djamila mais sa «véritable» fille répondra qu'elle n'avait
pas vu sa mère et ne savait pas où elle se trouvait.
Plus tard, la
femme de ménage réapparaîtra au commissariat de police, en tenant la fillette
par la main. Elle venait d'apprendre qu'elle était recherchée et qu'une plainte
pour enlèvement avait été déposée contre elle. Elle affirmera qu'elle avait
emmené la fillette, avec le consentement de sa maman mais les investigations
démontreront, par la suite, que ce n'était pas la vérité, que Djamila avait
enlevé la fillette et l'avait «utilisée» pour mendier, sur les plages de Mers
El Hadjadj. Elle sera arrêtée avant d'être inculpée par
le magistrat instructeur pour enlèvement et mise en danger d'une mineure de
moins de 16 ans. Au cours de son procès, l'accusée tentera de jeter le
discrédit sur son employeuse, mère de deux enfants qui, dira-t-elle, avait de
mauvaises fréquentations et s'absentait souvent et longtemps de chez elle. Elle
essaiera de minimiser la portée de son acte mais pressée par les questions et
les commentaires de la présidente d'audience, elle finira par craquer et
demander pardon : «Pardonnez-moi, je ne le referai plus», implora-t-elle le
tribunal. Ces regrets n'auront aucun effet sur le représentant du ministère
public qui soulignera la gravité de ce comportement et requerra la réclusion à
perpétuité pour un acte criminel dont la société algérienne a beaucoup souffert
ces dernières années. La défense, commise d'office, ne pourra que plaider les
circonstances atténuantes au regard de la vie sociale difficile de l'accusée
mais, au retour des délibérations, le tribunal déclarera l'accusée coupable des
faits reprochée et la condamnera à la réclusion perpétuelle.