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C'est au sortir
du règne animal que l'on attribue à l'homme la capacité à fabriquer et utiliser
différents outils. Le bâton, à côté de la pierre, fut l'un des premiers dont il
a fait usage. C'était à l'ère préhistorique où il était encore à l'état de semi-sauvage.
Depuis,le primate a évolué un peu partout dans le monde, il s'est redressé sur ses pattes arrières, son cerveau a pris du volume et lui fit atteindre des niveaux de technologie incroyables au point où il est capable de se faire substituer par des robots qui peuvent accomplir des tâches hautement complexes aussi bien si non mieux que lui. Tout cela s'est fait grâce, entre autre, à la confrontation des idées faisant que la sagesse a toujours triomphé de la force, la raison de la bêtise. Mais il ne semble pas que cette évolution ait été uniforme à travers toute la planète. Dans certaines contrées, comme chez nous,le temps ne semble pas s'être écoulé au même rythme, ni avoir déteint de la même façon sur notre « hommo-politicus ». La preuve en est que ce bâton de l'homo habilis, il ne l'a point lâché. Ce « témoin » amélioré et transmis par le colon, il l'a jalousement conservé à portée de mains et fait de lui l'instrument privilégié pour « débattre» des problèmes que ne manque pas de lui poser telle ou telle catégorie de citoyens/sujets. « El Qezzoul », comme on l'appelle chez nous, vient justement une fois de plus de faire son apparition avec fracas, causant aux médecins résidents hématomes et plaies béantes à l'intérieur même de l'enceinte où l'on est censé les soigner. Ce n'est pas que le sang des médecins soit plus précieux que celui d'autres citoyens, encore que?On comprend que, habitués à se faire soigner ailleurs, ceux qui ont ordonné la bastonnade, n'aient pas besoin de nos médecins mais quand même, il y a d'autres moyens de communiquer et la population du bas a encore besoin d'eux. D'autant,qu'avec un BAC plus 12 il est permis de penser qu'il est, en principe, plus aisé d'enclencher un débat et de trouver les solutions, même partielles, aux problèmes réels d'une profession vitale qui ne finit pas de manger son pain noir, au point qu'elle est obligée de s'expatrier laissant un vide dans lequel se sont engouffrés les « rakis », « hidjamistes » et autre charlatans qui ne demandaient que ça. Débat d'autant plus aisé, que le corps médical n'est pas spécialement connu pour son esprit vindicatif, « khechinite » et agressif. Et puis après tout, la manifestation pacifique n'est-elle pas un moyen d'expression démocratique ? Non ! Ils ont dit non là-haut, au sommet de la cime. D'accord pour les « « manifs » spontanément organisées en tant que soutient à l'ordre existant ou pour fêter l'équipe nationale de foot, mais de contestation :walou ! Certains crédules s'étonnent de cette violence et poussent des cris d'orfraie à chaque fois que la massue s'abat sur les têtes qui osent. Ils ne parviennent pas à concevoir qu'il y a un lien indissoluble entre la trique et la nature du système. Que c'est là le moyen de sa survie et qu'il lui est aussi indispensable que ne l'est la canne à un non-voyant. La violence est en effet consubstantielle à tout système figé qui refuse de se réformer, elle lui est aussi nécessaire que le carburant pour un engin mécanique, à la différence que c'est un carburant qui ne lui permet de se mouvoir que pour mieux faire du sur-place. La violence est dans son essence même (sans jeu de mot), c'est elle qui le fonde et c'est par elle qu'il se perpétue, jusqu'au jour où il rencontrera plus fort que lui.Instaurer le débat contradictoire et en faire la règle du vivre ensemble, c'est accepter d'avoir tort et laisser place de temps à autre à ceux qui ont de meilleurs arguments, ce qui n'est pas concevable pour ceux qui font de la raison du plus fort toujours la meilleure, pour ceux dont, la raison de vivre,la principale préoccupation sont de défendre un pré carré, une rente de situation. On ne connait pas encore de félin qui accepte d'abandonner sa proie avant qu'il ne soit repu, ce qui ne semble pas être notre cas tant les appétits sont immenses, les prédateurs nombreux et le Sahara aussi vaste. Bien sûr les motifs avoués pour actionner la trique sont toujours autres, c'est le trouble à l'ordre public, l'atteinte à la sécurité de l'Etat, la main de l'étranger etc., etc?mais en réalité c'est le fait même de contester, de refuser de se plier à une règle de conduite, fondée sur la soumission inconditionnelle, qui en est la cause. Elle provoque chez le maître- dominant un sentiment de détresse, une peur bleue que cela fasse tache d'huile et contribue à créer ou modifier un rapport de force susceptible d'ébranler l'édifice. Traquer le « mauvais exemple », éteindre les premières flammèches avant que l'incendie ne dégénère : voilà le leitmotiv ! 2018 est une année qui ne s'annonce pas sous de bons auspices, elle pourrait être porteuse de dangers potentiels, de troubles, compte tenu de la conjoncture géopolitique internationale, de la chute de la rente qui ne pourrait plus acheter la paix sociale et de ce qui attend les citoyens au plan de leur pourvoir d'achat notamment. Même si leurs revendications sont on ne peut plus légitimes, les médecins ont eu peut être la « mauvaise idée » de les poser au moment où le pouvoir est le moins enclin à accepter une sédition et encore moins à mettre la main à la poche. Mais si les médecins n'ont pas su choisir le bon timing, est-ce une raison pour les bastonner aussi cruellement et leur opposer une fin de non-recevoir ? Non seulement l'Autorité ne semble pas avoir pris conscience de l'ampleur du discrédit dont elle s'est « paré », autant du point de vue de l'opinion nationale qu'internationale, mais elle pense de plus qu'il suffit de casser le thermomètre pour modifier la température. Faux, faux sur toute la ligne !Car cette méthode ne fera que durcir tous les mouvements revendicatifs dont bon nombre sont en liste d'attente. L'Autorité ferait bien de méditer cet adage tout en sagesse du terroir selon lequel « lsanehlouyerdha' llwebba -une langue sucrée (douce) peut téter la lionne ». Souhaitons qu'elle le fera sienne et qu'on n'en arrivera pas au tsunami qui emportera le bébé avec l'eau du bain, car ce jour-là certains regretteront d'avoir « manqué d'intelligence »,de ne pas avoir témoigné d'un peu de respect à qui de droit ni répondu à l'appel du juste tant que le dialogue était encore possible. C'est comme cela que se rate les occasions historiques et ça s'est déjà vu. Quant à ceux qui ont manié le bâton, le face à face avec leur conscience sera leur pénitence le jour où ils se retrouveront contraints, face à ces femmes et hommes en blouse blanche,de quémander quelques soins, car inéluctablement ce jour arrivera. |
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