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![]() ![]() ![]() ![]() Les
dernières mesures de régulation du commerce extérieur, en particulier
l'interdiction d'importation de carreaux et faïences, décidée à la fin de
l'année dernière, provoque une véritable panique dans certains métiers, en
particulier celui de l'industrie de la céramique. La dernière note du ministère
du Commerce relative à l'interdiction d'importation de près de 900 produits,
englobe également la matière première nécessaire pour l'industrie de la
céramique, comme pour la céramique d'art, traditionnelle. La note du ministère
du Commerce porte ainsi sur le gel de l'importation de 18 positions tarifaires
relatives aux différents types de carreaux en céramique rouge ou blanche.
Suffisant pour susciter une panique au sein des professionnels de la filière
qui emploie directement ou indirectement un peu plus de 200.000 travailleurs.
Une industrie d'ailleurs très bien répartie dans les régions nord du pays, dans
l'Oranie, avec la région de Tlemcen, l'Algérois
(Blida, Tipasa, Alger, Boumerdès), la Kabylie, et
l'est du pays, de Bordj Bou-Arréridj à Annaba. En
fait, selon un représentant de l'association nationale des céramistes, la
longue liste des produits interdits à l'importation du ministère du Commerce
concerne notamment deux intrants, considérés comme matière première par les
professionnels du secteur. «Les deux produits interdits à l'importation sont
obligatoires dans le processus de fabrication» de la céramique, a expliqué dans
une déclaration à la radio Chaîne 3, Moncef Bouderba.
Il s'agit, selon lui, «d'une réelle menace pour ces entreprises», avant de
préciser qu'il y a «un seul fabricant national de ces deux intrants, mais il ne
peut satisfaire la demande de toute l'industrie» de la céramique en Algérie. En
outre, tous les produits considérés comme matière première ont vu leur prix
augmenter. «Le prix du m2 de la faïence a augmenté, passant de 1.400 DA à 2.500
DA», a indiqué au Quotidien d'Oran un céramiste installé à la maison de
l'Artisanat de Bab El Oued, à Alger, qu'avait
d'ailleurs inaugurée le président Bouteflika en 2006. «En outre, la matière
première également commence à manquer», ajoute-t-il, et «le carreau importé,
qui est une matière première pour nous, est considéré comme produit fini par la
douane, et donc interdit d'importation». «Or, pour nous céramistes, c'est une
matière première, un support pour travailler dessus. Mais, les douanes ne
comprennent pas cela, et le considèrent comme produit fini, au même titre que
l'autre matière première, le biscuit sur lequel on travaille des motifs,
ensuite le finir avec du glaçage à partir de l'émail», explique-t-il. «Ils ne
veulent pas comprendre qu'il s'agit, autant pour la faïence en carreau rouge ou
pour le biscuit brut que c'est un produit de base, une matière première pour
tous les spécialistes de la céramique, qu'elle soit d'art ou industrielle, dans
le monde». Il poursuit: « Ils nous disent de prendre
la matière première locale. Nous, on veut bien, sauf que cette matière première
est bonne pour fabriquer des tuiles, pas pour la faïence, un produit noble sur
lequel il y a énormément de travail, comme le dessein, l'émail, le glaçage...
puis la mise au four à de hautes températures spécifiques à chaque produit».
Installé à la maison de l'Artisanat de Bab El Oued, sur les hauteurs d'Alger depuis son ouverture en 2006, ce céramiste d'art, comme pour les industriels de la filière, estime que le ?'métier'', en dépit d'une forte demande nationale, souffre déjà assez du manque de matière première, aussi bien locale qu'importée, dont le kaolin ou l'argile blanche pour la fabrication de céramique, faïence et poterie. «Pour nous, les pouvoirs publics ne peuvent pas interdire comme çà, du jour au lendemain, l'importation de matières premières pour certains types de métiers. Il faut préparer les choses avant d'interdire», poursuit le céramiste. «Nous pensons qu'avant de prendre des décisions hâtives, le gouvernement doit d'abord discuter avec les professionnels, les artisans, les spécialises de ces métiers sur leurs préoccupations et leurs besoins. Et non pas brider ces métiers nobles, qui font vivre l'artisanat algérien, qui perpétuent cette culture, ce métier difficile, qui fait les beaux jours des professionnels ailleurs au Maghreb et en Europe, en Espagne et au Portugal en particulier». La décision du ministère du Commerce sur l'interdiction de certaines matières premières de l'industrie de la céramique va fatalement impacter tout un secteur manufacturier et, par ricochet, la plupart des projets d'habitat, boulimiques en produits de céramique, faïencerie et dalles de sol. Le ministre de l'Industrie Youcef Yousfi, alerté sur ce problème, aurait promis de réagir dans les plus brefs délais pour trouver des solutions. «De façon à ne pas gêner les activités de nos entreprises», a-t-il dit. Selon lui, il s'agirait «d'une confusion», et a indiqué qu'il a commencé à examiner le problème et les demandes des professionnels du secteur. Il s'est également engagé à encourager les professionnels du secteur de la céramique qui génère, bon an mal an, un chiffre d'affaires de plus de deux milliards de dollars. |
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