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Le mouvement de
protestation des médecins résidents se durcit après la répression policière
mercredi de la marche nationale des délégués des blouses blanches au CHU
Mustapha Pacha. Les images des jeunes médecins maculés de sang ont fait le tour
du monde. Des chaînes satellitaires internationales (BBC, France 24?) ont
consacré des émissions spéciales aux malheureux événements d'Alger. Les images
désolantes publiées sur les comptes personnels des résidents sur les réseaux
sociaux sont reprises en boucle par les médias. A l'ère du facebook,
de twitter, d'instagram et
des smartphones, les pouvoirs publics se trouvent totalement dépassés par la
tournure qu'ont prise les événements. Les messages de solidarité et de soutien
affluent de partout. Les syndicats des professeurs, des maitres assistants, les
intellectuels, les paramédicaux? ont exprimé leur soutien aux spécialistes en
formation.
Le conseil régional de l'Ordre des médecins de Blida a aussi regretté les « images insoutenables des têtes ensanglantées des résidents ». Dans un communiqué d'une rare virulence, sous le titre : « l'élite matraquée, l'avenir fracassé », le conseil régional de l'Ordre dénonce et condamne l'«usage de la force et la répression violente, brutale et inhumaine qui ne peut et ne doit être la réponse à une manifestation pacifique de revendications légitimes ». « L'image de policiers surarmés de gourdins et hyper protégés de boucliers tabassant et visant les têtes, la matière grise aux sens propre et figuré, de médecins désarmés est révoltante et insoutenable», regrette le Conseil régional de l'ordre des médecins de Blida. Sur le terrain de la protestation, les événements se sont précipités au lendemain de la répression policière de la marche nationale à Alger. Des centaines de médecins résidents ont improvisé une marche à l'EHU 1er Novembre d'Oran où ils ont scandé des slogans hostiles à la police et aux deux ministères de tutelle : «Y en a marre de la hogra », «Ça suffit ! Ça suffit !», « Les résidents en colère », « Solidaires, solidaires?tous solidaires », « On ne veut pas de la nouvelle loi sanitaire », «La police au service de l'injustice », etc. Les blouses blanches, en colère, se sont dirigées, ensuite, vers l'hôpital régional de la Sûreté nationale situé à un jet de pierre de l'EHU 1er Novembre. Dans une démonstration de force, les résidents ont tenu un sit-in devant la porte principale de cet hôpital et lors duquel ils ont crié leur colère contre l'«instrumentalisation de la police dans la répression des médecins ». « Nous n'avons pas peur de vous !», ont scandé les médecins en colère. La circulation automobile a été perturbée à cause de cette action sur le CW 46, une route névralgique reliant Oran à des périphéries peuplées (Hassi Bounif, Sidi Maârouf, Hassi Ameur, Boufatis, Hassi Ben Okba...). Les médecins ont rebroussé chemin pour rejoindre l'EHU 1er Novembre, mais ils semblaient déterminés à poursuivre la contestation dans les jours à venir. Les délégués des résidents ont ainsi appelé à une mobilisation générale pour un rassemblement de protestation nationale qui se tiendra cette fois-ci à Oran le mardi 9 janvier courant. Cet appel a eu un écho favorable parmi les spécialistes en formation à Oran. Les résidents de l'hôpital militaire régional universitaire d'Oran (HMRUO) qui n'avaient pris part à la contestation ont décidé ainsi de rejoindre la grève illimitée à partir de dimanche 7 janvier en cours. Les résidents de l'EHU Canastel spécialisé en pédiatrie ont également annoncé le boycott des gardes. Fort du soutien des puissants syndicats du secteur de la santé et après avoir gagné l'opinion publique nationale, les spécialistes en formation vont profiter au maximum de cet élan de solidarité pour arracher le maximum de leurs revendications. Les pouvoirs publics se trouvent aujourd'hui au pied du mur. |
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