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Dès
demain 1er janvier 2018, des hausses des prix de grands produits de
consommation seront enregistrées. Des hausses qui iront en cascade devraient
toucher les grandes familles de produits de large consommation, allant des
denrées alimentaires aux transports, aux demi-produits et autres prestations de
services. La loi de Finances 2018 consacre, dans son article 33, la hausse des
prix des carburants, validée par l'Autorité de régulation des hydrocarbures
(ARH) dans sa décision n°76 du 25 décembre. A partir du moment où les prix à la
pompe des carburants augmentent, tous les autres produits devront connaître des
hausses, plus ou moins importantes, à l'exception des produits subventionnés.
Depuis 2015, c'est ainsi pour les ménages algériens, qui doivent composer avec
des hausses des prix devenues, aujourd'hui, cycliques. Après les hausses de
2016 et 2017, les nouveaux prix à la pompe pour l'année 2018 seront, pour l'essence
normale de 38,95 DA/litre (contre 32,69 DA en 2017), de 41,97 DA/litre pour
l'essence super (contre 35,72 DA en 2017), et de 41,62 DA/litre pour l'essence
sans plomb (contre 35,33 DA), alors que le prix du gas-oil passera à 23,06
DA/litre (contre 20,42 DA). Le prix du GPL-c restera inchangé par rapport à
2017 (9 DA/litre). Ces augmentations des prix à la pompe vont automatiquement,
impacter de larges secteurs industriels, agricoles, agro-industriels, et bien
sûr, les transports. Premiers concernés par ces hausses de tarifs de
carburants, les transporteurs vont annoncer dans les prochains jours la hausse
des prix qu'ils auront, en principe, négociée avec le ministère de tutelle pour
les transports urbains, suburbains et des grandes lignes autant pour les autocars
que pour les taxis. Jeudi à Mostaganem, le ministre en charge du secteur a tenu
à rassurer l'opinion publique, en indiquant que cette hausse des tarifs des
transports publique sera « symbolique », sans pour autant la quantifier. Les
transporteurs comme l'Association de protection du consommateur (APOCE)
estiment logique que la tarification des transports soit revue à la hausse, non
seulement par rapport aux deux hausses consécutives des prix à la pompe (2017
et 2018), mais également par rapport à la hausse des prix de la pièce détachée,
et donc de l'entretien des véhicules. Il faut rappeler que la loi de Finances
2017 avait augmenté de 2 points le barème de la TVA (taux normal et taux
réduit) de 7 à 9% et de 17 à 19%. Ce qui avait eu pour effet de gonfler la
structure des prix et accentuer la pression inflationniste. Résultat : tous les
produits non subventionnés avaient connu des hausses allant de 1 à 10%, parfois
plus. L'année 2018 ne fera pas exception. Pis, elle devrait enregistrer des
augmentations de prix plus accentuées qu'en 2017, en particulier sur la filière
agricole, où les prix s'emballent ces deniers jours, avec la hausse annoncée
des tarifs de transports, y compris pour les marchandises. Hier samedi, avant
dernier jour de l'année, les prix des légumes enregistraient des « pics » par
rapport à la moyenne des prix pour le mois de décembre. La tomate était à 140
DA/kg en moyenne, la pomme de terre à plus de 65 DA/kg ou les poivrons,
haricots verts et rouge en moyenne à plus de 140 DA/kg, en dépit de la
profusion de produits. En fait, la seule augmentation des prix à la pompe aura
un effet boule de neige sur tous les produits et services. A noter que la
collecte de signatures, lancée par l'APOCE qui voulait récolter 2 millions de
signatures contre la hausse des tarifs de carburants et l'envoyer au Président
Bouteflika a fait choux blanc.
Tout le monde attend de voir quelles seront ces hausses annoncées, même si le gouvernement, par la voix du ministre des Transports se veut rassurant : la hausse des tarifs des transports « n'est pas exorbitante, et est presque symbolique », a indiqué le ministre, précisant que « les décisions portant sur la tarification du transport public respectent le pouvoir d'achat des citoyens, l'intérêt et les revendications des transporteurs comme les coûts de la maintenance et du carburant. » Faudrait-il s'attendre à une accélération de l'inflation ? Il est permis de le prévoir avec l'impact qu'aura sur la structure des prix, la hausse des carburants, même si pour le gazole utilisé par les agriculteurs le gouvernement a prévu des compensations. Au mois de novembre dernier, l'inflation annuelle moyenne était de 5,8%, avec une augmentation généralisée des prix des produits de consommation, y compris l'habillement et les articles scolaires. Or, la loi de Finances 2017 tablait sur un taux d'inflation maîtrisé de seulement 4%. Avec une troisième hausse successive des prix à la pompe dans un contexte économique et financier stressé, une stagnation des salaires et une économie qui n'offre plus d'opportunités d'emplois, l'année 2018 débutera avec des hausses de prix qui vont accentuer, davantage, le malaise social, et creuser, encore plus, le fossé social entre riches et pauvres. A ce moment, les transferts sociaux (1.760 milliards de DA) consentis par le gouvernement, au profit des couches défavorisées, n'auront plus aucune signification. Même si le ministre des Finances Abderahmane Raouya affirme le contraire. Lors de la présentation de cette LF2018, il avait soutenu que la politique sociale de l'Etat « veillera sur les couches sociales les plus défavorisées ». « Ce projet (LF2018, Ndlr) préserverait le pouvoir d'achat des ménages, à travers le maintien du même niveau des transferts sociaux, sachant que ces derniers s'élèveront à 1.760 milliards de dinars en 2018. » |
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