La dernière
sortie du chef du FLN Djamel Ould Abbès
aura été sibylline. Mais, sur la prochaine présidentielle, il aura surtout
confirmé que les jeux sont faits, dans sa tête, pour la désignation du futur
candidat du parti. S'il a laissé le suspense durer jusqu'au prochain comité
central, prévu en mars prochain, il aura au moins évacué un candidat virtuel,
Saïd Bouteflika, que la rue comme le landerneau politique algérois avaient soupçonné
de vouloir succéder à son frère. Et, comme à son habitude, Ould
Abbès a pris sur lui de servir de porte-parole du
conseiller du président, pour affirmer, jurer même, que celui-ci ne brigue par
la présidence. Ould Abbès a
convaincu tout le monde, sauf qu'à ce jeu, il est en train de mettre la
pression non pas sur ses adversaires politiques, en particulier le Premier
ministre et chef du RND, mais sur les milieux proches du président Bouteflika,
où on ne fait pas pour le moment grand mystère d'une plausible candidature pour
un 5e mandat. Au FLN, on en est convaincus, et l'on prête même l'intention à Ould Abbès de pratiquement
pousser le président Bouteflika à briguer un 5e mandat, en dépit de son état de
santé. L'échéance de 2019 n'étant pas très loin, les manœuvres ont, en fait,
commencé, et les préparatifs en voie d'être annoncés. A moins de 15 mois de
cette échéance, il est ainsi curieux de relever qu'aucun parti n'a pour le
moment annoncé une candidature à ces élections. La scène politique nationale semble
à l'arrêt, figée, en attente d'un événement majeur, peut-être l'annonce de la
non-candidature de Bouteflika à la présidentielle de 2019, et donc une
situation tout à fait nouvelle, qui libère toutes les initiatives, ouvre tous
les appétits. C'est pour cela qu'il ne faut pas mettre de côté tout ce que dit
Djamel Ould Abbès, ou
quelques autres personnalités politiques dont les déclarations sont beaucoup
plus des ballons-sondes que des vérités absolues, à
défaut des stratégies. Le chef du parti majoritaire à l'APN a laissé entendre,
à plusieurs reprises, que le président Bouteflika peut briguer un 5e mandat, et
que la Constitution révisée n'interdit pas, même si les mandats présidentiels
ont été réduits à deux. Pour autant, les milieux dont Ould
Abbès est le porte-parole ne sont pas contre cette
éventualité, même si cela peut faire désordre. A l'autre bout des prétentions
du chef du FLN, il y a de nouvelles options, qui commencent à reprendre du poil
de la bête, comme le revenant Chakib Khelil, qui a
pratiquement «massacré» la stratégie de sortie de crise adoptée par le Premier
ministre, Ahmed Ouyahia. La sortie du bois de Chakib Khelil, à un moment crucial pour le gouvernement, qui a pu
faire adopter une LF2018 sans grands attraits est-elle fortuite ? Proche d'entre
les proches du président, Chakib Khelil est une voix
écoutée. A moins qu'Ahmed Ouyahia ne soit vraiment un
fusible, et que lui-même ait accepté de jouer le jeu, la partition de
l'ex-ministre de l'Energie dans la préparation du climat politique devant
présider à l'annonce d'un 5e mandat du président Bouteflika semble en train
d'être écrite. Mise en scène. Avec l'appui des soutiens traditionnels, partis
comme institutions.
Le
conseiller du président, Saïd Bouteflika, étant à son poste, rien ne dit qu'il
ne fasse que son «job» pour baliser la voie à une élection présidentielle 2019
avec comme un des protagonistes, le président Bouteflika. Même si, entre-temps,
la recherche d'un successeur au chef de l'Etat ne semble pas avoir été lancée,
à moins qu'on ne sorte, d'ici là, un potentiel candidat que le président
lui-même adouberait. Nous n'en sommes pas encore là.