Disons-le tout net, quand l'autorité judiciaire parle du phénomène des
disparitions ou d'enlèvements de mineurs pour aider à le réduire, c'est que le
danger est vraiment là et qu'il y a péril en la demeure.
Conscient du problème, le tribunal de Tlemcen a organisé en fin de
la semaine dernière une journée d'étude pour les officiers de la police
judiciaire de la Sûreté nationale et la gendarmerie. Pour la première fois, on
a noté la présence de journalistes ainsi que des représentants d'associations de
l'enfance et éducatives. Le procureur de Tlemcen, Kaoubi
Belahouel, qui a animé la rencontre, s'est longtemps
attardé sur le cadre juridique régissant la protection de l'enfance dans notre
pays. Il comprend, selon lui, quelque 150 articles. Il a, ainsi, apporté un
éclairage sur les différentes typologies de disparitions et sur ce qu'il
convient de mettre en œuvre pour retrouver les enfants. Il a détaillé l'article
47 sur le cas des enlèvements de mineurs et la conduite à tenir. «La notion de
disparition inquiétante recouvre plusieurs hypothèses prévues par la loi n°
15-12 du 15 juillet relative à la protection des enfants et des adolescents.
Une disparition doit tout d'abord être qualifiée d'inquiétante si la personne
est mineure. Toute disparition de mineur doit déclencher une enquête adaptée, y
compris s'il s'agit d'un départ volontaire de l'enfant. La police et la
gendarmerie peuvent estimer si la disparition d'un majeur présente un caractère
inquiétant ou suspect eu égard aux circonstances, à l'âge ou à l'état de santé.
Lors du signalement d'une disparition d'enfant, les apparences peuvent être
trompeuses. Une fugue, par exemple, sera parfois traitée comme une disparition
très inquiétante, notamment si l'enfant est jeune, s'il présente une fragilité
psychologique, un problème médical ou des tendances suicidaires. La disparition
peut être une expérience traumatisante aussi bien pour les parents que pour
l'enfant disparu ou enlevé. L'enfant est vulnérable dès qu'il quitte le giron
familial. Sa disparition, ou coup de tête, peuvent rapidement se transformer en
cauchemar pour lui, car il s'expose à des rencontres qui peuvent s'avérer dangereuses: l'alcool, la drogue, le crime, l'exploitation
sexuelle, etc.», a souligné M. Kaoubi en mettant
l'accent sur la prévention des disparitions qui ne sont pas, selon lui, une
fatalité. Dans ce cadre, le procureur a appelé les associations à soutenir les
parents des victimes, et à diffuser auprès des parents et des enfants quelques
conseils simples permettant d'identifier les situations à risque et d'adopter
des réflexes utiles. Il a aussi demandé aux gens de la presse de vérifier et
recueillir l'information auprès de la source officielle et de s'assurer des
faits pour éviter la désinformation qui alimente la rumeur et les scoops
inutiles qui créent la zizanie, la panique et la terreur au sein des familles,
car souvent, a-t-il ajouté, les répercussions psychologiques sur l'enfant placé
dans une situation de rupture familiale basée sur de tels conflits sont
considérables. Il a rappelé les nombreux cas de tentatives d'enlèvement
survenus ces derniers mois qui sont dus finalement à une fugue à cause d'un
conflit familial dont l'enfant est souvent l'otage, et la série de mesures
visant à juguler le phénomène des kidnappings d'enfant prises dans notre pays
et le durcissement des sanctions contre les auteurs. Il conclut sur la
sensibilisation et la prévention pour lutter contre ce fléau qui se répand dans
la société et le traitement judiciaire.