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Les
Palestiniens n'attendent rien de concret de la Ligue arabe dont le Conseil des
ministres des Affaires étrangères s'est réuni hier en «urgence» au Caire pour
examiner les derniers développements concernant El Qods
après la décision du président américain de reconnaître cette ville comme
capitale «indivisible» d'Israël. Ils savent parfaitement en effet que
l'organisation panarabe est sous la coupe d'une majorité d'Etats membres pour
qui leur cause n'est plus une priorité qui vaille à ce titre qu'ils se fâchent
avec l'Amérique dont plus que jamais dépend la pérennité de leur régime. Tout
comme le Conseil de sécurité de l'ONU paralysé par l'automaticité du veto
états-unien, la Ligue arabe vassalisée par les pétromonarchies et les Etats
stipendiés par elles émettra le regret que la plus grande puissance du monde
ait pris l'initiative d'une « grave décision qui constitue une violation
flagrante des décisions du Conseil de sécurité et de la légalité internationale
». Elle rappellera hypocritement que ses Etats membres sont solidaires du
peuple palestinien et ne souscriront pas au fait accompli que l'initiative américaine
tente de leur imposer.
Nul, et la rue arabe en premier, ne sera dupe de la logorrhée réprobatrice que rendra publique cette organisation, comme nul ne l'est des réactions officielles individuelles de la majorité de ses Etats membres à l'annonce faite par Donald Trump. Qui peut en effet faire crédit à leurs protestations après qu'il a été révélé que la Maison Blanche ne leur a pas scellé ses intentions et en a même obtenu leur onction au projet qu'elle vise ? En tenant hors circuit la Ligue arabe, ces Etats empêchent ce faisant que le monde arabe exprime une position unitaire sur la question d'El Qods et surtout arrête des mesures de même nature en rétorsion à l'initiative américaine. Ils font le calcul qu'en ayant élevé des protestations toutes formelles, leurs opinions publiques les exonéreront de l'accusation d'avoir eu connaissance de ce que tramait la Maison Blanche et pour certains dont l'Arabie saoudite d'avoir carrément béni l'initiative de Donald Trump et que cela détournerait la colère populaire que suscite celle-ci chez eux de leurs trônes et régimes traitres et pourris. Si dans un premier temps la colère de la rue arabe se focalise sur l'Amérique dont le président a enterré avec sa décision la solution à deux Etats revendiquée par les Palestiniens en y mettant la condition que le leur aurait pour capitale Jérusalem-Est et s'en prend à Israël qui en refuse la mise en œuvre, il n'en sera pas toujours ainsi car cette rue arabe prend de plus en plus conscience qu'il lui faut exprimer sa solidarité avec la Palestine autrement que par de vaines déclarations anti-américaines ou anti-israéliennes mais que c'est en balayant les régimes de la trahison qui sévissent dans le monde arabe qu'il sera rendu service efficient à la cause de son peuple. Malgré le parapluie américain sous lequel ces Etats se sont honteusement rangés en prétextant de la menace iranienne, la chute de certains de leurs régimes se profile inexorablement. Que tente déjà d'exorciser le plus compromis d'entre eux dans la machination anti-palestinienne ourdie par Trump et Netanyahu en mettant la trahison dont il lui est fait reproche par son opinion et celle du monde arabe sur le compte non de la dynastie régnante et de son prince héritier en premier lieu, mais de celui du ministre des Affaires étrangères Adel Ben Ahmed Al Jubeir dont le limogeage a été apparemment acté hier. Un bien inopérant fusible en regard de l'opprobre dont pâtit la dynastie des Al Saoud au sein du Royaume et dans le monde arabo-musulman qui est vue désormais comme faisant obstacle au recouvrement par les peuples arabo-musulmans de leur dignité et à leur espérance d'entrer dans la modernité qui forcera à leur respect. |
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