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Ouyahia à Paris: Bouteflika «se porte bien et dirige bien» le pays

par Yazid Alilat

Le président Bouteflika «va bien», l'Algérie ne veut pas enfermer les relations algéro-françaises «dans le passé», et la communauté algérienne en France peut «investir» en Algérie, où elle peut également accéder à un logement.

C'est en gros les messages délivrés par le Premier ministre Ahmed Ouyahia jeudi à Paris durant et après les travaux de la 4e session du Comité intergouvernemental de haut niveau (CIHN), qui ont débloqué d'importants dossiers, et replacé la coopération bilatérale sur les rails.

Les deux Premiers ministres algérien Ahmed Ouyahia et français Edouard Philippe ont particulièrement bien sérié les dossiers à débloquer, comme les questions qui fâchent, en particulier la question mémorielle. Au final, ce sont 11 accords de coopération qui ont été signés à l'issue des travaux de cette 4e session, ainsi que la mise en place d'une nouvelle feuille de route pour les quatre prochaines années. Les 11 accords de coopération paraphés à Paris portent sur plusieurs secteurs, dont l'économie, la santé, la formation professionnelle, l'enseignement supérieur et la culture.

Au cours d'une conférence de presse conjointe à l'issue de cette session, le Premier ministre Ahmed Ouyahia est revenu sur plusieurs dossiers discutés lors de cette rencontre. ?'Au-delà des différentes questions liées à la coopération entre les deux pays, la rencontre a permis aux responsables algériens et français d'aborder les questions qui intéressent les deux pays, à savoir la lutte antiterroriste au Maghreb et en Europe, la stabilité et la sécurité dans la région», a indiqué M. Ouyahia, qui a annoncé la prochaine signature d'un document pour «gérer une catégorie de population d'Algériens, qui n'est pas couverte par l'accord sur la circulation de 1968, à savoir les jeunes qui viennent en France et qui ne sont considérés ni comme étudiants, ni comme travailleurs». Par contre, sur la question mémorielle, ?'l'Algérie ne soulève pas la question (mémorielle) pour enfermer les relations algero-françaises», a-t-il dit, avant de parler de ?'l'existence d'une volonté partagée» pour identifier des solutions en mesure de satisfaire les deux peuples sur ce sujet. Pour lui, ?'l'Algérie ne soulève pas le dossier du passé pour enfermer les relations algéro-françaises dans le passé, mais pour alléger la démarche commune vers l'avenir». La visite effectuée mercredi en Algérie par le président français, Emmanuel Macron, a permis de débloquer deux dossiers, à savoir la restitution des crânes des résistants algériens du 19e siècle ainsi que celui des archives. M. Ouyahia a relevé, s'agissant de la question des archives, que les deux parties ?'ont réalisé une percée», à travers l'annonce faite par Macron en Algérie quant à la disposition de la France de remettre à l'Algérie une duplication de toutes les archives, soulignant la poursuite des discussions pour «la restitution graduelle des archives de 1830 à 1962». Il y a une «volonté partagée» d'identifier des pistes de solutions pour la question mémorielle à même de ?'satisfaire les deux peuples'', insiste M. Ouyahia. De son côté, le PM français, Edouard Philippe, a souligné lors de cette conférence de presse la volonté commune des deux Etats de «construire un avenir très prometteur» entre les deux pays.

Selon le PM français, le contexte bilatéral, même s'il est «complexe parfois», reste cependant «très prometteur», qualifiant les entretiens qu'il a eus avec le Premier ministre Ahmed Ouyahia de «directs» et de «chaleureux». Pour lui, il y a trois axes pour une «page nouvelle» dans les relations bilatérales. Il s'agit de la formation professionnelle et de l'emploi des jeunes, la paix et la sécurité dans la région du Sahel et un partenariat économique «très ambitieux». Et, après la visite de Macron à Alger, ?'il s'agit désormais, a-t-il dit, de mettre en application les propositions et les accords entre les deux parties, renforcer le partenariat dans le domaine universitaire et de la formation professionnelle et développer la densité du partenariat économique''. Il y a également, a-t-il dit, la proposition du président français sur la création d'un fonds d'investissement franco-algérien qui permettrait d'»accompagner les entrepreneurs algériens investissant en France et les entrepreneurs français désireux de se rendre en Algérie». Quant au dossier relatif à la coopération sécuritaire, il a relevé la «nécessité d'un travail conjoint, collectif et en confiance» dans la lutte contre le terrorisme en Méditerranée et au Sahel. A l'ambassade d'Algérie à Paris, et au cours d'une rencontre avec la communauté nationale résidente, M. Ouyahia a indiqué que le président Abdelaziz Bouteflika ?'se porte bien et dirige bien» le pays. ?'S'agissant des nouvelles de mon pays, je vous dirai que notre président de la République, Abdelaziz Bouteflika, se porte bien et que Dieu lui prête longue vie et bonne santé», a-t-il dit. Il ajoute: ?'certes, notre président n'a plus tout le dynamisme que vous lui avez connu lorsque vous l'avez rencontré en 2000 et en 2004 ici en France. Cependant, et contrairement à toutes les rumeurs et propagandes véhiculées par certains à partir de l'Algérie ou à partir de l'étranger, notre président dirige bien le pays dans tous les domaines, et il n'y a ni cabinet noir, ni pouvoir occulte à Alger». Et puis, ajoute-t-il, ?'l'Algérie vit son expérience démocratique qui s'améliore sans cesse. Nos institutions sont élues régulièrement, toutes les cinq années, et ce sera le cas pour les prochaines élections présidentielles en 2019". Sur la situation sécuritaire, il a expliqué qu'il «reste encore quelques terroristes qui activent encore», avant d'affirmer que le pays «triomphera, soit avec la main tendue de la réconciliation nationale, soit par la puissance de notre Armée nationale populaire''.

Par ailleurs, sur le plan régional, en particulier la sécurisation des frontières sud du pays, le Premier ministre a indiqué que ?'l'Algérie déploie des efforts considérables pour la sécurisation (de la région) du Sahel», soulignant qu'elle (l'Algérie) a des «barrières constitutionnelles» l'empêchant d'intervenir militairement au-delà de ses frontières.