Demain
débarque à Alger Macron, le jeune président français,
apprenti humoriste en terre africaine. Dans ses bagages, des demandes, des
exigences et des contrats à signer en contrepartie d'un mot gentil pour le
Palais, des visas en gros et d'une recommandation auprès de la préfecture de Paris
et de l'Hôtel de Bourvallais. Voilà pour le troc,
pour le reste, on verra dans 150 ans si l'Algérie reste toujours sous le
protectorat français. Si on est théoriquement loin de l'incident de la
climatisation, version 21e siècle, de celui de l'éventail, on est encore plus
loin de cette repentance si chère à notre pays. Pourtant, Macron,
candidat, nous avait presque fait pleurer en évoquant la question, lors de son
passage électoral à Alger. Ce n'est pas qu'il ait vraiment parlé de repentance
ni de demander pardon à genoux, mais il a déclaré que la colonisation est un
crime contre l'humanité, suffisant pour qu'il devienne notre «ami», selon Ramtane Lamamra. Mais Macron n'est pas notre ami, loin s'en faut, et si ça se
trouve, il a plus d'affinités avec notre voisin de l'Ouest qu'avec notre
histoire qui ne veut pas oublier. Demain, il n'y aura ni repentance ni devoir
de mémoire, encore moins quelques mots d'excuse de nous avoir affamés et
massacrés pendant 132 ans. Si Macron ne va pas parler
des bienfaits de la colonisation, encore heureux, il n'ira pas non plus nous
présenter ses plus plates excuses de nous avoir spoliés de nos richesses,
déporté nos combattants, volé notre honneur et les crânes des premiers
résistants. Il est clair que l'Algérie d'aujourd'hui n'a
que faire de cette reconnaissance et la priorité est donnée aux affaires et à
la double nationalité offerte en prime. Demander pardon à la France est devenu
d'une ringardise absolue, mal apprécié des salons et tellement dépassé. Le
temps est de tourner la page. Mieux, la déchirer et faire comme si l'histoire
de l'Algérie ne commence que le 5 juillet 1962 en fermant tous les musées du
Moudjahid. Sur cette question particulière, Macron
est Hollande. Il est Sarkozy, Chirac, Mitterrand, Giscard, Pompidou et de
Gaulle à la fois. Le devoir de mémoire pour la France est sélectif, bon pour
confondre la Turquie à propos des Arméniens et quand il s'agit de notre
histoire, elle est subitement frappée d'amnésie. Quoi ? L'Algérie ? C'est qui
ça, je connais pas. La repentance ? Jamais entendu ce
terme, ça veut dire quoi au juste ? Le pardon ? Non, vraiment pas, qui le
demande à la fin ? Allez, restez tranquilles si vous voulez toujours de votre
place sur une terrasse parisienne et oublier, nous, on fera de même. Alors,
elle n'est pas belle la vie avec Alzheimer !