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Depuis que
des sources au plus haut niveau de l'administration américaine ont fait état de
l'intention de Donald Trump de déclarer demain
mercredi Jérusalem comme capitale «indivisible» d'Israël, le président
palestinien Mahmoud Abbas a contacté téléphoniquement un certain nombre de
chefs d'Etat pour leur demander d'émettre leur réprobation d'une telle décision
et de faire pression sur lui pour qu'il y renonce.
A l'exception du président turc, du roi de Jordanie et du secrétaire général de la Ligue arabe qui ont effectivement réagi dans le sens voulu par le leader palestinien, les autres acteurs internationaux sollicités par lui ne se sont nullement encore manifestés. Ce qui est révélateur qu'il y a comme une indifférence internationale devant ce nouveau coup que les Etats-Unis s'apprêtent à assener aux Palestiniens et à leur cause nationale. Une indifférence qui chez certains se justifie par la connaissance qu'ils ont que la décision prêtée à Donald Trump découle du plan de paix pour le conflit israélo-palestinien échafaudé par l'équipe de conseillers présidée par son gendre qui en a fait accepter les modalités aux Etats arabes «modérés» ayant barre sur les factions palestiniennes. Leur déduction n'est pas dénuée de fondement en considération du fait révélé par le journal américain le «Washington Post» qu'en rencontrant le mois dernier à Ryadh le président palestinien Mahmoud Abbas, le prince héritier saoudien Mohammed Ben Salman lui aurait «suggéré» de donner son accord au plan américain et à accepter pour ce qu'il concédera de territoire aux Palestiniens que la petite ville d'Abu Dis en soit la capitale au lieu et place de Jérusalem-Est. Pour emmener à résipiscence le vieux leader palestinien et la désarmée autorité qu'il préside, le cynique homme fort de la monarchie wahhabite a placé son interlocuteur devant le chantage d'avoir à acquiescer à sa suggestion ou d'être contraint à l'humiliation d'une destitution dont se chargeraient le renégat Mohammed Dahlan ainsi que d'autres opposants palestiniens opportunément remis en selle politiquement ces derniers temps par Ryadh. Le plan de paix américano-saoudien ne laisse aucune échappatoire à l'Autorité palestinienne qui a eu le tort de penser que Ryadh n'y souscrirait pas s'il impose aux Palestiniens de renoncer aux lignes rouges qu'ils ont fixées pour une paix avec Israël. Le statut de Jérusalem est la plus emblématique de ces lignes et a été défendu comme tel jusqu'à récemment par cette même monarchie qui en approuve désormais la transgression. Le complot tissé par Washington, Ryadh et Tel-Aviv ne peut être mis en échec qu'à la condition que les Palestiniens refassent l'unité de leurs rangs et font front commun contre la reddition à laquelle on veut les contraindre. Leur refus manifesté de la sorte enlèverait à la communauté internationale le prétexte qu'elle se donne de laisser ce complot s'accomplir, qui est que la désunion de leurs rangs ne rend pas les Palestiniens aptes à avoir un Etat indépendant fondé sur les bases des revendications qui sont celles des factions entre lesquelles ils se divisent. En tout cas, ces Palestiniens sont désormais éclairés sur ce que la monarchie trame contre eux, elle dont le roi se pare du pompeux titre de gardien des «Lieux saints» de l'Islam mais n'a pas reculé à offrir à Israël Jérusalem qui en fait partie. Ayant consenti à cela, il a en toute logique enterré le principe de la solution à deux Etats, à la grande satisfaction de son grand protecteur américain et de son nouvel allié stratégique régional l'Etat sioniste. |
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