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Plusieurs nouvelles décisions ont été prises lors de la réunion du Bureau
fédéral de la fédération algérienne de football (FAF), réuni mercredi à Alger.
Des décisions qui n'ont pas forcément fait l'unanimité, mais qui en plus ont
relancé le débat sur de nombreux sujets délicats, provoquant même une vive
polémique dans le milieu sportif algérien. En effet, le Bureau fédéral a établi
deux critères à partir desquels il sera procédé à la convocation de joueurs
évoluant à l'étranger dans l'une des sélections nationales. «Deux critères
seront pris en considération pour convoquer un joueur évoluant à l'étranger,
son engagement inconditionnel en faveur de l'Algérie et sa supériorité
technique par rapport aux joueurs exerçant en Algérie», a indiqué la FAF sur
son compte officiel sur Twitter.
Quel impact sur l'EN ? Un joueur d'origine algérienne né à l'étranger se sent-t-il plus algérien que celui né en Algérie ? Voilà le genre de questions «discriminatoires» que les responsables du football en Algérie se posent sans cesse actuellement, alors que d'autres interrogations plus importantes et dans de nombreux domaines sont toujours en suspens. Identité, éducation, avenir professionnel : des problématiques sur la bi-nationalité qui, au fond, dépassent très largement le simple cadre du football. En Algérie, la polémique est particulièrement violente et symptomatique comparativement à nos voisins en Afrique, qui ne se posent même pas la question sur l'engagement des joueurs. D'ailleurs, l'ex-international et l'un des héros d'Oumdarman, Antar Yahia se sentant déshonoré, a vite réagi à cette polémique, estimant que « cela fait mal au cœur » et « qu'un Algérien qu'il soit né en Algérie où ailleurs est le même et qu'il ne doit pas être considéré comme un produit ». Des déclarations fortes de sens de l'ancien capitaine de l'EN, qui n'a pas manqué de préciser que « ces critères doivent être les mêmes pour tous ». De son côté, son ancien coéquipier dans le team Algérie, Sofiane Feghouli et même s'il n'a pas fait de déclarations à ce sujet, s'est montré «étonné» avec des émoticônes sur un Twittes publié sur la page officiel de la FAF. Voilà en tout cas qui pourrait avoir un impact négatif sur l'EN et la relation entre les joueurs «binationaux» représentant aujourd'hui l'Algérie et les responsables de la fédération. Dans le fond, c'est beaucoup plus la manière de procéder de l'actuelle FAF et sa communication défaillante qui «choque», car ces critères de sélection auraient pu être établis, dans la discrétion la plus absolue, par le sélectionneur national en personne, tout en évitant de toucher l'aspect identitaire des joueurs. A titre d'exemple, les binationaux ayant fait les beaux jours de l'équipe de France ne sont pas forcément des français à part entière, mais à aucun moment leur degré de nationalisme n'a été mis en doute. C'est le cas des Steve Mandanda (Zaïre), Patrice Evra (Sénégal), Basile Boli (Côte d'Ivoire), Marcel Desailly (Ghana), Manuel Amoros (Espagne), Luis Fernandez (Espagne), Jean Tigana (Mali), Patrick Vieira (Sénégal), Zinedine Zidane (Algérie), Karim Benzema (Algérie), David Trezeguet (Argentine) et tant d'autres. Alors pourquoi il n'y a que chez nous qu'on en parle ? Les joueurs locaux oui, mais? Désormais, l'incertitude qui plane sur l'avenir des binationaux n'est pas forcément une déchéance, selon les observateurs. Le temps n'est-il pas venu d'ouvrir un peu plus les portes aux joueurs du cru ? D'autant que l'expérience nous a montré les limites des binationaux en sol Afrique. En effet, le fait que la FAF ait décidé de ne plus «attendre» personne, cela ouvre grande la porte aux joueurs locaux pour percer. Si l'ancien président de la FAF, Mohammed Raouraoua a fait des binationaux sa priorité, le nouveau, lui, entend apporter sa touche aux Fennecs. Pour Zetchi, il n'est plus question de forcer ou d'obliger un joueur qui n'a pas envie de porter le maillot des Verts de le faire. Le nouveau patron de la FAF entend plutôt promouvoir et miser sur les locaux, ce qui n'est pas une si mauvaise idée, même s'ils sont rares les joueurs qui émergent du lot. Lorsque 32 équipes professionnelles et deux championnats dans lesquels l'argent coule à flot, ne sont pas en mesure de produire des joueurs capables de représenter dignement le pays, c'est qu'il existe un vrai problème. En tout cas, cette mesure devrait s'inscrire dans le même registre des engagements des pouvoirs publics à développer la formation des jeunes talents, car c'est par le bas de l'échelle qu'il faudra commencer et non pas le contraire. |
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