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Il y a de ces espaces publics
qui regorgent de vie et d'entrain et exercent une attirance sur les gens qui y
viennent pour se ressourcer et se remémorer. Dans ces endroits-là, la chaleur
humaine est nulle part ailleurs pareille, des personnages s'y distinguent par
leur présence, fût-elle furtive, l'instant de les voir et les entendre.
Un tel établissement existe, comme le café Essaâda, sis dans la vieille ville de Tébessa, en face de l'ex Place Carnot, rebaptisée Place de la Victoire. Un cadre pittoresque, chargé de souvenirs pour beaucoup de citadins et visiteurs. Ici c'est le toubib Ali qui fait une irruption quasi quotidienne, le temps de jeter un regard circulaire et saluer ses connaissances parmi les présents. Le médecin, ami de tout le monde, à l'humour corrosif, histoire d'épingler à son tableau de chasse quelques cas d'espèce de nos semblables. Quant à Mohamed Seghir, l'écrivain public de service, il est là depuis quelques années déjà. Installé à sa table, scrutant l'entrée à la recherche d'un client, parmi les nombreux retraités ayant travaillé en France. On vient le solliciter pour remplir des formulaires ou rédiger une requête. Notre écrivain public refuse toujours de se mettre aux nouvelles technologies. Avec un stylo et une feuille de papier, il continue ainsi de rendre service aux autres, son seul gagne-pain, et il le fait remarquer avec fierté. Si Ali Alia l'ex- maire, le premier locataire de l'APC de la ville, de l'Algérie indépendante, le moudjahid a fait ses classes dans le service presse durant la guerre de libération nationale. Il vécut les premiers balbutiements de la presse écrite naissante. Les choses de l'histoire de la région, de ses habitants n'ont pas de secret pour lui, une source intarissable d'informations. A ses côtés les pages des évènements défilent devant nos yeux, les dates marquantes et anecdotes refont surface à chaque évènement historique célébré. Pendant ce temps-là, des anciens fonctionnaires de la santé chahutent, attablés, la discussion s'engagea avec des commentaires aigris, en veux-tu en voilà !! Personne n'échappe à leur vindicte. Et arrive chercher son thé rituel, l'ami de tous, Moussa le cordonnier, un ressortissant malien exemplaire et bien incrusté dans le décor de la cité. Son métier de cordonnier le fait aimer auprès de la population, les passants le gratifient gentiment d'un « bonjour Moussa», comme quelqu'un qui fait partie de la famille. Il reçoit ses nombreux clients avec égard, c'est le migrant adopté par les habitants de Tébessa. Longtemps l'établissement a été aussi un point de chute de nos confrères journalistes et correspondants de presse. Aujourd'hui, si certains d'entre eux nous ont quittés sur la pointe des pieds, d'autres persistent, en s'y rendant ne serait-ce que le temps de savourer un café chaud, une boisson i réconfortante servie par l'inénarrable Chaouki, dit El Ghoul. En hiver comme en été notre cher café ne désemplit point, le va-et-vient des gens redonne un plus à l'animation de l'endroit. Un lieu de rendez-vous bien de chez nous, avec sa bienséance et ses? inconvénients |
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