|
Envoyer à un ami |
Version à imprimer |
Version en PDF
Les
pays exportateurs de gaz regroupés au sein du FPEG ont revendiqué, vendredi à
l'issue du 4ème congrès de l'Organisation, la mise en place d'une approche plus
juste pour la fixation du prix du gaz, qui détermine de plus en plus les enjeux
énergétiques à venir dans des régions sensibles. Dans «la déclaration de Santa
Cruz», ville de l'est de la Bolivie, les pays membres du Forum des pays
exportateurs de gaz (FPEG) ont manifesté le besoin de la mise en place d'un
«prix juste pour le gaz naturel, en prenant en compte ses avantages en termes
d'efficacité énergétique et de primes environnementales». La déclaration finale
du 4ème sommet du FPEG entend surtout appeler tous les pays producteurs et
exportateurs de gaz à mettre en place des mécanismes de défense d'un prix juste
et équitable, alors que se dessine la menace de l'arrivée en Europe du gaz de
schiste, produit par les Etats-Unis. Ce qui a ramolli la demande et les prix
sur les marchés mondiaux, constatent des experts du FPEG. Le Forum des pays
exportateurs de gaz (FPEG) entendait également «promouvoir l'usage du gaz
naturel sous ses différentes formes et secteurs, dont la production d'énergie,
le transport et l'industrie, au bénéfice du monde entier». D'ici à 2014, «le
pétrole va diminuer sa part dans le mix énergétique (mondial), de 32 à 29%, le
gaz va augmenter la sienne de 22 à 26% et le charbon va connaître une forte
baisse, de 27 à 20%», a affirmé le secrétaire général sortant du Forum,
l'Iranien Mohammad Hossein Adeli, à l'ouverture de
cette réunion. Il a également relevé que le 4ème sommet du FPEG se tient au
moment où le marché du gaz était sur le point de devenir concurrentiel.
Mais ce sommet se tient également alors que s'exacerbent les tensions dans le Golfe, entre le Qatar, principal producteur et exportateur mondial de gaz liquéfié, et l'Arabie Saoudite, un géant pétrolier, et les Emirats. Membre influent du Forum, l'Algérie estime quant à elle que le FPEG doit être «plus vigilant et joue un rôle plus déterminant face aux multiples défis et incertitudes auxquels fait face le marché mondial du gaz», indique le président Bouteflika dans sa déclaration au cours de ce sommet lue en son nom par le ministre de l'Energie Mustapha Guitouni. Relevant que (ce sommet) se tient alors que le marché du gaz «traverse une phase cruciale de son développement», le FPEG doit «se fixer comme objectif la préservation des intérêts bien compris des producteurs et des consommateurs» de cette énergie de choix qu'est le gaz naturel. «Nous demeurons convaincus que le gaz naturel a encore de l'avenir grâce à sa disponibilité, à son accessibilité et au fait qu'il constitue une énergie de choix pour la protection de l'environnement, en particulier de par son rôle complémentaire aux énergies renouvelables», a-t-il encore expliqué. Toutes les études des experts et des pays producteurs montrent que la part du gaz dans le bilan énergétique mondial est appelée à croître «de manière significative». L'un des défis actuels qui se pose aux pays producteurs et exportateurs de gaz, est que les pays européens veulent imposer des contrats gaziers à court terme, «au lieu de privilégier une vision à long terme, qui caractérise l'industrie du gaz naturel», a-t-il noté. Pour toutes ces raisons et forte de cette expérience, «l'Algérie considère que le FPEG est appelé à jouer un rôle plus actif et plus déterminant», a-t-il insisté. L'Algérie, a-t-il ajouté, «soutiendra les efforts du FPEG pour devenir un acteur dynamique et perspicace qui contribue à donner plus de force à nos complémentarités sur les marchés gaziers afin de renforcer nos intérêts économiques mutuels». La grosse difficulté actuelle pour les pays producteurs de gaz avec l'arrivée du schiste américain et des prix bas pratiqués par le Qatar, est que le marché s'oriente vers la fin de l'indexation des prix du gaz sur le pétrole et l'abandon de la politique des contrats à long terme, qui prévalaient jusqu'à présent sur le segment gazier. D'autant que les pays européens, l'Italie, la France, le Portugal et l'Espagne au premier rang, ne veulent plus acheter du gaz avec des contrats à long terme, pratiqués par l'Algérie mais également la Russie, et refusent de payer un prix du gaz indexé sur le prix de l'or noir. Madrid et Rome ont en réalité, depuis deux ans, appelé Alger à revoir la politique de son prix du gaz, tout en l'informant qu'ils allaient diminuer les quantités de gaz achetées. Pour autant, le groupe pétrolier Sonatrach est en train de revoir sa stratégie commerciale, et l'adapter à la réalité du marché. Car, fatalement, l'Algérie devrait s'aligner sur les exigences du marché, avec l'arrivée du gaz de schiste américain. Début octobre dernier à Londres au cours de la conférence «Oil and money'', le P-DG de Sonatrach Abdelmoumène Ould Kaddour n'a pas fait grand mystère de l'éventualité de l'abandon de la politique commerciale algérienne de son gaz naturel en ne l'indexant plus sur le prix du brut et en abandonnant la politique des contrats à long terme. Il a expliqué lors de cette conférence que Sonatrach «cherche à mettre en place des joint-ventures avec des compagnies de commercialisation pour vendre son gaz'', avant de préciser que les nouveaux accords avec les entreprises pétrolières «ne seront pas indexés sur les prix du pétrole et ne porteront pas sur le long terme». «Nous essayons de trouver de nouvelles voies pour exporter notre gaz et nous cherchons à avoir des joint-ventures en prenant des risques ensemble», a-t-il expliqué, avant d'affirmer que «les contrats à long terme et l'indexation sur le pétrole ne sont plus de mise». Le FPEG rassemble l'Algérie, l'Egypte, les Emirats arabes unis, la Guinée Equatoriale, la Libye, le Nigeria, la Bolivie, le Venezuela, la Russie, l'Iran, le Qatar et Trinidad et Tobago. Ces pays détiennent 70% des réserves mondiales de gaz naturel. |
|