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Au détour
de certaines déclarations de chefs de partis engagés dans les élections locales
du 23 novembre, une désagréable sensation se dégage. Celle d'une Algérie pas
encore mâture, encore moins mûre sur le plan politique pour aller tutoyer les
grands principes de la démocratie, de la liberté d'opinion, de la justice
sociale. Pis, cette sensation est désagréable, comme une mauvaise peau rêche
qui ne veut pas partir, parce que certains hommes politiques croient et pensent
qu'il est bien de séquestrer les Algériens dans le passé de la révolution. Au
point qu'ils se croient tout permis et se ridiculisent en insultant autant
l'avenir que le passé.
Pour autant, ils donnent une piètre image aux générations actuelles qui ont fini par aller vivre dans des ghettos de l'histoire pour ne pas subir tous les tourments de la confiscation des fruits de la révolution et canaliser son énergie sur une seule personne et, de là, préparer les élections de 2019. C'est simple: le parti historique, le FLN pour le nommer, oublie qu'il est en mode élections locales et se transpose dans le temps, par une sorte de légitimité populaire qu'il revendique et pense posséder, pour aller claironner sur tous les toits que le prochain président sera issu du FLN. C'est juste s'il n'a pas mentionné le nom du candidat du parti. Et, dans cette transe qui commence à s'emparer des états-majors politiques à l'approche de 2019, d'autres milieux, qui ne viennent pas du microcosme politique, entrent eux également dans le bal et adoptent la même posture que le FLN pour la présidentielle de 2019. Un dérapage qui bloque la route à tous les espoirs quant à un changement dans la gouvernance du pays, une alternance au pouvoir. Et les «suppliques» sont devenues si insistantes, la campagne électorale pour les élections locales étant un excellent terrain d'exercices, que cela a fini par excéder. Au point que des partis, supposés proches de la majorité présidentielle, rappellent à tous qu'il n'y a ni monopole, ni privatisation de la révolution, encore moins cette veule «idolâtrie» de la personne du président de la République. Autant de flagornerie et d'obséquiosité ne rend service à personne, ni au président Bouteflika, ni au pays, encore moins aux élites politiques du pays et à l'alternance politique. Par contre, cette posture est dangereuse car elle est non seulement contreproductive politiquement, mais produit sur le plan social des effets calamiteux sur la jeunesse qui a fini par abandonner le navire, le pays n'offrant dès lors ni sécurité sous la forme d'un emploi, ni la confiance pour des jours meilleurs. Faut-il alors blâmer ceux qui pensent qu'il faut sortir de «la légitimité révolutionnaire» et entrer dans «la légitimité démocratique» ? «Aucun parti n'a le monopole du patriotisme. Nous sommes tous Algériens et fils du Premier Novembre» est une colère, feinte ou pas, d'un proche du pouvoir. Alors, s'agit-il déjà d'une première passe d'armes entre potentiels candidats à la présidentielle de 2019 ou la confirmation du malaise au sein de la majorité présidentielle après les dernières sorties du SG du FLN ? Comment le faire taire pour qu'il arrête de miner l'échéance de 2019, sinon la torpiller, serait actuellement un des casse-têtes autant des parties «amies» que des adversaires des «monopolisateurs» de l'histoire de la révolution. Quant aux élections locales, elles ont un long chemin à faire pour devenir le creuset de la démocratie locale, de la bonne gouvernance des territoires. Là, pourtant, il n'est pas exclu d'espérer avec l'arrivée de jeunes pour qui la révolution est sacrée et donc à préserver contre la tentation de tous ceux qui veulent en faire un strapontin politique. |
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