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Lorsque
le secrétaire général du FLN, le docteur Djamel Ould Abbès, haranguant toute la classe politique et aussi les
téléspectateurs de la chaîne Ennahar-Tv, annonce,
fier comme Artaban, que « oui, l'administration soutient le FLN et celui-ci la
soutient », les partis qui sont dans la course électorale ont toutes les
raisons de se sentir offusqués et même blousés.
Une telle déclaration, grave au demeurant, est de nature à donner du grain à moudre à tous ceux qui, dans l'opposition, continuent de dénoncer les dépassements de l'administration au prétexte que cette dernière « rejettent des listes concurrentes à celles des partis au pouvoir pour leur permettre de contrôler les futures assemblées locales ». Ce sont des aspects comme ceux là qui donnent l'image d'une administration mal aimée, dans toutes ses composantes, qu'elles relèvent des services centraux ou ceux dits déconcentrés. Ceci étant dit, pour le commun des citoyens, l'administration, en l'état, reste un labyrinthe de ruelles sinueuses, emmêlées, tortueuses, où il ne fait que se heurter à des difficultés d'accueil, au manque d'information, à la complexité des procédures, à l'inertie des responsables, à l'impéritie des agents et, pour couronner le tout, l'abus d'autorité et l'inapplication du droit. Ce n'est pas, bien évidemment, une tare spécifiquement algérienne car, réellement, quelle est cette société qui peut se vanter d'avoir une administration parfaite ? Partout dans le monde, les relations administration-citoyens se caractérisent pas des hauts et des bas, mais le plus significatif, c'est la régularité de la courbe : elle ne doit pas traduire un état de mauvaises relations. Evoquer ces mauvaises relations, ce n'est pas faire le procès des services publics ; cela signifie tout simplement qu'il faut mettre le doigt sur une réalité amère, vécue par le commun des Algériens, difficilement évitable, produit normal de tout appareil bureaucratique : l'administration fonctionne mal, au point où parfois, elle dessert plus qu'elle ne sert ! En théorie, elle est supposée être au service de l'intérêt général, soucieuse du respect du droit, n'ayant pour buts que ceux consistant à remplir, convenablement, les missions qu'on lui assigne, notamment les missions de service public. Dans la réalité, l'administré qui se présente à elle, a l'impression d'être livré à son propre sort ou, pis encore, d'être l'intrus qui dérange les responsables « qui n'ont pas que ça à faire ! », c'est-à-dire se préoccuper de lui et de son devenir. Et, quand quelqu'un daigne enfin l'écouter, il doit, au mieux, administré qu'il est, improviser un bref exposé afin de justifier sa présence dans les couloirs de l'administration. Dans ce cas précis, il n'est pas à l'abri d'entendre une réponse lui signifiant « de revenir plus tard, l'heure étant, par exemple aux préparatifs des élections locales ». En réaction, l'administré peste contre l'Etat ; il se trompe de cible, en réalité, c'est à l'administration qu'il a eu à faire et d'où, il est reparti bredouille ! Oui mais posons-nous la question de savoir pourquoi cet administré est reparti bredouille ? C'est peut-être aussi de sa faute lui qui ignore tout des procédures administratives en usage, des jours de visite et qui, peut-être, ignore même la structuration de sa propre commune. Ceci étant dit, on présente, toujours, l'administration comme le bras de l'Etat, mais on ne doit pas perdre de vue que c'est un bras qui dispose, en réalité, d'une autonomie voisine de l'indépendance. En plus l'administration, c'est la réglementation appliquée dans toute sa rigueur. L'administré quant à lui est sensé ne pas ignorer la loi. D'ailleurs, tous les textes juridiques, du plus important à la simple circulaire, sont élaborés, pensés, réfléchis et discutés dans les sphères de l'administration et ne peuvent, conséquemment, échapper aux avis, observations et amendements de celle-ci, avant d'arriver à leur approbation. A coup sûr, le rôle de l'administration est loin d'être négligeable ! L'administration est omnipotente et omniprésente, dans la vie du citoyen, dans la vie tout court. Elle reste incontournable et les services publics qu'elle assure représentent l'essentiel. En parlant des services publics, s'ils ont une raison d'être, c'est bien sûr, celle consistant, majoritairement, à fournir des prestations aux citoyens mais lorsque celles-ci présentent de défaillances, elles deviennent, fatalement, un ensemble de désagréments et surtout d'illusions pour eux. Conséquemment, un mur d'incompréhension s'installe entre l'administration et les administrés et le fossé se creuse davantage; il en est de même de la confiance qui s'effrite. La contestation s'installe forcément. On demande le départ des élus, on conteste les walis. On ne veut plus de cette administration fondée sur l'autoritarisme, sur le repli, le clientélisme et où s'entremêlent des notions confuses d'intérêt général, intérêt public, ordre public ou intérêt du service. L'administration, depuis 1962, continue d'apparaître comme opaque, énigmatique et inhumaine pour les citoyens. Elle leur est, de leur point de vue, injuste, contrairement à ceux, une minorité, « qui ont leurs entrées » et qui par des pratiques condamnables, faut-il le rappeler, arrivent à tous les coups, à se faire entendre, et à concrétiser leurs demandes, dont certaines sont à la limite de la légalité. Là, il faut le dire et le dénoncer : qu'un responsable sait qu'il peut, en toute impunité défier la règle de droit pour lui supplanter ses propos critères et apporter à ses connaissances « son petit coup de pouce » est tout simplement intolérable, mais malheureusement usité dans l'administration telle qu'elle est pratiquée dans nos contrées d'ici-bas. Et n'importe quel citoyen peut citer une foultitude d'exemples du genre, pour accréditer cette affirmation et justifier son désamour de l'administration. Il va sans dire que cette façon de faire est, heureusement, circonscrite à quelques cas et qu'elle ne concerne pas toute l'administration, encore moins l'ensemble des agents qui y officient. Mais le danger est là. L'Etat peut décider des projets les plus ambitieux, donner les instructions les plus louables, signer les textes les plus audacieux et se rendre compte que son appareil d'exécution est atteint de paralysie, de bureaucratie, et ne répond pas aux objectifs assignés. Que faut-il faire en pareil cas : 1. déplacer les responsables, en nommer d'autres plus compétents, oui, peut-être, 2. faire tourner les agents plus au moins confrontés à ces risques, les permuter, peut constituer une solution, 3. ou refuser à admettre de telles situations, qui comme affirmé supra, concernent peut-être des cas isolés. Et combien même il n'existerait que quelques cas rares, il faut se garder de les qualifier d'insignifiants. On doit, au contraire, les considérer comme une tumeur qui risque de gangréner, à terme, tout l'appareil administratif. On ne doit pas amplifier, outre mesure, le sujet au point de le noyer dans l'immense problématique de la réforme du service public, concept encore à la recherche de sa propre définition. Mais dire que tout va bien dans le meilleur des mondes, c'est quelque part, vouer à l'échec, toute volonté de progresser ! La solution, en tous les cas, ne doit pas consister dans la création d'un Ministère Chargé de la Réforme du service public, budgétivore, inutile, qui ne servirait qu'à donner des postes aux fils de et à recycler un personnel en panne d'idées ! Et monsieur Ahmed Ouyahia est averti lui qui réfléchit selon certaines indiscrétions, à remanier son gouvernement en passant par le regroupement de certains départements, voire en créer de nouveaux. Et puis que pourrait faire un tel ministère, dans l'immédiat, sachant, comme l'expérience l'a démontré, que le mauvais accueil de l'administré, le manque de transparence des décisions administratives? , en un mot, tous ces aspects négatifs ne nécessitent ni lois, ni décrets, ni des réformes décidées à partir du palais du gouvernement, pour être supprimés ou tout au moins atténués ? En clair, ce que désire le citoyen, ce n'est pas tant un nouveau ministre fut-il, celui chargé de la réforme du service public, mais une administration, centrale et locale, respectueuse du droit, transparente, humaine et qui fait de la « démocratie participative» son crédo. Une administration efficace, comme celle qui va éviter à l'administré des déplacements dans sa commune d'origine pour se faire établir « un acte de naissance authentifié ». Le ministre de l'intérieur et des collectivités locales et de l'aménagement du territoire, Noureddine Bedoui, qui a tant fait pour moderniser l'administration publique, a cru bien faire en rendant destinataires les walis d'une instruction leur demandant de sévir contre les retards des agents lesquels, désormais, doivent se vêtir plus décemment et surtout porter une cravate, pour mieux servir ! Est-ce que ce type d'initiative peut contribuer à améliorer les choses ? En fait, chaque département ministériel doit recenser, à travers une structure ad-hoc, tout ce qui préjudicie aux relations administration-citoyens dans le but de leur amélioration et leur perfectionnement ; cette structure pourrait fixer des délais raisonnables pour le traitement des dossiers, améliorer les prestations aux usagers, simplifier les procédures, éviter celles qui sont inutiles, réduire les pièces du dossier, affecter la ressource humaine qu'il faut, là où il faut. De plus, et dans la mesure où les réformes exigées pour améliorer les services publics dans le secteur de la santé ne sont pas les mêmes que celles exigées dans celui des travaux publics, des transports, ou des impôts, chaque ministère doit chercher l'amélioration de ses propres services, sans attendre la réforme de l'administration dans son ensemble ou plus encore, ce qui a émané comme « mesure novatrice » du type observatoire du service public. Pour en finir d'un mot sur cette administration mal aimée, arrêtons-nous sur cette image de l'administration publique qui est présentée, à tort ou à raison, comme « le premier Parti du pays ». Les tenants de cette affirmation, par calcul politique ou politicien, avancent cette théorie pour justifier leur positionnement à quelques jours des élections locales au motif de « l'administration qui roulerait pour les partis du pouvoir ». Cette dernière s'en défend et se fait fort de le prouver réaffirmant sans cesse les principes d'équité et de neutralité qui président à son action, même si, ni le premier ministre encore moins le ministre de l'intérieur et des collectivités locales n'ont réagi aux propos du docteur Djamel Ould Abbès, estimant sans nul doute qu' «ils n'engagent que leur auteur » ! Quoique. Le Premier ministre, Ahmed Ouyahia, quelques jours auparavant, avait réfuté toute complicité de l'administration en prenant exemple sur son propre parti, le RND, qui s'est vu retirer 549 candidatures dont seulement 50 ont pu être rétablies après saisine de la justice. Que vaut, présentement, sa démonstration après la sortie du SG du FLN ? Comment dès lors mobiliser l'électorat le 23 novembre prochain et, surtout, comment éviter le taux d'abstention record enregistré lors des dernières législatives, quand on a la conviction que les jeux sont faits à l'avance ? C'est le sentiment qui prévaut chez beaucoup d'Algériens qui ont suivi et écouté le SG du FLN soutenant à la manière d'Amar Saâdani du temps de sa superbe, que « l'administration, c'est l'Etat et l'Etat, c'est le FLN! ». Un véritable coup de poignard dans le dos des milliers de commis de l'Etat qui œuvrent à la neutralité et à l'équité de l'administration, en toutes circonstances et en tous lieux ! |
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