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«90
% des jeunes Algériens ne connaissent pas l'histoire réelle de la libération
nationale, car on n'a pas enseigné toute l'histoire, mais seulement, une partie
de l'histoire».
C'est ce qu'a affirmé hier, Ali Haroun, ancien ministre et membre du Conseil national de la Révolution algérienne, en marge de la tenue du Colloque international sur le ?Front du Nord'. «Des Belges et la guerre d'Algérie 1954-1962», organisé par l'ambassade de Belgique, en Algérie, à la bibliothèque nationale d'El Hama. Pour Maitre Ali Haroun, ce genre de manifestation permettra, petit à petit, de réécrire l'histoire, «l'histoire qui n'était pas connue et qui a été occultée, après 1962». Tout en reconnaissant que des Belges ont beaucoup aidé les Algériens pendant la guerre de Libération, M. Ali Haroun a tenu à préciser qu'il n'y avait pas eu uniquement des Belges, mais des Allemands, des Suisses et des Italiens. Il a indiqué que la Révolution algérienne a été une épopée rare et la vision du FLN était, à l'époque, universaliste. «Ce n'était pas tout simplement, une petite guerre limitée à un petit peuple qui demandait, simplement, le droit à l'indépendance», mais, précise-t-il, «c'était aussi une lutte pour la libération de tous les peuples colonisés, la preuve, grâce à la lutte du peuple algérien, des pays africains ont obtenu leur indépendance sans même prendre les armes». Cette méconnaissance de l'Histoire que ce soit de la partie algérienne ou de la partie belge, notamment sur le rôle prépondérant de la Fédération de France du FLN et le rôle joué par des Belges pour l'indépendance de l'Algérie, a poussé la diplomatie belge, en Algérie, à organiser ce colloque. Et ce, en réunissant les acteurs et témoins, Belges et Algériens, pour éclairer l'opinion des deux pays et donner indirectement, de la matière aux historiens qui souhaiteront se pencher sur ces témoignages et cette histoire. L'ambassadeur de Belgique, en Algérie, M. Pierre Gillon , a affirmé, lors de son intervention, auprès de l'assistance que «des Belges, au péril de leur vie, parfois, ont aidé les Algériens pendant la guerre de l'indépendance. Ils ont été membres de réseaux, porteurs de valises, passeurs de militants et de clandestins (?) mais aussi membres du Collectif des avocats belges du FLN qui défendaient les militants algériens devant les tribunaux français». Ce colloque, selon l'ambassadeur, a réuni, pour la première fois, en Algérie, quelques-uns parmi les derniers acteurs et témoins belges qui ont aidé les Algériens et le FLN, pendant la guerre de l'indépendance. Il cite Mme Henriette Moureaux, qui a aidé et accueilli, chez elle, des clandestins algériens. En indiquant qu'elle est l?épouse de Maître Serge Moureaux , avocat responsable du collectif des avocats belges du FLN. Il a cité, entre autres, Mme Suzy Rosendor, Mme Adeline Liebman, M. Marc Rayet membres d'une cellule d'étudiants communistes, M. Mateo Alaluf, membre de mouvements de jeunesse à Bruxelles, ayant marqué leur solidarité avec le FLN. M. Pierre Gillon a estimé que cette contribution, à quelques jours à peine, des commémorations du 1er Novembre en Algérie, répond en fait, à un devoir de mémoire : «la mémoire commune entre la Belgique et l'Algérie». Et de préciser qu'il s'agit, aujourd'hui, de présenter «un petit morceau de l'Histoire de la Belgique, dans la lutte pour l'indépendance de l'Algérie», en soulignant qu'il existe évidemment, d'autres aspects tels que «la participation des Belges aux combats, sur le territoire algérien» ou encore «le rôle des immigrés algériens, en Belgique, des aspects que nous avons l'intention d'aborder dans des évènements futurs», dit-il. Une projection de film documentaire de M. Hugues Le Paige a été visualisée par l'assistance, un film documentaire qui a retracé une histoire orale par des témoignages, une histoire qui a été vécue mais qui n'est inscrite nulle part. Pour sa part, Paul Emmanuel Babin, doctorant en histoire du Droit à l'Université de Lille, a présenté, lors de son intervention, une présentation très explicite sur la participation des Belges, en précisant que l'apport décisif des Belges était beaucoup plus «le front judiciaire» notamment, grâce au collectif des avocats et les mouvements de résistance belges qui ont tout fait pour préparer l'Indépendance de l'Algérie. Paul Emmanuel Babin prépare, actuellement, une thèse de doctorat sur l'histoire de la Fédération de France, dans une zone très particulière «la zone frontalière franco-belge» particulièrement la zone de la wilaya 4, qui correspond au grand Nord et à l'Est de la Belgique, qui dans un certain moment, a été considérée comme une wilaya d'où l'importance de l'aide des Belges. La thèse de l'historien Babin, sur la guerre d'Algérie, en Belgique, est la première étude, au niveau doctorat, tant en France qu'en Belgique. Sa méthode s'appuie, notamment, sur l'Histoire orale grâce à un important corpus de témoignages réalisés en Belgique, en Algérie et en France. L'objectif étant de démontrer le rôle de la Belgique pour la Fédération de France FLN. L'ambassadeur de la Belgique, M. Pierre Gillon a évoqué la nécessité d'analyser, aujourd'hui, cette Histoire très complexe, avec de multiples facettes très contrastées. «Elle doit pouvoir être entendue et analysée dans la sérénité et de manière apaisée». Et de reprendre les paroles de Karl Marx qui dit «qui ne connaît pas l'histoire est condamné à la revivre». |
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