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La
crise couvait déjà depuis un certain temps au sein des chirurgiens généralistes
de l'Etablissement hospitalier (EH) Abderrezak-Bouhara
de Skikda, qui refusent de cautionner, à leurs dépens, les errements des
responsables locaux du secteur de la santé publique.
En effet, s'appuyant sur une circulaire du ministère de la Santé qui instruit de recourir dans les cas d'urgence au service des chirurgiens généralistes pour effectuer des césariennes, en l'absence de gynécologues obstétriciens, la direction de la santé de Skikda semble avoir trouvé le palliatif idoine pour combler le déficit de l'hôpital en matière de gynécologues obstétriciens. Or, ce n'est pas l'avis des chirurgiens généralistes de l'hôpital qui ont décidé d'un sit-in, hier à la mi-journée, en compagnie des sages-femmes, pour exprimer leur refus de se soumettre à cette instruction qu'ils jugent vague et insuffisante pour les couvrir auprès de la justice en cas de «pépins» résultant d'une intervention qui n'est pas du domaine de leur compétence. Pour le Dr Bouregaa, le chirurgien généraliste n'est pas habilité à pratiquer des césariennes sur des parturientes, des interventions qui restent du domaine exclusif de spécialistes en la matière, à savoir des gynécologues obstétriciens. Le fait que l'hôpital de Skikda n'en dispose pas ne les dédouane pas d'éventuelles poursuites judiciaires, en cas de complications graves ou de décès. Les sages-femmes semblent également désarmées face à l'absence de gynécologues obstétriciens, une situation anormale qui ramène la question de savoir quelle est l'utilité d'un service de gynécologie, doté d'un effectif de 27 sages-femmes, si l'hôpital ne dispose d'aucun spécialiste en la matière et qui se contente de recourir au service de chirurgiens généralistes uniquement ? Le Dr Zaarour a cité «un cas qui s'est produit à Aïn Beïda où un chirurgien généraliste a été condamné par la justice pour avoir pratiqué une césarienne sur une parturiente, décédée par la suite, au motif de manque de qualification?». Du coup, on comprend aisément l'inquiétude fondée des douze chirurgiens généralistes de l'hôpital de Skikda qui se voient exposés aux risques d'être poursuivis pénalement et qui travaillent avec la peur au ventre, vivant le dilemme de se voir accuser, soit pour non-assistance à personne en danger, en cas de refus de prise en charge d'une parturiente ou bien d'un manque de qualification si une patiente décède après l'intervention d'un chirurgien généraliste. Le plus curieux dans l'affaire, affirment les chirurgiens frondeurs, c'est que les hôpitaux d'Azzaba et d'El Harrouch disposent bien de 2 gynécologues obstétriciens chacun, alors que le chef-lieu en est dépourvu. Ils ont soulevé en outre le suivi des femmes enceintes qui s'effectue pendant les 9 mois de leur grossesse chez des gynécologues privés et qui se présentent à la fin à l'hôpital pour accoucher, munies d'un dossier consistant comportant des échographies pour se voir prendre en charge, dans les cas d'urgence, par un chirurgien généraliste non habilité. C'est pour cette raison que la solution préconisée demeure la réquisition par l'autorité habilitée des spécialistes et d'autre part, d'opérer un redéploiement judicieux des gynécologues obstétriciens. Il est clair qu'à défaut d'une solution, l'hôpital de Skikda risque de perdre ses compétences car, d'ores et déjà, certains chirurgiens confrontés au stress au quotidien songent à partir vers des cieux plus cléments? Pour l'heure, ils ont décidé d'exprimer leur ras-le-bol pour mettre fin à une situation qui n'a que trop duré. |
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