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Des
hôpitaux devenus «des écuries», des «agressions quotidiennes de médecins dans
les services d'urgence», l'exil de plus en plus accéléré de médecins, qui
partent ailleurs exercer leur métier, ou des «polycliniques désespérément
vides», c'est le constat alarmant dressé, hier lundi, par le Dr Bekkat Berkani, président du
conseil de l'Ordre des médecins algériens. «Nous sommes arrivés presque à une
situation de blocage», a t-il souligné en parlant de
l'état actuel du système de santé en Algérie. «Le système de santé publique,
qui doit être le système dominant dans notre société, n'est plus en mesure de
fournir des prestations à la hauteur de ce qui se fait dans le monde, ou qui
peuvent suffire à notre population», a-t-il précisé à la radio nationale. Il
estime qu'«aujourd'hui, il est temps de réfléchir à notre système de santé, il
faut réorganiser et trouver des solutions rapides à certains types de
problèmes, de façon consensuelle, et consacrer nos finances à ce qui est le
plus utile à la santé et à la prévention par rapport aux maladies émergentes.»
C'est un état des lieux absolument catastrophique que le président du Conseil
de l'ordre des médecins a fait sur le système de santé publique. «Nous sommes
en train d'attendre que les autorités prennent en compte toutes nos
suggestions.
Les prestations médicales ne sont pas faites de façon satisfaisante, et il faudrait réfléchir à tous les stades des prestations sanitaires et de santé», souligne-t-il, avant de revenir sur «la formation du médecin qui n'est pas satisfaisante, la prise en charge des futurs médecins, qui n'est pas satisfaisante, le manque de moyens d'investigations pour les médecins, pas d'hygiène de base, et finalement on se pose la question à quoi sert l'hôpital». Pour le Dr Bekkat Berkani, le Conseil de l'ordre des médecins, dans le cadre du projet de loi sur la santé, gelé par les pouvoirs publics avant qu'il ne soit transmis au Parlement au premier semestre 2017, prévient qu'«il ne faut pas faire l'erreur d'oublier les suggestions» des professionnels. Selon lui, «ce texte est mauvais, heureusement qu'il a été gelé», et prévient qu'«il ne faut pas faire l'erreur de reprendre ce texte et de le faire rédiger par deux ou trois personnes, qui n'ont aucun contact avec le terrain.» « C'est un mauvais texte que ce projet de loi sur la Santé. Il y a eu des suggestions faites par notre organisation, comme la mise en place d'une agence du médicament, ou une agence de veille sanitaire. On ne peut faire un texte bâclé, on ne peut faire un texte qui n'est valable qu'une année. Nous sommes des partenaires des pouvoirs publics, (et donc) il faut qu'on nous entende pour améliorer la situation.» Le Dr Berkani explique en outre que «le problème est de trouver la jonction (avec les autorités, NDLR) et de discuter tous ensemble pour améliorer les choses. Il faut que les solutions transparaissent.» Et puis, il a ce coup de gueule: «nous attendons de jouer notre rôle, il faut agir rapidement car la situation est plus que critique. Il y a des mouvements sociaux à venir en tout genre, les infirmiers, les hospitalo-universitaires, vous avez la déconsidération et le manque de sécurité du personnel médical et paramédical dans les espaces publics, vous avez des agressions tous les jours dans les services d'urgence. Il faut que les populations reprennent leur calme, il faut que l'état joue son rôle d'arbitre, il faut absolument trouver des solutions multiples, en tout cas prioritaires dans pas mal de problèmes et on peut les trouver pour peu qu'on se parle, tous ensemble.« Sur le phénomène de l'exil des médecins algériens, le Dr Berkani estime en effet qu'» il y a une grande hémorragie de médecins, nous formons pour les autres, il y a une désespérance car il n'y a pas une situation professionnelle à leur image, pas de conditions sociales, ils ne savent pas comment s'exprimer, alors ils partent comme tout le monde.« Le président du Conseil de l'Ordre des médecins indique qu'il y a près de 5 000 Algériens inscrits au Conseil de l'ordre des médecins en France, soit 38% des médecins étrangers hors communauté européenne. Et, » il y a entre 10.000 et 20.000 médecins algériens, qui tournent, qui font des petits boulots dans les urgences, en France, et c'est dommageable pour le système de Santé algérien et sur le plan des individus. « Et, sur le plan économique, «c'est un désastre», a-t-il ajouté, estimant que «l'avenir d'un médecin algérien, c'est de rester dans son pays». Comment dès lors garder ces médecins ? «Il faut, estime t-il, que les rétributions soient à la hauteur, que les moyens soient à la hauteur. Il faut discuter et dialoguer pour trouver des solutions consensuelles. Car ailleurs, le système est normalisé, et ils (les médecins, NDLR) ont la parole, car ici, ils subissent tout, même la colère des patients, qui les battent, c'est parfaitement intolérable, l'Etat doit prendre des mesures coercitives par rapport a cette situation.» Le Dr Bekkat préconise en outre «qu'on améliore les conditions de vie et de travail des médecins, on le fait pour les étrangers, qu'on les responsabilise.» Bref, le président du Conseil de l'Ordre des médecins appelle à la mise en place d'une «feuille de route immédiate» pour le secteur de la santé, car «les hôpitaux sont dans une situation de véritables écuries.» |
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