La
concurrence déloyale n'est pas sans conséquences sur l'activité des artisans de
chaussures affiliés à l'Association nationale des artisans et commerçants
algériens ANCA. Par le biais, de leur président de la section d'Oran, M. Cherif
Mohamed, ceux-ci ont tenu à dénoncer les conséquences de telles pratiques sur
le devenir de cette activité. Les professionnels soulignent que les produits
importés à des prix dérisoires sont écoulés au même prix que ceux qu'ils
fabriquent localement, un véritable préjudice que le collectif a signalé, hier,
lors d'une rencontre tenue au siège du bureau de l'ANCA à Bir
El Djir. « Ces chaussures sont achetés à un euro,
voire deux euros pour être vendus, au même prix que ceux qu'ils fabriquent à
Oran, de quoi s'inquiéter sur l'avenir des ateliers qui font vivre des dizaines
de familles » a-t-il ajouté. « Nous ne sommes pas contre les produits de
qualité importés mais contre ceux qui sont achetés à des prix très bas pour
être vendus, sur le marché algérien » a-t-il noté. En dénonçant ainsi de telles
pratiques, les artisans de chaussures ont été unanimes quant à la détérioration
de leurs conditions socioprofessionnelles. Ceux-ci n'arrivent plus à joindre
les deux bouts car il faut acheter auprès d'importateurs de la matière première
qui est le cuir, s'acquitter des charges et payer les apprentis, une situation
qui a contraint certains à travailler au noir pour survivre. « Sur les 700
ateliers implantés à Oran, la moitié est poussée à activer dans la
clandestinité, afin de faire vivre leurs familles » explique-t-on. Le président
espère que des mesures d'encouragement et d'aide soient prises, par les
pouvoirs publics, au profit des artisans de chaussures, afin de préserver ce
savoir-faire et encourager la production nationale. D'autre part, le président
souligne, également, l'absence de formation d'artisans dans les centres de
formation professionnelle. Cette activité est exercée dans quatre wilayas qui
sont Oran, Médéa, Alger et Tlemcen et l'absence de formation des apprentis
risque d'avoir des conséquences sur l'activité, indique-t-on. Les
professionnels veulent former la relève de demain et préserver ce savoir-faire
ancestral. Dans un appel lancé, hier, au wali d'Oran et aux autorités locales,
le collectif a affiché sa volonté pour réorganiser cette activité après la
création de cette section. Il réclame l'aide des pouvoirs publics pour insérer
l'ensemble des professionnels dans une démarche visant à promouvoir l'Economie
nationale.