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Trafic de stupéfiants: Un ancien «patriote» condamné à 15 ans de prison

par M. Nadir

  Un ancien «patriote» de la wilaya de Tlemcen a été condamné hier, par le tribunal criminel d'Oran, à 15 ans de réclusion criminelle pour trafic de drogue. Un autre accusé a écopé de la même peine alors qu'un troisième complice a été condamné à la prison à perpétuité.

A. Ali, l'ancien patriote, B. Salah et O. Naïm étaient jugés pour importation, transport et détention de produits stupéfiants suivant l'article 17 de la loi 04-18 portant lutte contre le trafic de drogue. Les faits de cette affaire remontent à l'aube du 17 mai 2016 lorsque les éléments de la police de la wilaya de Tlemcen ont arrêté un véhicule de marque Toyota Hilux transportant une quantité estimée à 380 kilogrammes de résine de cannabis. Les deux occupants du 4x4 prendront la fuite mais le chauffeur, en l'occurrence B. Salah, sera rattrapé tandis que son complice réussira à semer ses poursuivants. Ainsi pris en flagrant délit, Salah reconnaîtra les faits: il dira avoir récupéré la marchandise auprès de ressortissants marocains près de la frontière algéro-marocaine, que son complice se nommait O. Naïm et que l'opération était dirigée par l'oncle de celui-ci, un certain A. Ali.

Interpellé, A. Ali, ancien «patriote» né en 1949, nie les faits qui lui sont reprochés et arguera travailler dans la lutte contre le trafic de drogue en étroite collaboration avec les services de la gendarmerie nationale. Une perquisition effectuée à son domicile aboutira à la saisie de deux voitures de tourisme mais aucune drogue n'y sera retrouvée. A l'issue de l'instruction, le magistrat instructeur décidera d'inculper les deux hommes sous les chefs d'accusation cités plus haut. Lors du procès, B. Salah maintiendra ses premières déclarations: oui, il conduisait le véhicule qui convoyait la drogue en compagnie de O. Naïm et oui, la drogue appartenait à A. Ali avec lequel Naïm était en communication téléphonique au moment des faits.

Le «patriote», lui, refusera de reconnaître une quelconque implication dans cette affaire. Il s'agrippera à son apport dans la lutte contre le trafic de drogue, mission qu'il accomplissait sous l'autorité de l'ANP.

Dans son réquisitoire, le ministère public s'appuiera sur les déclarations incriminantes de B. Salah pour enfoncer l'ancien «patriote», «traître à la patrie, dit-il, qui aurait mieux fait de solliciter la clémence». Selon lui, les éléments du dossier d'accusation sont accablants pour les trois accusés contre lesquels il requiert la prison à perpétuité. De son côté, la défense se scinde en deux parties qui empruntent deux voies différentes: l'avocate de B. Salah plaide les plus larges circonstances atténuantes pour son client qui vit une situation sociale difficile et qui est, de ce fait, la proie facile des barons de la drogue. Cependant que les défenseurs du présumé baron, A. Ali, s'emportent contre les auteurs de l'instruction qui, affirment-ils, ont bafoué les droits de leur client: «Pourquoi le magistrat instructeur n'a-t-il pas accédé à notre demande de délivrer une commission rogatoire afin de faire témoigner les militaires, dont le commandant, sous l'autorité desquels notre client collaborait dans la lutte contre le trafic de drogue ?», s'est demandé un avocat en suggérant fortement que A. Ali est victime de conflits opposant la gendarmerie nationale et la police. A l'issue de leurs interventions, les avocats plaideront l'acquittement pur et simple de l'ex-patriote.

Après délibérations, le président d'audience condamnera A. Ali et B. Salah à 15 ans de réclusion criminelle, peine assortie d'une amende de deux millions de dinars, et prononcera la prison à perpétuité par contumace contre O. Naïm.