|
Envoyer à un ami |
Version à imprimer |
Version en PDF
La
coalition d'associations de victimes du terrorisme et de disparitions forcées
(CFDA, SOS Disparus, Djazaïrouna) a réclamé
l'ouverture «des 3.300 tombes de personnes enterrées sous X, au cimetière d'El
Alia, à Alger». Les membres de la coalition ont plaidé pour l'ouverture des
charniers et l'identification des victimes par des tests ADN. Les familles des
disparus gardent toujours espoir, ne serait-ce que pour faire leur deuil et
connaître la vérité, et lever les zones d'ombre ayant entouré les raisons et
les conditions de disparation de leurs proches, lors de la décennie noire.
Intervenant hier, lors d'une conférence de presse tenue au siège du FFS, à l'occasion du 12ème anniversaire de l'adoption de la Charte pour la paix et la réconciliation nationale, Ferhati Hacen, membres SOS Disparus, s'est interrogé : «Pourquoi les autorités refusent d'ouvrir les tombes des personnes enterrées sous X et pourquoi ils refusent d'ouvrir les charniers ?» Il a affirmé que l'ex-président de la Commission nationale consultative pour la promotion et la protection des droits de l'homme, Farouk Ksentini, lui-même avait affirmé qu'il y a 3.300 tombes de personnes entrées sous X au cimetière d'Alia. Et de souligner que si l'Etat décide d'ouvrir ne serait-ce que ces tombes «pas toutes, mes plusieurs familles seront soulagées». Pour Cherifa Kheddar, membres de l'association Djazaïrouna, «la Charte pour la paix et la réconciliation nationale votée en 2005, et qui a été suivie par plusieurs projets d'amnistie, a protégé les agresseurs en négligeant totalement les victimes ». Elle a réclamé dans ce sens la présentation du rapport de la Commission nationale de mise en œuvre de la Charte pour la paix et la réconciliation nationale, présidée par le Premier ministre, qui n'a jamais été rendu public. La porte- parole des familles de disparus, Nacera Dutour, abonde dans le même sens en affirmant que la Charte pour la paix et la réconciliation nationale n'est qu'un projet d'amnistie au profit des agresseurs. Et d'affirmer que l'Etat voulait coûte que coûte imposer une amnésie obligatoire aux victimes de la décennie noire, notamment aux familles des disparus. Et d'expliquer que les projets d'amnistie votés dans le cadre de la réconciliation nationale ont interdit carrément le dépôt de plaintes contre les agents de l'Etat soupçonnés d'être dernière les disparations. Et interdit, affirme-t-elle, d'évoquer ou de s'exprimer sur les événements de cette période et punit de prison quiconque utilise «les blessures de la tragédie nationale, pour porter atteinte aux institutions u nuire à l'honorabilité des agents de l'Etat et ternir de ce fait l'image de l'Algérie». Pour Nacera Dutour, «le peuple algérien doit connaître la vérité et ce qui s'est passé durant cette période, c'est une mémoire qui va nous servir d'écrire l'histoire de cette tragédie pour que les générations ne revivent plus ce scénario macabre». Mais, précise une intervenante, tous ces interdits n'ont pas empêché les familles de disparus à réclamer la vérité sur la disparition de leurs proches. Elles n'ont jamais manqué leur rendez-vous. Chaque mercredi, elles observent un rassemblement, et ce depuis des années et sans relâche. «On est des mamans et des papas, on n'est pas prêts à baisser les bras, on continuera à réclamer vérité et justice jusqu'au dernier souffle», dira une mère de disparu, en l'occurrence Mme Bouchef Fatma-Zohra. Et de conclure: «C'est simple, on ne peut pas pardonner sans connaître la vérité». |
|