A quoi un
maire sert-il, de nos jours, dans notre pays ? Ce dernier peut-il faire avancer
sérieusement les choses ? Ou même remédier, n'était-ce de manière graduelle,
aux différents problèmes locaux ? Tâche difficile, sans aucun doute, vu l'état
de pourrissement avancé dans lequel se débattent nos collectivités locales, nos
daïras, nos wilayas, etc., et par-dessus le marché, le rabot d'austérité qui
leur est imposé dernièrement par le gouvernement. Puis les nôtres ont-ils
vraiment assimilé le sens réel de la citoyenneté ? Savent-ils se départir, par
exemple, de leurs vieux réflexes tribalistes ou même «clientélistes» au moment
d'élire un édile pour leur commune ? Récemment, un jeune internaute s'est
insurgé sur les réseaux sociaux, en déclarant inutile toute élection où, si par
un heureux hasard il n'y avait pas eu la présence du monstre de la fraude, les
uns et les autres en inventeraient un autre, plus vorace et nuisible à ses
yeux.
Mais lequel
? Ils iraient aux urnes, non par une quelconque conviction civique qui les
astreint à un choix sérieux et rationnel entre les programmes des candidats en
lice, mais simplement pour poster, en faisant fi de toute conscience politique,
leurs bulletins de vote en faveur des cousins, des proches, des amis..., des
larbins. Quelle mort du civisme, hélas ! Et l'intérêt de la commune dans tout
ça ? s'interroge-t-il après, complètement hors de ses gonds. Bien entendu, le
cadet des soucis aussi bien de certains candidats «affairistes» plus préoccupés
par les bénéfices et le réseau de connaissances auquel donne accès un siège au
sein de l'APC que par la défense des droits de leurs compatriotes? que de tas
d'électeurs épuisés par les politicards véreux et le cortège de promesses
jamais tenues qu'on leur balance à chaque rendez-vous électoral. Révolu est ce
temps où l'honneur de la fonction du maire et ce qu'elle peut apporter de plus
à la communauté des citoyens prime sur toutes les visées mercantilistes et les
besoins de promotion sociale qui peuvent s'y rattacher. En outre, bien qu'ayant
obtenu la légitimité populaire au plan local, le maire n'est parfois perçu par
les masses populaires que comme un pion sans poids ni influence et, pire, aux
mains liées face aux pouvoirs exorbitants du chef de la daïra et du wali,
pourtant non élus par elles. Un sérieux problème qui décrédibilise cet élu du
peuple, auprès de tous ceux qui lui ont accordé leur confiance. En proie à une
dépolitisation constante, l'Algérien est aussi convaincu que l'odeur de
l'argent s'est faufilée un peu partout dans les dédales du pouvoir, central ou
local soit-il. Ce qui le met dans une position de suspicion permanente à
l'égard de tout ce qui représente l'autorité. Chose n'arrangeant guère
l'enclenchement d'un véritable processus de participation politique. Enfin, les
affaires de corruption et de détournement de fonds publics révélées par la
presse sont pour beaucoup dans les taux élevés d'abstention constatés, ces
dernières années, en Algérie.