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Le
président du Syndicat national des praticiens spécialistes de la Santé publique
(SNPSSP), Mohamed Yousfi a jeté un pavé dans la mare, en affirmant que 90 % des
cliniques privées travaillent au noir.
Il a dénoncé, vivement, le fait qu'elles ne payent ni impôts, ni cotisations, au moment où notre pays a besoin de toutes ses ressources financières, pour faire face à la crise. Intervenant hier, lors d'une conférence de presse, tenue au siège du syndicat, Mohamed Yousfi, a affirmé, avec regret, que l'activité complémentaire continue à être exercée dans l'anarchie totale. Pourtant, affirme-t-il «l'ancien ministre de la Santé, Abdelmalek Boudiaf, a eu le courage de geler cette activité». Et de souligner qu'une note portant gel de l'activité complémentaire a été adressée par l'ex-ministre à l'ensemble des DSP, mais quelques directeurs, seulement, ont appliqué cette décision, et ce, à cause des lobbies de la santé qui ont toujours soutenu cette activité. Pour Mohamed Yousfi, seule une nouvelle loi abrogeant l'activité complémentaire peut mettre un terme à cette anarchie. Le Syndicat appelle, ainsi, le gouvernement à hâter la programmation du projet de la nouvelle loi sanitaire pour sa discussion, par l'APN. Cette loi qui a fait l'objet de concertation auprès de tous les professionnels de la Santé. Et d'affirmer que les correctifs et les modifications peuvent être apportés, une fois le projet débattu, à l'APN. Pour que dit-il, la population et le personnel de la Santé ne soient pas otage des surenchères, de tous bords, et des intérêts étroits. Le président du SNPSSP a affirmé que son syndicat n'est pas contre le secteur privé, mais il s'est dit contre le «Mur de Berlin» érigé entre le secteur public et le secteur privé, notamment quand il s'agit des devoirs et de la notion du service public. Il explique que le secteur privé, que ce soit les hôpitaux, cliniques ou cabinets médicaux, doit être une partie intégrante du système national de Santé, et il doit participer de manière effective au service public de Santé. Le secteur privé, selon Yousfi, est appelé, aujourd' hui, à pallier le déficit important que connaît le secteur public. Le SNPSSP propose que les cabinets médicaux doivent assurer des gardes «non pas des gardes dans les cabinets privés comme ça été dit, mais assurer des gardes dans les structures hospitalières». Autrement dit, il faut qu'il y ait une inclusion effective des praticiens privés dans les pools de gardes dans les hôpitaux, ou au moins dans les spécialités déficitaires comme c'est le cas dans des pays étrangers. Et d'affirmer que la disposition de service public de Santé du secteur privé est prévue dans les textes réglementaires, depuis les années 70 et 80. Et d'affirmer qu'une instruction ministérielle a été, déjà, émise récemment, mais sans écho. Pour Dr Yousfi, l'application effective de cette disposition pour les spécialistes des cabinets privés permettra de suppléer le manque d'effectifs pour assurer les gardes, dans des établissements hospitaliers publics. Yousfi, a ouvert une parenthèse dans ce sens, en affirmant, «que si cette disposition a été appliquée pour la wilaya de Djelfa, on aurait peut-être évité le drame qui s'y est produit et bien d'autres drames qui ont eu lieu, non par négligence, mais par manque d'effectif, manque de spécialistes et mauvaise gestion». Pour ce qui est des hôpitaux et cliniques privées, ceux-ci, affirme-t-il, doivent assurer les urgences dans les spécialistés couvertes par ces structures comme le prévoit le cahier des charges. Et ce, toujours pour alléger la pression sur les structures publiques et d'assurer la prise en charge du citoyen. Le porte-parole des spécialistes de la Santé a affirmé, d'autre part, que la couverture en soins spécialisés ne peut être assurée de manière efficace par le «dispositif coercitif du service civil». Le Dr Yousfi a, en outre, dénoncé, lors de son intervention, l'amalgame entretenu par certains entre la responsabilité civile des établissements de Santé, et la responsabilité pénale des autres professionnels qui y exercent d'autre part. Pour ce qui est du personnel incarcéré suite à l'affaire du décès de la parturiente de Djelfa et de son bébé, le SNPSSP, appelle la Justice à prendre en compte les conditions d'exercice de ces personnels, dans un secteur sensible, qu'est celui de la Santé. Le président du SNPSSP lance un appel au Premier ministre, pour solutionner les revendications des spécialistes de la Santé en suspens depuis des années. Il cite, entre autres, la prime d'intéressement dont le dossier est resté bloqué, à la chefferie du gouvernement. Le syndicat a aussi exigé la libération de l'amendement du statut, bloqué depuis 2011, à la Fonction publique. Il a, également, exprimé le mécontentement de sa corporation, quant aux discriminations dans les impôts pour les mêmes indemnités octroyés dans le même cadre du travail «une prime avec imposition de 35 % pour les spécialistes de la Santé et une prime avec 10 % d'impôts pour les Professeurs Hospitalo-Universitaires !». Le président du SNPSSP a plaidé également, pour des mesures incitatives, en faveur du personnel de la Santé publique, et ce, pour stopper la fuite des compétences médicales dans le secteur public, que ce soit vers le secteur privé ou vers l'étranger. Dr Yousfi a affirmé que plus de 12.000 spécialistes de la Santé ont quitté le pays, vers des pays étrangers, durant ces 15 dernières années. Et pas moins de 6.000 spécialistes de la Santé ont passé le concours de l'équivalence dans les pays européens. Et d'ajouter que 7.000 autres spécialistes ont quitté le secteur public pour rejoindre le secteur privé, ces dernières années, au niveau local. |
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