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« Au train
démographique à bord duquel nous sommes embarqués, on peut imaginer les grandes
vacances en 2050: dix millions d'enfants qui n'auront
pas trouvé de place dans une crèche ne trouveront pas davantage de place sur
une plage ». (Philippe Bouvard)
Cette sentence cruellement jus te, n'est pas la déclaration d'un homme politique, ni d'un intellectuel reconnu mais celle d'un homme des médias et dont la popularité a été multi générationnelle. Bouvard, ne parlait surement pas d'un pays africain ou d'un pays himalayen, mais de la 5è puissance économique mondiale en l'occurrence la France. Que dire alors de notre pays qu'on ne peut, même pas, qualifier d'émergent. Ce qualificatif est réservé, pour l'heure, aux économies du BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud). Un pays dont la population a augmenté de 275 % au terme de 55 ans du recouvrement de sa souveraineté nationale, ne peut qu'hypothéquer tous les efforts qu'il aura consentis pour son développement socio économique. A l'orée des années 2000, beaucoup d'écoles dans certaines régions, ne trouvaient pas d'enfants à scolariser. Le taux d'occupation par logement (Tol) qui caracolait à 7 est redescendu, parfois à 3 ou même 2, cas, notamment, dans certaines wilayas du Grand Sud. L'allongement de la durée de l'espérance de vie à la naissance qui est de 74 ans pour les hommes et 78 ans pour les femmes, la chute drastique du taux de mortalité infanto-juvénile dus à la nette amélioration du niveau de vie et la prise en charge sanitaire des populations vulnérables pourvoyeuses, hier, de foyers endémiques sont à inscrire au palmarès du grand œuvre de la communauté nationale. Des lacunes, on en comptera encore, mais les indicateurs usités jusqu'à l'heure par l'expertise internationale place notre pays dans le peloton de tête des pays en développement. Que s'est donc-il passé, entre temps, pour que les fondements de ce bel ouvrage soient ébranlés ? C'est probablement, l'excès de confiance en nos capacités de résilience qui a du prévaloir pour que tous les efforts de planification familiale appelée par euphémisme : Maitrise de la croissance démographique soient vains devant une déferlante nataliste qui n'a pas encore livré tous ses secrets. Si au lendemain de l'indépendance, l'accroissement démographique pouvait être justifié par les pertes en vies humaines du fait de la Guerre de libération nationale ou par le dénuement socio sanitaire de larges pans d'une société exsangue et dont l'analphabétisme prégnant, constituait à lui seul, l'un des « bienfaits coloniaux » ; aucune justification à cette errance démographique ne peut être avancée. Mohamed Abdelwahab, le chantre du Nil, qualifiait cette errance que connaissait son propre pays de : « Tassaouyb », un vocable fort approprié. L'épique Institut national de santé publique (INSP), sous la conduite du Dr Amar Benadouda, lançait avec l'appui de l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) la planification sanitaire par pays (PSP). Le programme pivot était celui de la lutte contre la mortalité infantile et la mortalité maternelle confié à la section de la Protection maternelle et infantile/espacement de naissance dirigée par Dr Malika Laadjali. Construit principalement autour des quelques sages-femmes formées et une myriade d'accoucheuses rurales à peine le cycle primaire accompli suivi d'une formation accélérée, ce programme a conquis ses lettres de noblesse par les résultats probants que les instances onusiennes : Organisation mondiale de la santé (OMS), Fonds mondial pour la sauvegarde de l'Enfance (Unicef) et Fonds des Nations Unies pour la Population (Fnuap) ont inscrit à l'actif de notre pays. D'autres luttes, non moins flamboyantes, furent menées contre le trachome, la tuberculose et le paludisme. Plusieurs pays à la recherche de solutions idoines empruntèrent le même cheminement ou s'en inspirèrent. Fallait-il comme d'aucuns le pensaient, attendre que l'on ait des sages femmes et des médecins en nombre suffisants pour répondre à ces fléaux qui décimaient la petite enfance et les mères en couches ou attendre la construction d'infrastructures sanitaires et des instituts de formation conventionnelle pour agir ? La réponse fut vite trouvée ; agir avec les moyens dont on disposait, mais fournir un Smig de prestations quitte à évoluer parallèlement avec les quelques objectifs planifiés en cours de réalisation. C'est ainsi qu'à partir de la sécurisation des grossesses par le suivi, nombreuses déjà à l'époque, on proposait aux couples à forte fécondité, un moyen contraceptif gratuit. Pour ce faire et à l'effet d'annihiler toute résistance culturelle ou cultuelle, le département de la Santé eut recours aux bons offices d'une fatwa délivrée par Cheikh Ahmed Hamani, autorité sunnite reconnue mondialement. A cette époque, les ressources financières générées par Hassi Messaoud ou Hassi R'mel n'étaient mêmes pas évoquées, encore moins le mythique matelas financier en devises détenu par la Banque centrale d'Algérie. A ce propos, les parties qui donnaient de la voix, hier, pour l'utilisation du matelas financier, sont les mêmes, aujourd'hui, qui fustigent les pouvoirs publics d'avoir été dispendieux. Décidemment, les girouettes n'ont pas d'angle fermé. Ces années là que nous sommes tentés d'appeler : « Les Glorieuses », ont vu une nette chute de la mortalité infantile par le programme élargi de vaccinations (PEV) et une significative baisse de la mortalité maternelle par l'accouchement assisté surtout en zones rurales où le sous encadrement médical sévissait à l'état chronique. C'est probablement cette première assise qui a permis à notre pays de surpasser en 2015 les échéances des Objectifs du millénaire (ODM) des Nations Unies. Ce programme de maitrise de la croissance démographique qui ne peut être qu'une stratégie gouvernementale d'importance vitale, a été mené, jusqu'ici, par le seul Ministère de la Santé et de la Population qui le confie à une direction centrale. Ceci ne grève en rien le mérite de ce département ministériel qui, de hautes luttes, a obtenu des résultats méritoires sauf que le défi est tellement grand que l'interface doit être obligatoirement intersectorielle sustentée par un travail de proximité, pouvant aller jusqu'au porte à porte, à confier au mouvement associatif. Si les tenants de la politique d'espacement de naissances étaient commandés par l'état de santé de la population, aujourd'hui plus que jamais, elle est de l'ordre de la survie dans un monde instable où le plus fort économiquement assurera son existence future. Les chiffres fournis par l'Office national des Statistiques(ONS) et dont l'affolement interpelle tout homme ou toute femme de raison de s'y appesantir à l'effet, non pas de stopper net ce processus frénétique de natalité, mais d'en atténuer, un tant soi peu les effets dévastateurs sur une économie qui se cherche encore. En dépit de la réalisation de 3 millions de logements, de centaines d'écoles, de structures sanitaires et autres services, l'apport des naissances dépassant la barre du million observé depuis trois (3) années consécutives, augure de lendemains qui déchantent. La presse a, dans son ensemble, fustigé la politique menée jusqu'ici pour ne pas avoir construit assez de classes, de cantines et de crèches. Est-ce que la solution radicale réside dans les infrastructures à réaliser quand, les moyens financiers rétrécissent comme une peau de chagrin ? Ne dit-on pas qu'à situation exceptionnelle, mesure exceptionnelle. Si les multiples gouvernements qui se sont succédés depuis l'année 2000, ont quelque part failli, ce sera au niveau de l'absence d'une vision prospective sur cette déflagration démographique qu'on aurait du juguler des ses prémices. Le simple taux d'accroissement de la population de 1,4% en 2005 bondissait à 1,9 en 2014, c'est dire l'ampleur de la tendance haussière observée depuis lors. Pour clore, le propos, nous empruntons à la Banque mondiale, cette analyse qui donne froid dans le dos : « Perspectives d'évolution de la population à l'horizon 2030 : Aussi et sous l'hypothèse d'atteindre un indice conjoncturel de fécondité de 2,4 enfants/femme et d'une espérance de vie à la naissance de 81 ans pour les hommes et de 83 ans pour les femmes, la population résidente en Algérie atteindra 44,191 millions en 2020, 44,907 millions en 2025 et 51,026 millions à l'horizon 2030 ». |
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